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Denis Gautier- Sauvagnac : la justice ouvre une enquête

La brigade financière est chargée des investigations sur les 5,6 millions d’euros volatilisés des caisses de l’UIMM. Le Medef se refuse à tout commentaire.

La décision n’a pas tardé. Jean-Claude Marin, le procureur de la République de Paris, a décidé hier d’ouvrir une enquête préliminaire visant notamment Denis Gautier-Sauvagnac. Surnommé « DGS », le président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) est suspecté d’avoir sorti 5,64 millions d’euros en liquide des caisses de son organisation patronale (nos éditions d’hier). Les investigations ont été confiées à la brigade financière de la Préfecture de police de Paris.

L’enquête préliminaire placée sous l’unique contrôle du parquet, donc de la Chancellerie, est privilégiée par rapport à l’information judiciaire confiée à un juge d’instruction indépendant. Toutefois, au terme de ces investigations policières qui visent essentiellement à vérifier si les faits reprochés à Denis Gautier-Sauvagnac sont constitutifs d’un « abus de confiance », le procureur de Paris aura tout loisir d’ouvrir une instruction au pôle financier.

Officiellement informé lundi, des conclusions de Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère des Finances, sur les 5,64 millions d’euros retirés entre 2000 et 2007, le procureur a en tout cas choisi d’aller vite. De source proche du dossier, on souligne que l’enquête de Tracfin « est particulièrement bien ficelée », reposant notamment sur les déclarations de cadres de la BNP, la banque où les retraits en liquide étaient effectués par DGS ou de proches collaborateurs.

Il appartient désormais à la justice d’établir si des malversations ont été commises et de déterminer la destination des fonds

Côté patronat, c’était hier, silence radio. « No comment ». Laurence Parisot n’a pas souhaité réagir à chaud sur l’affaire révélée par Le Figaro. Cela ne veut pas dire que la présidente du Medef restera éternellement silencieuse. Plus probablement veut-elle prendre le temps d’évaluer sereinement une situation bien embarrassante. Et pas seulement pour le patronat ! En témoigne l’absence de réaction des syndicats, habituellement si prompts aux commentaires, qui plus est lorsqu’il s’agit d’un « scandale » patronal.

« Une formule curieuse »


Un communiqué laconique de l’UIMM, hier matin, indiquait que « toutes les informations nécessaires seront fournies aux autorités compétentes ». Et confirmait comme l’avait indiqué d’emblée au Figaro Denis Gautier-Sauvagnac mardi soir, « que le nom de l’UIMM ne peut en aucun cas être mêlé à des malversations ». Interrogé par des journalistes alors qu’il arrivait en début d’après-midi au Medef où il a conduit, comme si de rien n’était, la négociation sur la pénibilité au travail, le président de l’UIMM a contesté être « allé en personne à la banque ». « Cette information est absolument fausse, a-t-il assuré. Nous n’avons rien à voir, ni de près ni de loin, avec des malversations qui relèvent de Tracfin. »

Il a également été interrogé sur les « oeuvres sociales de la métallurgie ». Selon le dossier, c’est ainsi qu’il aurait expliqué le retrait des fonds devant le banquier de la BNP. « C’est une formule curieuse », s’est contenté de répondre, hier, DGS. Demi-aveu, bien dans le ton de cet homme un peu pince-sans-rire ? Nombre d’observateurs subodorent en effet que ces fonds étaient en réalité versés à des organisations syndicales, de façon à peu près aussi transparente qu’étaient financés les partis politiques avant que la loi n’y mette bon ordre.

ÉRIC DECOUTY et BÉATRICE TAUPIN.
Publié le 27 septembre 2007

Source : http://www.lefigaro.fr