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Affaire Elie Wiesel : en Hongrie, le vrai sens du procès de Miklos Grüner contre le rabbin Shlomo Köves

Contrairement à ce qui a pu se dire çà ou là, le fait que le juif hongrois Miklos Grüner ait perdu à Budapest, en première instance et en appel, son procès pour diffamation contre le rabbin Shlomo Köves ne signifie nullement que Grüner ait menti sur le compte soit d’Elie Wiesel, soit du rabbin. J’ai trouvé en ligne l’article ci-dessous dans sa version hongroise ; j’en ai demandé la traduction en anglais à mon ami Jürgen Graf, qui s’est vite mis au travail ; je le remercie de son obligeance et de sa promptitude.

On verra que la cour d’appel de Budapest, en novembre 2012, a refusé de se prononcer sur le point de savoir si Elie Wiesel, comme le dit depuis de longues années l’ancien détenu d’Auschwitz Miklos Grüner, est un imposteur qui a notamment usurpé le numéro matricule A-7713 d’un certain Lazar Wiesel et s’est approprié le récit de ce dernier sur son passage à Auschwitz. La cour a estimé que cette affaire-là était du ressort des historiens ou d’autres autorités compétentes mais non des magistrats. Elle a estimé que le rabbin, qui avait accusé Grüner de falsifier l’histoire, était resté dans les limites tolérées par le droit à la liberté d’expression.

M. Grüner, on le comprend, a été profondément déçu par cette décision judiciaire. Voilà un quart de siècle qu’il tente de faire éclater ce qu’il appelle la vérité sur l’imposture d’Elie Wiesel.

Comme on le sait, le Musée d’État d’Auschwitz vient d’admettre que le numéro matricule A-7713 était bien celui de Lazar Wiesel. Au moins sur ce point, qui est d’une grande importance, M. Grüner a donc dit vrai. Merci à Jean Robin, qui est antirévisionniste et d’origine juive. Merci à Alain Soral qui avait invité ce dernier à scruter l’affaire Wiesel/Grüner afin de juger les révisionnistes sur pièce et non à l’emporte-pièce.

Il serait intéressant que les responsables actuels des archives des camps d’Auschwitz et de Buchenwald ainsi que les responsables de l’International Tracing Service (Service International de Recherches) d’Arolsen-Waldeck rendent publique la présence ou l’absence dans leurs archives de tous documents concernant aussi bien Elie Wiesel que son père, sa mère et ses trois sœurs, dont deux ont, comme lui, survécu.

En 1986 j’avais publié un articule intitulé « Un grand faux témoin, Elie Wiesel ». À Oslo, lors de la cérémonie d’attribution du Prix Nobel de la Paix à E. Wiesel, j’avais, avec l’aide de Pierre Guillaume et de Serge Thion, distribué ce texte sous forme de tract. Je me souviens d’avoir personnellement remis un tract à Madame Danielle Mitterrand. Bernard-Henri Lévy écumait.

Aux États-Unis, inlassablement, Mme Carolyn Yeager publie d’intéressants documents ou travaux dans son blog « Elie Wiesel Cons the World » (Elie Wiesel escroque le monde). Personnellement voilà beau temps que je tiens E. Wiesel pour un escroc mais, comme on ne prête qu’aux riches, je crains que parfois on n’aille un peu trop loin dans ce type d’accusation. Est-ce quelquefois le cas de M. Grüner ? Les magistrats hongrois ont laissé aux historiens et aux spécialistes le soin de répondre à cette question.

Un survivant de l’Holocauste déçu par la Cour

La cour d’appel de justice de la capitale [hongroise] a rejeté la demande du survivant de l’Holocauste Miklos Grüner contre Shlomo Köves, que Grüner avait poursuivi pour diffamation après que Köves l’eut accusé de falsification de l’histoire. Ainsi se trouve confirmé le verdict de première instance. Le demandeur avait voulu prouver que l’homme connu dans le monde sous le nom d’Elie Wiesel vit sous une fausse identité. Miklos Grüner est déçu par cet arrêt ; à son avis la cour a manqué à son devoir de rendre un jugement conforme à la vérité.

Jeudi dernier la haute cour de justice, confirmant un jugement rendu en première instance, a rejeté la plainte en diffamation qu’avait déposée Miklos Grüner contre le rabbin Slomo Köves du fait que Köves avait, dans un article, accusé Grüner de falsification de l’histoire. Selon le jugement, maintenant confirmé, un tribunal ne pouvait, dans le cadre d’une affaire de diffamation, prendre position sur des questions qui relevaient du domaine des historiens ou d’autres autorités compétentes.

Toutefois, c’est exactement ce que Miklos Grüner espérait obtenir : il voulait que le procès se concentre sur le prix Nobel et écrivain Elie Wiesel. Selon Grüner, l’homme que le monde connaît aujourd’hui sous le nom d’Elie Wiesel a usurpé l’identité d’un [certain] Lazar Wiesel, qui logeait dans la même baraque que lui à Auschwitz. Grüner avait espéré que les magistrats confirmeraient que tout ce qu’il disait depuis 25 ans au sujet de Wiesel correspondait à la vérité.

Dans son procès en diffamation Grüner avait attaqué Köves, grand rabbin de la communauté Israélite unie, et demandé la condamnation de ce dernier pour avoir terni sa réputation puisque Köves, dans un article paru sur Internet en 2009 lors de la visite d’Elie Wiesel en Hongrie, avait qualifié Grüner de falsificateur de l’histoire. En première instance le demandeur avait présenté des preuves qu’il estimait concluantes. À l’en croire, toute trace de Lazar Wiesel, qui à Auschwitz avait reçu le matricule A-7713, avait disparu au milieu des années cinquante. Grüner affirmait que le livre intitulé La Nuit, associé à Lazar [Elie ?] Wiesel, était l’œuvre d’une autre personne. D’après les soupçons de Grüner, c’est avec une pensée pour les royalties que Lazar [Elie ?] Wiesel, dans un premier temps, avait récrit dans un style littéraire l’autobiographie en langue yiddish ; puis, Elie Wiesel avait par la suite assumé l’identité de Lazar Wiesel.

En première instance le demandeur, qui avait produit plusieurs éléments de preuve, accordait une valeur particulière à certains documents qu’il avait obtenus des archives d’Auschwitz et de Buchenwald et qui montraient que le prisonnier Lazar Wiesel, enregistré sous le numéro A-7713, était né le 4 septembre 1913. Miklos Grüner affirmait que l’assertion d’Elie Wiesel selon laquelle son père Salomon Wiesel avait reçu le numéro A-7712 au camp de la mort était insoutenable. D’après les documents présentés par le demandeur, le prisonnier numéro A-7712 était Abraham Wiesel qui, né le 10 octobre 1900, ne pouvait assurément pas avoir été le père de Lazar Wiesel, né en 1913.

Dans leurs décisions respectives ni la cour d’appel, ni la première juridiction ne s’étaient attardées à l’examen des documents de Grüner ; selon les termes de la cour d’appel, de tels jugements étaient du ressort de la science ou d’autres autorités compétentes. En effet, la haute juridiction avait pris position sur la seule question de savoir si Mate (Slomo) Köves avait nui à la réputation du demandeur dans un article datant de 2009, et là-dessus s’était prononcée dans les termes suivants : « Dans son évaluation des activités historiographiques de Miklos Gruner, le rabbin n’a pas dépassé les limites de la liberté d’expression. De l’avis de la cour Köves a en effet usé d’un langage fort, mais ses formulations n’ont été ni haineuses, ni injurieuses, ni avilissantes. »

Après avoir entendu la sentence, Miklos Grüner a répondu à nos questions, disant qu’il était fort déçu et qu’il estimait que la cour s’était dérobée à son devoir de rendre un jugement conforme à la vérité, laissant ainsi ouverte la question que, pour sa part, il avait soulevée un quart de siècle auparavant. Il a ajouté : « Pour un juif pieux il ne peut guère y avoir de plus grande insulte que de se voir traiter de falsificateur de l’histoire par un rabbin, et que d’entendre que tout ce à quoi il a consacré les 25 dernières années de sa vie est ainsi mis en doute. »

Source : nol.hu

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