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Décès du criminel de guerre Ariel Sharon

Par la rédaction d’E&R

Après 8 années d’un coma profond, Ariel Sharon est mort.

Ariel Scheinermann est né le 26 février 1928 à Kfar Malal (près de Jaffa en Palestine sous mandat britannique), dans la région de Sharon, dont il prendra le nom. Sa famille est originaire de Biélorussie (à l’époque Russie tsariste), son père Shmuel Scheinerman était technicien agronome, sa mère Véra, médecin.

 

Le soldat

Il rejoint en 1948, le groupe terroriste Haganah [1], qui commet des attentats contre les Arabes et les autorités britanniques.

En 1948, il participe à la première guerre israélo-arabe en tant que commandant dans la brigade Alexandroni [2]. Durant la première bataille de Latroun contre la Légion arabe, il est sérieusement blessé.

En 1953, Sharon intègre avec le grade de major la première unité de forces spéciales de l’histoire de l’armée israélienne : l’Unité 101 [3]. Son fait d’arme le plus sinistre sera l’« Opération Shoshana », le « nettoyage » du village de Qibya, qui fit 69 morts parmi les civils palestiniens.

La scène est décrite par des observateurs des Nations unies arrivés sur place deux heures après la fin de l’opération :

« Des corps criblés de balles étendus près du seuil des habitations et de nombreux impacts de balles sur les portes des maisons détruites indiquaient que les habitants avaient été forcés à rester à l’intérieur jusqu’à ce que leurs maisons fussent démolies sur eux... Les différents témoins décrivaient de façon consistante la nuit d’horreur qu’ils venaient de vivre, durant laquelle des soldats israéliens avaient pénétré dans leur village en détruisant les bâtiments, faisant feu à travers les portes et les fenêtres à l’arme automatique et en jetant des grenades à main [4]. »

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Membres de l’Unité 101 à l’issue de son intégration dans le 890e bataillon de parachutistes. Sharon est le deuxième debout à gauche.

 

En 1956, il commande la 202e brigade parachutiste, qui pénètre dans le Sinaï durant l’expédition de Suez, où les Israéliens tentent avec l’aide des forces franco-britanniques de s’emparer du canal que Nasser vient de nationaliser.

En 1957, il séjourne un an à l’école militaire de Camberley au Royaume-Uni, puis étudie le droit à l’université de Tel-Aviv de 1958 à 1962.

Durant la guerre des Six Jours en juin 1967, il commande une des divisions qui s’empare aisément du Sinaï : l’aviation égyptienne a été détruite au sol dès le début de « l’attaque préventive » israélienne.

En 1971, il assure le commandement du front sud, notamment la ligne Bar Lev  [5] et met en coupe réglée la bande de gaza.

En 1973, Lors de la guerre de Kippour, qui oppose le régime sioniste à l’alliance de l’Égypte et la Syrie, il franchit le canal de Suez avec sa division blindée et encercle la IIIe armée égyptienne.

 

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Le général Ariel Sharon pose à côté de Moshe Dayan, le ministre de la Défense israélien, lors de la guerre de Kippour en 1973

 

Très populaire auprès du peuple israélien, il décide de ranger son uniforme et se lance en politique.

 

Le politicien

Ariel Sharon est élu à la Knesset en 1973 sous les couleurs du Likoud, une coalition de partis politiques nationalistes, artisan du « Grand Israël ».

En 1974, il devient conseiller spécial à la Sécurité auprès du Premier ministre Yitzhak Rabin puis ministre de l’Agriculture, et applique une politique d’implantations massives de colonies en Cisjordanie et à Gaza.

En 1982, il est nommé ministre de la Défense. La même année, Tsahal envahit le Liban, alors en pleine guerre civile, pour y détruire les forces de l’Organisation de libération de la Palestine. Durant les opérations militaires, des soldats israéliens et des miliciens phalangistes libanais pénètrent dans les deux camps de réfugiés palestiniens de la capitale libanaise (Sabra et Chatila) pour y commettre un massacre : entre 350 et 5 000 victimes, selon les sources...

Une enquête israélienne (la commission Kahane) conclut à la responsabilité indirecte de Sharon : il démissionne de son poste et se fait oublier quelques années.

 

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Ariel Sharon ministre de la Défense, lors de l’opération « Paix en Galilée » en 1982

 

Il réapparaît sur la scène politique nationale au cours des années 90 et enchaîne de nombreux postes.

De 1990 à 1992, ministre de la Construction et de l’Aménagement et président du Comité ministériel sur l’immigration et l’absorption : il fait construire 144 000 appartements, afin d’accueillir notamment les vagues d’immigration juive issues de l’ex-URSS.

De 1992 à 1996, il est membre du Comité de Défense et des Affaires étrangères de la Knesset.

En 1996, ministre de l’Infrastructure nationale et président du Comité ministériel pour l’avancement des Bédouins.

En 1998, ministre des Affaires étrangères.

Il prend la tête de son parti, le Likoud en 1999 et reste membre du Comité de Défense et des Affaires étrangères à la Knesset.

En septembre 2000, Ariel Sharon se rend sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem. Cette provocation déclenche la seconde Intifada et lui permet de faire campagne sur des thèmes sécuritaires : il devient Premier ministre en 2001. Il est réélu à ce poste en mars 2003. Durant ces années, il rompt les négociations avec Yasser Arafat, accentue la répression des Palestiniens et entame la construction du mur de séparation.

 

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Le 28 septembre 2000, Ariel Sharon déambulant sur l’esplanade des Mosquées

 

En 2005, suite à des dissensions au sein du Likoud, après la décision de Sharon de démanteler les colonies sionistes dans la bande de Gaza, il fonde son propre parti, Kadima.

Le 18 décembre 2005, et le 4 janvier 2006, il est victime d’une attaque cérébrale : la dernière le plonge dans un coma durant 8 ans, dont il ne sortira jamais.

Jamais inquiété, ni jugé pour ses crimes, c’est dans l’au-delà qu’il devra rendre des comptes.

 

Un documentaire sur la vie d’Ariel Sharon (2003)

Partie 1 :


 

Partie 2 :


 

Partie 3 :


Partie 4 :

 


 

Notes

[1] Organisation clandestine sioniste créée en 1920, qui sera incorporée à Tsahal en 1948.

[2] Celle-ci se rendra célèbre pour avoir rasé le village côtier d’al-Tantura (près de 1 500 personnes expulsées, entre 70 et 250 civils assassinés et plusieurs prisonniers exécutés).

[3] Commando chargé des opérations clandestines d’infiltration, d’enlèvements et d’actions de représailles.

[4] D’après E.H. Hutchison, cité dans The Fateful Triangle : The United States, Israel and the Palestinians, Noam Chomsky, South End Press, Cambridge, Massachusetts, 1999, P383.

[5] Chaîne de fortifications le long de la côte du canal de Suez

 






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