Egalité et Réconciliation
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A Madrid, Berlin et Helsinki, la crise de l’euro continue…

Comme d’habitude, le 19ème sommet européen consacré à la crise de l’euro n’a rien réglé. Les marchés vont toujours aussi mal, entre la France qui emprunte à taux négatifs et l’Espagne qui n’a jamais emprunté aussi cher… Et les risques de blocage se multiplient en Allemagne et en Finlande.

Quand Madrid suit Athènes

Certes, quelques pays, dont la France, une première, profitent du déversement massif de liquidités par la BCE pour emprunter aujourd’hui à des taux légèrement négatifs, mais outre le fait que la situation est moins riante ailleurs, cela n’est pas un bon signe. Et pour la première fois, les taux d’intérêts à 10 ans de l’Espagne ont passé le cap des 7%, cap jugé critique et qui a déclenché les plans européens dans le passé pour la Grèce, l’Irlande et le Portugal. Madrid est au pied du mur.

C’est sans doute pour cela que Mariano Rajoy a annoncé mercredi de nouvelles mesures d’austérité, très sévères : outre des coupes dans les budgets des ministères et dans les primes des fonctionnaires, le chef du gouvernement a décidé d’augmenter la TVA (3 points de plus pour le taux le plus élevé et 2 points de plus pour le taux médian). Exactement le même genre de potion amère que la Grèce avait décidé de mettre en place en 2010, avec le succès que l’on sait.

Cet ajustement de 65 milliards en trois ans doit permettre au pays de ramener son déficit budgétaire à 3% du PIB en 2014, un an plus tard que prévu. En contre-partie, l’Espagne accepte discrètement de passer sous la tutelle de la troïka technocratique (FMI, BCE, Commission) qui viendra tous les trois mois à Madrid. C’est la condition pour recevoir le plan européen qui permettra au pays de recapitaliser ses banques à moindre coût, et la première tranche de 30 milliards.

Les pays créanciers rechignent toujours

Mais la situation demeure extrêmement confuse car deux menaces planent sur les plans européens. En Allemagne, la Cour de Karlsruhe, saisie par des citoyens et Die Linke, doit se prononcer sur le TSCG, une des camisoles budgétaires européennes. Elle a explicitement demandé au président allemand de ne pas ratifier les textes pourtant approuvés par une majorité des deux tiers par le Parlement allemand grâce à l’accord de la CDU, du FDP, du SPD et des Verts.

En Allemagne, la cour de Karlsruhe fait son travail en s’assurant de la conformité du droit communautaire avec la Constitution allemande alors que notre Conseil Constitutionnel fait trop souvent l’inverse, au mépris de sa mission. Les difficultés internes d’Angela Merkel à faire adopter les accords européens sont un excellent moyen de pression pour elle face à ses partenaires car cela montre qu’elle doit faire face à un contexte interne compliqué qui justifie sa raideur.

Mais la situaiton est également compliquée par la Finlande. Comme l’an dernier avec la Grèce, Helsinki demande des garanties pour apporter son aide au plan à direction de l’Espagne. Le ministre espagnol de l’économie a ainsi expliqué que la Finlande bloque la situation, bien qu’elle ne contribue qu’à hauteur de 2% du FESF. Cela suit des déclarations de la ministre des finances qui a déclaré que la Finlande « ne s’accrochera pas à l’euro à n’importe quel prix ».

Entre l’Espagne qui prend tous les jours un peu plus la direction malheureuse et suicidaire de la Grèce et des pays créanciers qui s’impatientent logiquement devant le coût et le manque de succès des potions amères concoctées par la troïka, le château de carte monétaire européen est bien bancal…