Egalité et Réconciliation
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Entretien avec Gilad Atzmon sur les crimes de guerre israéliens et BHL

Le sionisme mondial transforme la notion de "Terre promise" en "Planète promise"

Gilad Atzmon est un philosophe et un jazzman de réputation mondiale. Nous lui avons posé quelques questions sur l’actualité brûlante de ces derniers mois.

Propos recueillis et traduits à partir de l’anglais par Alimuddin Usmani.

 

Un soldat israélien, Elor Azria, a été reconnu coupable de meurtre pour avoir abattu un assaillant palestinien blessé, désarmé et couché à terre. Cette affaire a profondément divisé la société israélienne. De nombreux Israéliens affirment qu’il n’a fait que son devoir et que l’armée en a fait son bouc-émissaire. De son côté, un porte-parole de l’armée a dit : « Ceci n’est pas l’armée israélienne, ce ne sont pas les valeurs de l’armée israélienne et ce ne sont pas les valeurs du peuple juif ». Le journaliste de Haaretz Gideon Lévy a, pour sa part, raillé la condamnation en écrivant qu’elle était digne de celle d’un « voleur de vélo ».

 

Quel est votre commentaire par rapport à cette affaire ?

Nombre de questions sont en jeu ici. Azaria est, de toute évidence, quelqu’un qui a commis un assassinat de sang-froid. Il a tiré sur un blessé palestinien en pleine tête. Il a commis une exécution en plein jour. D’un point de vue israélien, le principal crime d’Azaria c’est d’avoir été filmé par une caméra. Pourtant, les circonstances dans lesquelles il opérait étaient assez impossibles. Ces soldats israéliens sont déployés dans des tâches de police. Eux, les occupants, sont engagés dans un conflit avec les indigènes qui peuplent cette terre. C’est une recette qui mène au désastre. Les soldats israéliens et les forces de police finissent très souvent par se muer en escadrons de la mort. Cependant, ces viles pratiques ne reflètent pas nécessairement un ordre militaire. Elles mettent plutôt la lumière sur l’atmosphère au sein de la rue israélienne : le stress pré-traumatique, la peur irrationnelle de l’autre, tuer en toute impunité, le manque total de sens éthique, et ainsi de suite.

Mis à part l’acte brutal d’Azaria, ce procès a exposé un conflit profond au sein de la société israélienne. Le sionisme, comme nous le savons, a promis de faire des juifs « des gens comme les autres ». Pourtant, la réalité du terrain suggère que les Israéliens doivent dépenser beaucoup d’énergie pour dissimuler le fait qu’ils ne partagent, en réalité, pas grand chose, voire rien du tout, avec les autres.

Azaria a été reconnu coupable d’homicide involontaire, ce qui est surprenant compte tenu des preuves évidentes d’assassinat de sang-froid. Pourtant, il a juste été condamné à 18 mois de prison. L’explication de cette divergence entre le verdict du tribunal et la légèreté de la peine peut être comprise à plus d’un niveau.

Le Tribunal militaire, par opposition au Tribunal civil, n’est pas lié à la notion d’éthique mais aux besoins du système militaire. Un Tribunal militaire qui condamne à mort un soldat à l’aube, par exemple, n’est pas guidé par la recherche de ce qui est juste mais par le besoin du système. Il tente de dissuader les autres soldats de désobéir, de se rendre coupable de lâcheté ou de désertion.

De même manière, si Israël a besoin de Tsahal pour soutenir l’occupation, Israël doit s’assurer que ses soldats soient assez confiants sur le fait que le système se tienne finalement à leurs côtés, même s’ils étaient impliqués dans une situation malheureuse (par ex. tirer en pleine tête d’un Palestinien blessé).

Le jour du verdict, l’ancien chef d’état-major Moshe Ya’alon a admis avoir réagi durement le jour de l’incident avec Azaria, parce qu’il y avait un besoin immédiat de calmer la situation sur le terrain. Il devait essentiellement faire des concessions aux Palestiniens dans l’espoir d’empêcher des protestations de masse et une possible escalade. Mais, en fin de compte, Israël veut que les Palestiniens sachent que toute forme de résistance rencontrera des mesures radicales et inattendues.

Cela nous amène à la notion des valeurs juives et des « valeurs morales de l’armée israélienne ». Comme je l’ai mentionné auparavant à de nombreuses reprises, il n’y a pas de valeurs universelles juives. Le judaïsme et la culture juive possèdent une orientation tribale. De plus, le judaïsme est guidé par la Torah et par les Mitzvoth (commandements). En conséquence, on attend du juif qu’il suive les règles plutôt qu’il ne forme des jugements éthiques. La Haskalah, les lumières juives, était une tentative d’universaliser le judaïsme en imitant la pensée laïque européenne. Par conséquent, ces valeurs universelles, qui ont été introduites par la Haskalah, ne sont pas juives mais ont été empruntées par les juifs à leurs nations hôtes.

Le sionisme était la promesse de civiliser le juif par le moyen du « retour au foyer ». Il a accepté, de manière implicite, que les juifs n’étaient pas des gens comme tous les autres mais pensaient qu’ils pouvaient le devenir. Le sionisme a promis de faire des juifs des personnes productives qui graviteraient autour du travail et de l’agriculture. L’armée israélienne était censée être une force militaire humaine et éthique. J’ai grandi avec l’image de soldats israéliens qui donnaient leur eau aux prisonniers de guerre égyptiens (1967). Cela m’a pris quelques années pour apprendre qu’en réalité le désert du Sinaï était une zone de massacre de milliers de soldats égyptiens, envoyés à leur mort dans le sable. Cela m’a pris des années avant de réaliser les horreurs de la Nakba, le nettoyage ethnique brutal de la population palestinienne en 1948. Seulement 3 ans après la libération d’Auschwitz, la jeune armée israélienne, avec à ses côtés les forces paramilitaires juives, a commis des massacres dans des dizaines de villages palestiniens. Je suppose que je n’ai pas besoin d’entrer dans les détails en ce qui concerne les crimes de guerre israéliens actuels. Pour résumer, l’armée israélienne n’a jamais été une armée morale. Les valeurs de l’armée israélienne sont un mythe. Au lieu de ça, il y a un nombre croissant de crimes contre l’humanité. La façade de ce procès militaire était, dans la pratique, une tentative de véhiculer l’idée d’une pensée éthique. Après tout, le slogan du Mossad, « par la tromperie », pourrait bien faire partie d’une procédure cachère.

L’Agence télégraphique juive a écrit que le vainqueur de la primaire socialiste en France, Benoît Hamon, avait reçu le soutien « d’éminents antisémites ». L’agence poursuit en citant Dieudonné et Alain Soral qui ont appelé à sortir Valls de la présidentielle. Manuel Valls, connu pour son soutien zèlé à Israël, a en effet reçu une véritable gifle.

 

Qu’est-ce que cela révèle de l’humeur du peuple français ?

Il ne s’agit pas seulement de la France. Nous décelons une lassitude globale de la politique juive et de son lobbying. Nous pouvons la voir en Grande-Bretagne et aux USA. Les juifs sont les premiers à la remarquer. Les organisations juives se plaignent de la croissance rapide des incidents antisémites. Pourtant, au lieu de procéder à une introspection élémentaire, en se demandant ce qui amène à une telle indignation, ces organisations parviennent à répéter la même erreur de manière continue. Au lieu d’ouvrir la discussion sur Israël et le pouvoir juif, elles préfèrent utiliser tous les moyens à leur disposition pour tenter de supprimer la liberté d’expression et réduire au silence les critiques légitimes de la politique juive de l’identité, du sionisme mondial et de la brutalité de l’État juif.

On aurait pu s’attendre à ce que les juifs, après la Shoah, en tirent les leçons nécessaires et libèrent le passage pour amener à la suppression de l’arrogance juive. Mais, en pratique, c’est tout le contraire qui s’est produit. Les lobbies juifs, qu’ils soient sionistes ou antisionistes, sont ignobles et arrogants comme aucun autre.

Le CRIF se définit lui-même comme l’organe de représentation politique de la communauté juive organisée et son porte-parole. Dans les questions fréquemment posées sur son site internet, on peut trouver celle-ci : Le CRIF a-t-il de l’influence sur la vie politique française ? Voici la réponse :

Oui, le CRIF pèse sur la vie politique française en défendant sa vision de ce que devrait être l’action publique contre le racisme et l’antisémitisme, en proposant sa réflexion sur la transmission de la mémoire de la Shoah, ou en défendant son idée de la paix au Proche-Orient. En somme, le CRIF agit très exactement comme toutes les autres associations préoccupées par l’intérêt public.

 

Que pensez-vous de cette réponse ?

Je pense que c’est une réponse valable pour autant que les Français soient prêts à accepter qu’un groupe minoritaire, qui se trouve être privilégié, domine leur discours sur les affaires publiques, à savoir le racisme, le passé français et les affaires étrangères. L’histoire juive nous enseigne, à vrai dire, que ces célébrations du pouvoir juif mènent toujours à une fin tragique.

 

Sur CNN Bernard-Henri Lévy a écrit que l’administration Trump avait un problème avec les juifs. Comment expliquez-vous que BHL soit si préoccupé par Trump ?

C’est simple. BHL se rend compte que, compte tenu de son soutien intensif à la guerre et de son esprit belliqueux, lui-même représente un sérieux problème juif. Le sionisme repose sur l’idée de la Terre promise. Pourtant, le sionisme mondial, pour lequel BHL est un intermédiaire prioritaire, indique une transformation de la notion de « Terre promise » en « Planète promise ». Ce sont effectivement des interventionnistes immoraux comme BHL qui apportent des désastres aux juifs.

Lorsque BHL accuse Trump, le premier président juif américain, d’antisémitisme, il se pourrait qu’il nous donne un aperçu de son sentiment de culpabilité. C’est une toute dernière tentative désespérée pour empêcher de faire la lumière sur le continuum entre Israël et les guerres des Ziocon (Néoconservateurs sionistes) qui se propagent autour de notre planète.

 

Récemment, vous avez donné des concerts et des conférences en République tchèque. Vous avez annoncé que vous y seriez de retour en juin. Qu’est-ce qui vous plaît à propos de ce pays ?

À peu près tout. C’est un pays qui a su préserver sa culture, son éthique de travail, sa cuisine, sa productivité. C’est un pays qui vit en paix avec son passé et qui entrevoit une perspective d’avenir.

Il y a Gilad Atzmon le musicien, mais aussi Gilad Atzmon le penseur,
à lire sur Kontre Kulture

 

Les analyses de Gilad Atzmon, sur E&R :

 






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