Le chantier-phare du quinquennat de Nicolas Sarkozy pourrait se transformer en « affaire » d’envergure, apprend-on dans Le Canard enchaîné du 7 décembre : depuis février, un juge d’instruction enquête sur des soupçons de corruption et de favoritisme dans l’attribution du marché du « Pentagone français » au groupe Bouygues.
Ce marché pharaonique –3,5 milliards d’euros en partenariat public-privé–, le groupe de Martin Bouygues, un des plus proches amis de Nicolas Sarkozy, l’a obtenu fin 2010 au détriment de deux autres groupes français, Vinci et Eiffage.
Il s’agit de relocaliser, d’ici à 2015, tous les services du ministère de la Défense à Balard, dans le XVe arrondissement de Paris.
« Un partenariat ripoux-bétonneur »
En novembre 2010, alors que la compétition bat son plein entre les candidats, écrit le Canard, une mystérieuse source assure aux policiers de la Division nationale des investigations financières (Dnif) que « le partenariat public-privé de Balard camoufle en fait un partenariat ripoux-bétonneur ».
« Bouygues aurait eu accès avant ses concurrents, et peut-être de manière frauduleuse, au cahier des charges du marché », selon l’hebdomadaire : un haut responsable du ministère de la Défense l’aurait transmis à un responsable de Bouygues, peut-être par l’intermédiaire d’un entrepreneur du BTP « déjà connu de la maison poulaga pour des faits de corruption dans d’autres marchés publics ».
Peut-être une maladresse ou une erreur
Les noms de ces trois personnes semblent « classés secret-défense », note le Canard, à qui une source judiciaire fait cette déclaration :
« Nous ne savons pas encore s’il s’agit d’une maladresse, d’une erreur, ou s’il y a eu une contrepartie financière. »
Alors que le gouvernement a été informé « dès le mois de février » de l’instruction confiée par le parquet au juge Serge Tournaire, « il a signé le contrat en grande pompe le 31 mai ».