I. L’achèvement de la centralisation
21 octobre 2011 14:46, par Alexis MartinezUn article intéressant sur l’évolution administrative du Royaume de France à partir de la fin du XVIème siècle mais qui fait une impasse malheureuse sur ce qu’il s’est passé auparavant, au risque de raccourcis déplaisants, à la limite de l’erreur factuelle. Mentionnons-en deux :
1° Il est faux de dire que c’est sous les Bourbons que les seigneurs perdirent leur autonomie en devenant redevables au roi : c’est l’abbé Suger qui, au XIIème siècle, sous les règne de Louis VI puis Louis VII, instaura la "pyramide féodale" reposant notamment sur les principes : "tout fief procède d’un autre fief" et "le roi seul n’est soumis au temporel à personne". Cette construction sociale et administrative fut manifeste dès le règne de Philippe II Auguste, qui n’hésita jamais à retirer aux seigneurs, devenus ses vassaux au même titre que les gens de son domaine, leurs seigneuries, l’exemple le plus célèbre étant celui de Jean Ier d’Angleterre, vassal du roi de France pour la Normandie, l’Auvergne, la Guyenne, etc. dont 80% des terres françaises lui furent retirées.
2° Il est également faux de dire que c’est seulement au XVIème siècle que le conseil du roi fut composé de bourgeois. A vrai dire, tel était le cas depuis Hugues Capet, et même (si l’on remonte jusqu’au royaume des Francs) Louis Ier le Pieux. La règle était que le conseil était composé surtout d’ignobles (roturiers bourgeois) et les rares nobles présents appartenaient à une petite noblesse provinciale entièrement redevable au roi (par la pratique du pariage) à l’exception, souvent, de membres de la famille directe du roi. C’est Louis XII puis, surtout, François Ier qui, allant à l’encontre de la coutume jusque là admise, introduisirent dans le conseil une majorité de nobles, et même de la haute noblesse. La gestion du Royaume par la noblesse ne fut qu’un "épisode" de courte durée.
Enfin, il est dommage que l’article oublie de mentionner le changement le plus notable : l’extension du domaine royal sur l’ensemble du Royaume, ce qui conféra dès lors au roi, qui avait déjà autorité sur ses gens (auctoritas) l’autorité sur les terres (potestas), ce qui permit notamment l’unification du système fiscal par une afferme uniforme de l’impôt dans les provinces et pays de France.