Egalité et Réconciliation
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A Madrid, « Les Indignés » campent à la Puerta del Sol

A quelques jours des élections, un mouvement spontané de contestation a fait son apparition sur la place publique.

A quelques jours des élections municipales de dimanche, la protestation des chômeurs et « des citoyens victimes de la crise économique » fait irruption dans la campagne. Une manifestation convoquée le 15 mai dernier par la plate-forme citoyenne Democracia Real Ya, sous le mot d’ordre « nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiques et des banquiers », a débouché sur l’installation d’un campement improvisé au milieu de la Puerta del Sol, la place emblématique du cœur de Madrid.

Ils se sont baptisés « Los Indignados », « Les Indignés ». Comme ça, un peu au hasard, et « parce que c’est ce qui nous rassemble », explique Noelia, une des porte-parole du mouvement. Ils sont jeunes et moins jeunes, chômeurs ou étudiants, qu’importe, mais indignés. Depuis trois jours, campeurs, badauds et sympathisants débattent et échangent leurs expériences, sans qu’on sache très bien sur quoi cela va déboucher, avoue Fabio Gandero, avocat au chômage et coordinateur de Democracia Real Ya.

« Il s’agit d’un mouvement spontané, hors de toute initiative politique ou syndicale, ce qui est tout à fait inhabituel en Espagne, souligne-t-il. Mais s’il trouve autant de résonance, c’est parce que le pays est sur un volcan. Il compte cinq millions de chômeurs, et les deux grands partis du pays, le Parti socialiste comme le Parti populaire nous proposent deux versions d’un même projet : continuer d’avaler des potions de réformes néolibérales sous la pression des marchés. »

A la Puerta del Sol défile une foule disparate d’étudiants, de retraités et de mères de famille étranglés par les crédits. Ils viennent raconter, témoigner et manifester leur solidarité. « C’est comme si quelqu’un tout d’un coup nous donnait la parole, raconte Pilar, qui est venue du quartier populaire de Vallecas. On tient, on s’appuie, on s’entraide, mais il y a un moment où on est à bout. Je suis au chômage depuis deux ans, je m’inscris à tous les cours de formation, mais j’ai deux handicaps, j’ai 46 ans et je suis une femme… »

Les interventions policières n’ont, pour l’instant, pas eu raison de la ténacité des campeurs, décidés à prolonger le mouvement jusqu’au jour des élections municipales, le 22 mai.