Maître Damien Viguier parle de l’ouvrage Le Travail et l’usure d’Ezra Pound
11 octobre 2016 22:11, par manou17Quant on regarde attentivement ce qui se passe dans les sociétés multinationales, on s’aperçoit qu’en pratique le salarié supporte le risque de l’actionnaire et les responsabilités de l’actionnaire.
En effet si la société va mal, le salarié assumera, en étant licencié, la responsabilité de la mauvaise gestion de l’entrepreneur. En revanche, le dividende qui se veut être en théorie une rémunération incertaine, est en pratique constamment versé (dans les multinationales c’est une pratique qui sécurise les investisseurs et rassure les marchés) en raison de la financiarisation de l’économie et de l’ouverture du capital à tous les agents grâce notamment à l’outil sociétaire (S.A.).
Grâce à la S.A., la dérive financière a pu pleinement s’étendre et Il y a donc le salarié qui assume la responsabilité entrepreneuriale, dont la rémunération est devenue incertaine - le salarié peut refuser une baisse de salaire, mais doit se faire licencier ! - et la charge de travail, et de l’autre côté, il y a l’actionnaire (avec le manager souvent salarié mais plus proche de l’actionnaire) qui aura une rémunération certaine, l’investissement dans le capital se décide sur en grande partie sur la rentabilité de l’action, l’actionnaire ne supportera pas la mauvaise gestion du manager et se contentera d’être usurier voulant une rentabilité toujours plus forte.
Si la dérégulation des marchés financiers a pu être un facteur de complexité et d’extension de la problématique, celle-ci se révèle être à mon sens que la S.A. a permis un accaparement de l’argent issue de la production de richesse - et de l’exploitation du salarié - au détriment de ce dernier et un découplage du risque inhérent à la philosophie du libéralisme économique avec la propriété privée.
Le capitalisme financier a tué le libéralisme économique et le droit civil aidé en cela du droit commercial qui a permis cette dérive.
Au niveau national, on s’aperçoit que la problématique reste la même, le risque de banqueroute a été reporté sur le citoyen, au lieu de reposer sur les banques systématiquement sauvées par les États et n’ont plus aucun compte à rendre quant à l’argent créé et caché dans les paradis fiscaux.
L’idée de revenu universel s’inscrit peut-être dans cette logique d’avènement du capitalisme financier depuis la reconstruction d’après guerre : s’accaparer et sécuriser l’argent par le 1% de capitalistes et laisser 99% de la population avec 1% d’argent.