Conférence de Michel Drac à Toulouse
13 novembre 2011 01:16, par Michel DracBonjour,
J’ai lu attentivement les commentaires, souvent très intéressants.
Je voudrais souligner quatre points qui ne ressortaient peut-être pas assez de ma conférence, à en juger par les commentaires.
1. Je n’ai aucune certitude quant aux évolutions technologiques. Je dis bien : "sauf grande surprise". Ce que je dis en revanche, c’est que nous devons prendre conscience que les choses peuvent ne pas continuer. Il faut comprendre (au sens d’intégrer pleinement) la possibilité d’une rupture radicale de paradigme (la fin de la croissance matérielle, pour faire court). Ce n’est pas certain. C’est possible, et même semble-t-il assez probable. Peu de gens, me semble-t-il, intègrent ce fait dans leur raisonnement et dans leurs attitudes, actuellement. C’est un peu comme les passagers du Titanic : il ne peut pas couler, donc on ne s’intéresse pas aux canots de sauvetage. Parfois, c’est une erreur. Je voudrais simplement que les gens prennent conscience que cela peut être une erreur.
2. Concernant l’oligarchie, je ne crois pas qu’elle soit formée de gens qui font le mal délibérément. Il est très rare qu’un individu fasse une chose sans l’insérer dans un système de valeurs qui lui permet de rationaliser ses actes. Je pense donc non que l’oligarchie n’est pas coupable, mais qu’elle est constituée de gens qui individuellement n’ont pas l’âme noire. A mon avis, le fond du problème est que les oligarques ne pensent plus vivre sur notre planète. Ils ont un monde à eux. Quelqu’un qui vit entre les grands hôtels de Paris et de New York ne sait rien des hommes ordinaires. Loin des yeux, loin du coeur.
3. Concernant les révoltes en Occident, j’avoue que mon constat sur l’impossibilité est aussi une forme de défi... Je suis frappé que tant de gens sur Internet prévoient une révolte, et que si peu d’actions aient lieu concrètement. A bon entendeur... Prouvez-moi que j’ai tort !
4. Ce qui me fait réellement croire, cependant, que des révoltes ne déboucheraient sur rien, c’est l’absence de proposition d’alternative concrète. Si demain une révolte prenait l’Assemblée Nationale et perquisitionnait d’autorité le siège de Lazard Frères (rêvons un peu), les révoltés auraient quoi à proposer ? Quelle nouvelle société ? Quel projet ? Une révolte ne devient intéressante que quand elle ouvre une révolution. Pour qu’il y ait révolution, il faut qu’une forme nouvelle prenne la place de l’ancienne.
Voilà. En espérant vous avoir donné un support de critique.
Amitiés.
Michel Drac