La Petite Histoire – Le vrai visage de Tolkien, catholique et réactionnaire
16 novembre 2016 17:56, par Joe CarsonJe trouve puérile la protestation de Tolkien contre Hitler, comme quoi ce dernier aurait récupéré l’héritage culturel nordique pour en faire une propagande de guerre. Il faut avoir idéaliser au maximum un sujet pour se choquer ensuite de son détournement à des fins malignes. Contre le monde concret, terrestre, horizontal et réel, Tolkien en appelle au merveilleux, à l’imaginaire, à la fantaisie et à l’idéalisme. Ce faisant, il prête flanc à une sorte d’idéalisme inversé, noir, hitlérien. Tolkien et Hitler, deux idéalistes. Cela ne veut pas dire qu’ils sont de mèches, loin de là. L’idéalisme de l’un est littéraire, l’autre est politique. Toutefois, l’oeuvre de Tolkien contient des appels chevaleresques qui peuvent aisément être interprétés en termes fascistes par des immatures politisants. Un retour de l’ordre aristocratique, du Beau, de la Grandeur, n’est-ce pas exactement ce que rêvait le Fürher ?
Il ne faut jamais fuir la réalité dans les féeries au risque de voir un retour du bâton sous forme de concrétisation monstrueuse. Féeries pour une autre fois, disait Céline. Pourquoi ne pas voir ce que contient de laid la mythologie nordique ? Ce que contiennent de peu ragoûtant les mythes en général ? Des sacrifices, des guérillas, de l’égoïsme, de l’envie, des rivalités, des séances de lynchage. J’ai pensé une fois que l’on pourrait écrire un Seigneur des anneaux où il n’y aurait que le Mordor. Le Mordor partout. Tout le monde est le Mordor. On se promènerait par conséquent des monts de l’Ombre à la plaine de Nurn en passant par Durthang, des monts Cendrés au Khand en passant par le Morannon. Et c’est cela le propre de la littérature. De dérouter, de jouer avec les codes et d’être irrécupérable par la réalité sous toutes ses formes. Ce livre serait non-politisable.