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De sa prison israelienne, Marwan Barghouti appelle à la résistance armée

Le leader palestinien Marwan Barghouti a été placé à l’isolement pour la 23ième fois depuis son incarcération à la prison de Hadarim. La presse israelienne a déclaré que M. Barghouti a été puni à cause d’une lettre sortie clandestinement de prison et publiée dans le quotidien le plus diffusé dans les territoires palestiniens.

Dans sa lettre, publiée le 11 novembre dans Al-Qods, à l’occasion du dixième anniversaire de la mort de Yasser Arafat, Marwan Barghouti appelle les palestiniens à honorer la mémoire du leader palestinien par une « résistance globale et par les armes ».

Dans sa lettre de 632 mots, M. Barghouti mentionne le mot « résistance » trois fois et se remémore d’autres leaders palestiniens assassinés par Israel : Ahmed Yassine du Hamas, Abou Ali Moustapha du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Khalil Wazir Abou Jihad du Fatah, Fathi Chiqaqi du Jihad islamique et Raid Karmi des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa.

Fadwa Barghouti, épouse du leader palestinien emprisonné dans les geôles israéliennes, a déclaré à Al-Monitor que son époux n’avait jamais changé ses positions. « Depuis son arrestation en 2002 jusqu’à nos jours, Marwan est resté attaché au droit du peuple palestinien à recourir à la résistance globale conformément au droit international » a affirmé Mme Barghouti.

Elle a parlé à Al-Monitor juste avant de partir au Chili et en Argentine pour participer à la campagne internationale pour la libération de son époux.

Interrogée sur l’utilisation du mot « armes » dans la lettre écrite par son époux, et qu’elle a supprimé sur sa page Facebook, Mme Barghouti a répondu que la référence de son mari à la résistance armée était tactique et non stratégique. « On ne peut pas attendre de lui qu’il change sa position alors qu’il subit la souffrance de l’emprisonnement » a dit Mme Barghouti.

Elle a insisté que la ligne politique de son époux est connue de tous. Elle faisait référence à son soutien au processus de paix et à la solution à deux États. M. Barghouti a également déclaré à plusieurs reprises qu’il s’opposait aux attaques contre des civils.

On ne sait pas ce qui a poussé le leader palestinien emprisonné à changer sa rhétorique politique. Jamal Nazzal, membre du Conseil révolutionnaire du Fatah et responsable du mouvement pour les médias en Europe a donné une explication simple : « ce changement est le résultat de l’escalade de la politique israélienne à Jérusalem »

Le Nelson Mandela palestinien

Les efforts pour libérer M. Barghouti dont le portrait orne le mur israélien d’apartheid au point de contrôle de Qalandia se sont intensifiés. Dans un article publié par The Guardian, Martin Linton, un ancien membre du parti travailliste britannique soutient l’idée que M. Barghouti pourrait être le Nelson Mandela palestinien. Il a déclaré : « Si Ies Israéliens sont sérieux, ils libéreront M. Barghouti, le seul homme à même de négocier un traité de paix avec Israël ».

M. Barghouti, considéré comme un héros par les Palestiniens mais comme un terroriste par les Israéliens, purge cinq peines de prison à vie après avoir été jugé par un tribunal militaire israélien, dont il n’a pas reconnu la légitimité. Parlant couramment l’hébreu - qu’il a appris lors d’une peine de prison antérieure - M. Barghouti refuse toute légitimité à la cour : « ce tribunal représente l’occupation, je ne vais pas participer à cette imposture ».

Un rapport de l’Union Inter-parlementaire israélienne a déclaré que de nombreuses violations du droit international ont été commises et qu’il était donc impossible de conclure si M. Barghouti a eu un jugement équitable. Le rapport a déclaré que le cas Barghouti a très clairement « démontré que, loin d’apporter la sécurité à Israël, les violations des règles du droit international ont, par-dessus tout, sapé l’autorité de la Justice israélienne en jetant le discrédit sur sa conduite des enquêtes ainsi que sur les procédures suivies ».

La chronologie des arrestations et condamnations de M. Barghouti sont publiées sur le site « Libérez Marwan ». Elle permet aux visiteurs du site de voir depuis combien de temps le leader palestinien, élu deux fois au Conseil législatif Palestinien, est incarcéré. Il est à sa douzième année d’emprisonnement dont trois passées à l’isolement.

En tête de tous les sondages

Des sondages d’opinion publique conduits dans les territoires occupés le donnent régulièrement vainqueur devant tous les autres candidats dans le cas où il serait libéré et autorisé à participer à une élection présidentielle.

Dans le dernier sondage mené par le Centre palestinien pour la recherche politique et les études d’opinion (CPRPEO), immédiatement après la fin de la guerre israélienne contre Gaza en septembre, Marwan Barghouti a été crédité de 48% des intentions de vote contre le leader du Hamas Ismaël Haniyeh crédité pour sa part de 46%, alors que ce même responsable du Hamas a reçu 55 % des intentions de vote contre l’actuel président Mahmoud Abbas, qui a obtenu 36 % des voix.

M. Barghouti est né en 1959 dans le village de Kobar à Ramallah dans une famille nombreuse. Il était le responsable d’un comité des étudiants à l’université de Bir Zeit et a été déporté par les Israéliens vers la Jordanie en 1988 pour son rôle dans la première intifada. Il a ensuite été depuis régulièrement élu à différents postes de responsabilité, y compris à la direction du Fatah et au Conseil central de l’OLP.

Une radicalisation du discours politique ?

La radicalisation dans le discours politique du dirigeant palestinien pourrait s’expliquer par l’escalade de la violence à Jérusalem-Est et dans d’autres parties des territoires palestiniens occupés.

Elle peut aussi s’expliquer par le fait que le leader populaire est presque totalement passé à la trappe dans les efforts en cours du président Mahmoud Abbas pour obtenir la reconnaissance de l’État palestinien.

Par son durcissement de ton, Marwan Barghouti a pu revenir à la une des journaux et a pu rappeler à tous son statut de dirigeant tout en gagnant le soutien populaire parmi les palestiniens découragés et déprimés, et qui ne voient aucune solution politique à l’horizon.

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