Egalité et Réconciliation
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Conférence "Grèce et Allemagne"

Vendredi 25 novembre 2011, 9h30-12h30, Salle Weil, 45 rue d’Ulm 75005 Paris Conférences données dans le cadre du Séminaire Transferts culturels.

Organisées par l’UMR 847 « PAYS GERMANIQUES »

Transferts culturels – Archives Husserl

Karl Otfried Müller en Grèce. Art et archéologie, enseignements parallèles.

Eleonora Vratskidou (EHESS-CNRS)

L’appropriation de l’œuvre de l’historien et archéologue allemand K. O. Müller détermine la naissance de l’archéologie en Grèce. Dès 1837 une chaire est consacrée à cette discipline à l’Université d’Athènes. Son titulaire inaugural, l’archéologue bavarois, Ludwig Ross publie le premier manuel archéologique en langue grecque en se basant largement sur l’ouvrage capital de Müller, Handbuch der Archäologie der Kunst (Berlin, 1830). La réception de l’œuvre de Müller en Grèce s’étend toutefois au-delà du milieu universitaire : l’École des Arts, la première institution artistique du pays, propose - parallèlement à son enseignement technique - un enseignement théorique fondé également sur les travaux de Müller. Tout autant que l’Université, l’École des Arts aspire à s’affirmer comme un centre d’étude de l’art antique et diffuse un savoir approfondi sur les œuvres et les techniques artistiques de l’antiquité, visant ainsi à guider les pratiques des premiers artistes grecs modernes, en vue de la création d’un art national. Notre objectif est de proposer une analyse comparée de cette double appropriation de l’œuvre de Müller en Grèce, tant au sein de l’Université qu’au sein de l’École des Arts. Appuyée sur les travaux de l’archéologue allemand, l’étude des vestiges antiques donne lieu à la formation tant d’un idéal esthétique que d’un idéal de savoir. Si le monde de l’art et le champ archéologique naissants sont fortement entrelacés dans le contexte de la construction de l’État-Nation, nous tenterons de mettre en évidence les tensions qui surgissent autour de la gestion de l’héritage artistique de l’antiquité lors de ce moment fondateur.

Les sources allemandes de la philosophie néo-hellénique au XXe siècle.

Servane Jollivet (Ecole française d’Athènes)

C’est dans la pensée allemande que les philosophes grecs, le plus souvent formés en Allemagne pendant l’entre-deux-guerres puis, de nouveau, à partir des années soixante, ont puisé, que ce soit pour étayer la quête identitaire qui sous-tend le discours officiel (idéalisation de la Grèce ancienne, Germanité) ou pour asseoir leur critique à l’encontre de l’idéologie nationaliste. Des usages de la pensée nietzschéenne par les marxistes, tel Kazantzakis puis, dans les années soixante-dix, par Panagiotis Kondylis, lui-même formé à Heidelberg auprès de Gadamer et Koselleck ; de l’héritage néokantien, dans lequel puise l’école dite de Heidelberg (Tsatsos, Kanellopoulos, Theodorakopoulos) à l’influence de la théorie critique sur Kosmas Psychopedis, formé à l’école de Francfort, jusqu’au courant néo-orthodoxe (Giannaras Ramfos), nourri par la phénoménologie heideggérienne, ce sont ces différents transferts et déplacements que nous désirons éclairer à la lumière du contexte grec. En soulignant l’ambivalence de cette réappropriation, souvent idéologiquement chargée, nous nous attacherons, à revers des lignes de force qui se dégagent, à questionner les modèles et paradigmes venus d’Allemagne qui sous-tendent la réflexion identitaire en Grèce tout au long du XXe siècle.