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Erdoğan gâche la fête européenne anti-Poutine

Malgré le différend entre les deux hommes – notamment sur la Syrie, la Libye et le conflit arméno-azéri – et leurs deux géopolitiques – panturquisme pour l’un, panrussisme pour l’autre –, Erdoğan et Poutine ont toujours fini par s’entendre, que ce soit sur le dos des Européens (UE) ou des Américains. Le solo d’Erdoğan dans le conflit ukrainien irrite les Européens et les Américains : la Turquie est une pièce centrale du dispositif otanien, c’est-à-dire du dispositif antirusse.

 

Erdoğan est à la fois dans l’Europe et hors d’Europe. Ce statut particulier lui ouvre de grandes possibilités de manœuvre, ce qu’un Macron, esclave de la troïka Leyen-Scholz-Lagarde, n’a pas. Il est le larbin des intérêts européistes, qui sont eux-mêmes inféodés aux intérêts américains, le tout formant l’Empire. On l’a vu lors du sketch du petit chien courant après Biden, qui est lui-même la marionnette du pouvoir profond US.

 

 

Face à Macron et Biden, Erdoğan et Poutine font figure de vrais chefs, de vrais meneurs, de vrais défenseurs de leurs pays, de leurs peuples. On en pense ce qu’on veut – antidémocrates, autocrates –, mais ils font le job.

Le Figaro rappelle le tournant dans la relation entre les deux hommes : « le soutien exprimé par Poutine à Erdoğan après le coup d’État manqué en 2016 tandis que les pays occidentaux, pour leur part, critiquaient les répressions massives qui ont suivi cet événement en Turquie ». Pourtant, il y a eu l’assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara par un Loup gris (milice ultranationaliste turque), il y a eu le pilote russe descendu par un missile turc dans le ciel de Syrie, il y a eu l’avancée turque en Libye stoppée par les avions de Poutine... Dans leur relation, on dirait qu’au-delà de toutes ces frictions (les Russes et les Turcs ont été en guerre tout le long du XIXe siècle), l’anti-américanisme, du moins l’indépendance par rapport à l’Empire, leur tient lieu de ciment et finit par les réconcilier.

Le Figaro interroge à cet égard Isabelle Facon, directrice ajointe de la Fondation pour la recherche stratégique, une spécialiste des politiques étrangères et de défense russe.

À tort ou à raison, et avec évidemment des contextes historiques très différents, les deux pays considèrent que l’Occident a refusé leur volonté de rapprochement, d’intégration. Ils estiment aussi que les partenaires occidentaux ont ignoré leurs intérêts de sécurité tels qu’eux les conçoivent – par exemple sur la question kurde pour la Turquie, l’élargissement de l’Otan pour la Russie. La Turquie, comme la Russie, s’intéresse à l’idée d’un monde multipolaire moins occidentalo-centré, dans lequel les puissances régionales voient leur rôle valorisé.

Mais la posture anti-occidentale est clairement plus « massive », plus structurelle dans le cas de la Russie (qui se voit en puissance globale) que dans celui de la Turquie (qui veut étendre son influence mais à différentes échelles régionales). Ainsi, si pour la Russie on est sur des questions de principe, de vision du monde, pour la Turquie, on est dans quelque chose de probablement plus conjoncturel, de plus fluide car plus « négociable », et cela peut constituer une fragilité dans la relation bilatérale. C’est peut-être pour cela que les Russes se sont attachés, au cours de la dernière décennie, à entraîner la Turquie dans des coopérations économiques qui ont une portée stratégique, qui créent de la dépendance à long terme (nucléaire, énergie…).

 

Les deux pays se soutiennent et se tiennent mutuellement : Poutine veut reconstituer la sphère d’influence soviétique, que ce soit vers l’Europe de l’Est ou l’Asie centrale, tandis que la Turquie cherche à se développer du côté du Moyen-Orient et de la Méditerranée. Facon énonce que des « frictions » pourraient avoir lieu en Asie centrale, dans l’ancienne ceinture musulmane – et turcophone – de l’URSS. Erdoğan sait parfaitement jouer sur tous les échiquiers, par exemple avec sa participation élastique à l’OTAN, la confrontation Russie-USA, celle de la guerre froide qui offrait des espaces de liberté aux non-alignés. Erdoğan et Poutine se tirent le tapis : les Russes étant occupés, si l’on peut dire, en Ukraine, Erdoğan avance discrètement ses pions en Syrie.

Alors que tous les regards sont tournés vers l’Ukraine, le président turc Recep Tayyip Erdoğan semble en bonne position pour profiter d’un contexte géopolitique favorable à ses desseins pour lancer une nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie, contre la milice kurde syrienne YPG. Malgré les mises en garde de Washington, Ankara vise précisément Tell Rifaat et Manbij, deux localités situées à l’ouest de l’Euphrate. Décryptage. (France 24)

 

Mais c’est sur le cas de la mer Noire que Poutine a mis une no go zone.

 

 

Dans la complexe relation turco-russe, chaque partie a sa façon de résister à l’Empire. De manière frontale pour Poutine, par les côtés pour Erdoğan, qui a un pied chez les Russes et un autre dans l’OTAN. Facon écrit :

La Turquie est membre de l’Otan. Or un des grands objectifs de la politique étrangère russe ces dernières années a été de diviser par tous les moyens cette alliance qu’elle voit forte militairement mais faible politiquement. D’où les efforts pour réaliser rapidement le contrat de vente du système antiaérien S-400. Ce que nous montrions dans le livre, c’est qu’une des raisons pour lesquelles Ankara a travaillé à améliorer sa relation avec Moscou, c’était probablement sa perception que ses alliés occidentaux, au vu des crises que traversait l’Otan, ne seraient pas forcément d’un grand recours en cas de problème avec la Russie, et qu’il convenait donc de gérer et stabiliser au mieux cette relation en autonomie. La Turquie s’est trouvée en guerre près de quinze fois avec la Russie, elle sait à quoi s’en tenir sur ses ambitions et les dérapages que ces dernières sont susceptibles d’occasionner !

Dune manière générale, toute la carte géopolitique mondiale est en train de se redessiner dans ce nouveau conflit USA-Russie à peine larvé. De l’Afrique – où les médias occidentaux dénoncent l’avancée des troupes pro-russes Wagner – au Moyen-Orient, en passant par l’Asie centrale, sans oublier, évidemment, l’Europe de l’Est, si les frontières n’ont pas encore bougé, ce sont les alliances qui se redéfinissent depuis le coup de force – forcé – du 24 février 2022.

 

 

(Cliquez ici si la vidéo ne s’affiche pas)

 

La France, à une vitesse hallucinante, a abandonné toute indépendance diplomatique et militaire ; l’Allemagne investit 100 milliards dans l’armement ; le Japon réarme ; la Chine étend sa zone d’influence pendant que les yeux du monde sont rivés sur l’Ukraine ; Israël mène une guerre secrète meurtrière contre l’Iran, la moindre étincelle pouvant faire péter le Proche-Orient ; l’étoile de Biden pâlit aux États-unis, celle de Trump remonte ; Poutine devient en quelque sorte le chef du monde non-aligné, ou libre, mais libre par rapport à l’Empire. Nous vivons une époque mouvementée.

Courrier international titre, ce 29 juin 2022 :

L’engagement pris par Xi Jinping de soutenir davantage Moscou sur les questions de « souveraineté et de sécurité » est une manière, pour le dirigeant chinois, de dédaigner toutes les mises en garde de l’Occident selon lesquelles ne pas condamner l’action du Kremlin faisait encourir à la Chine de forts risques pour sa réputation. Mais le plus inquiétant pour les dirigeants occidentaux est que Xi Jinping est allé encore plus loin en promettant d’approfondir la coordination stratégique entre les deux pays.

Certains médias étrangers ont jugé assez « feutré » le dernier échange téléphonique entre Poutine et Xi (le seul depuis le début des opérations en Ukraine), comparé à la déclaration commune faite début février, le jour du coup d’envoi des Jeux olympiques d’hiver à Pékin : jugée bien dans l’esprit de la diplomatie des « loups guerriers » [une attitude offensive en direction des pays occidentaux], cette déclaration-là comportait notamment la fameuse phrase sur les relations sino-russes qui ne connaissaient « aucune limite ».

L’Union européenne, dirigée par des agents américains infiltrés à Bruxelles – des politiciens mondialistes corrompus et même pas élus ! –, a peut-être misé sur le mauvais cheval avec un OTAN agressif et des États-Unis racketteurs. En face, le monde non-aligné se structure sur une ligne anti-occidentale, et ces pays, qu’on appelait autrefois les BRICS, ont de quoi tenir. Il n’est pas sûr que les 450 millions d’Européens supportent un conflit long, qui pourrait leur valoir une chute drastique de niveau de vie. Pour les dirigeants de nos pays et de l’UE, pas de problème : ils ne connaissent pas la pénurie, se foutent de l’inflation, ne font pas la guerre, n’y envoient pas leurs enfants. D’ailleurs, ils n’ont pas d’enfants.

La Guerre, sur E&R :

 






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38 Commentaires

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  • #2984675
    Le 30 juin 2022 à 05:10 par Nono
    Erdoğan gâche la fête européenne anti-Poutine

    Erdogan est une girouette, indigne de confiance
    Quand on a un dirigeant qui s allie à l entité sioniste criminelle c est qu on est foncièrement mauvais

     

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  • #2984706
    Le 30 juin 2022 à 06:19 par anonyme
    Erdoğan gâche la fête européenne anti-Poutine

    Que cet Erdogan récupère ses millions de ressortissants en Allemagne, après il pourra parler !
    Quand il nous envoie des millions de migrants on devrait lui renvoyer des millions de turcs en échange !

     

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  • #2984736
    Le 30 juin 2022 à 08:18 par Tortue Géniale Participative
    Erdoğan gâche la fête européenne anti-Poutine

    Faux, nul, zéro.
    Erdogan le frère musulman ne gâche rien du tout, il vient de valider l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN et en échange les scandinaves lui livreront quelques militants kurdes à torturer.
    La confrontation à venir entre l’OTAN et le bloc sino-russe impliquera une guerre Turquie/Russie durant laquelle se décidera le sort de Constantinople (aujourd’hui Istanbul).

     

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    • #2984818
      Le Juin 2022 à 10:45 par Bart
      Erdoğan gâche la fête européenne anti-Poutine

      Svalbard est cet endroit ou sont entreposées toutes les semences du monde .En cas de guerre qui dévasterait le monde
      .
      C’est un territoire occupé par les Américain .

      En septembre 2021, près de 1,1 million d’échantillons de semences étaient déposés dans la Chambre forte du Svalbard, représentant plus de 6 000 espèces végétales.

      C’est une enceinte fortifiée, taillée dans la roche glacée et enfouie à plus de 120 mètres de profondeur à l’intérieur d’une montagne.

      Ainsi, en 2008, a vu le jour un immense grenier secret, ou plutôt un vrai frigo, niché au Spitzberg, principale île de l’archipel du Svalbard (Norvège). L’endroit est l’un des plus froids de la planète et qu’avec 200 mm de précipitations par an – moins qu’au Sahel ! -, il s’agit aussi d’un désert aride.

      Ainsi, même en cas de défaillance du système électrique, la chambre forte, maintenue à -18 °C par un compresseur d’à peine 10 kW, pourrait conserver les graines durant des mois, voire des années. Sachant qu’une panne électrique dans n’importe quelle banque de semences peut conduire à la perte des collections en seulement quelques jours.

      Qui plus est, à la fois à l’abri des catastrophes naturelles (la zone est sismiquement calme) et relativement protégé des troubles politiques : la zone est démilitarisée par un traité international .

       
    • #2985532
      Le Juillet 2022 à 16:05 par Angle US
      Erdoğan gâche la fête européenne anti-Poutine

      "il vient de valider l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’OTAN et en échange les scandinaves lui livreront quelques militants kurdes à torturer."

      Il est intéressant de remarquer que sur Fox News (média patriote US), on ne présente pas la chose sous cet angle, même si depuis un mois presque tous les médias internationaux évoquent cette monnaie d’échange ("terroristes kurdes" contre "adhésion à l’OTAN").

      Sur Fox News on raconte que l’accord de la Turquie a été obtenu en échange de la promesse de Biden que les USA lui vendraient des F-16 (alors que de tout temps les USA ont cherchés à avoir le monopole de la vente d’arme chez les membres de l’OTAN). En présentant les choses de cette façon, cela évitait à Fox News d’avoir à expliquer à son auditoire pourquoi "des combatants de la libertés kurdes" protégés par la Suède sont soudainement devenus "des dangeureux terrorsites à extrader" (une explication qui aurait été d’autant plus délicate que les USA hébergent également un opposant Turc de premier plan, et son entourage, également qualifiés de terroristes par la Turquie).

       
    • #2987038
      Le Juillet 2022 à 20:07 par T129
      Erdoğan gâche la fête européenne anti-Poutine

      Rien n’est validé, il y’a plusieurs étapes avant l’adhésion totale, la Turquie peut encore son veto.

      https://www.youtube.com/watch?v=TMu...

       
  • #2984800
    Le 30 juin 2022 à 10:07 par Pépé le Moko
    Erdoğan gâche la fête européenne anti-Poutine

    " Pour les dirigeants de nos pays et de l’UE, pas de problème : ils ne connaissent pas la pénurie, se foutent de l’inflation, ne font pas la guerre, n’y envoient pas leurs enfants. D’ailleurs, ils n’ont pas d’enfants "

    Ils ne se font pas " vacciner " non plus ... tous ça , c’est pour les gueux !!!

     

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  • #2984815
    Le 30 juin 2022 à 10:42 par Jo
    Erdoğan gâche la fête européenne anti-Poutine

    Erdogan est le symbole du vendu au plus offrant, un jour à l’un, le suivant à l’autre. Physiquement, il le porte sur lui. Il est frêle comme Zemmour. Il n’inspire pas la confiance.
    Mais... Il a le profil parfait pour jouer un double-jeu...
    Depuis que Poutine lui a sauvé les fesses du Coup d’Etat US/IS, joue-t-il le rôle de la taupe au sein de l’OTAN pour le compte de Poutine et Xi, qui assurerons systématiquement ses arrières ?
    Est-il celui qui va pousser l’OTAN à se fracasser contre le mur Sino-Russe ?
    La Turquie verrouille la Mer Noire, c’est sa seule raison d’être... Et il n’a jamais fermé la porte à la Russie....

     

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  • #2984861
    Le 30 juin 2022 à 12:08 par SSSQ
    Erdoğan gâche la fête européenne anti-Poutine

    Du peu que j’en sais, je vois Erdogan comme un mec dont le seul soucis est la Turquie. Mais à un point qu’en fait ce mec n’est allié avec personne sauf avec Eole et Ataturc. Dans un double de tennis, c’est le genre à jouer des deux côtés du terrain, ce qui finira par énerver son partenaire, mais aussi ceux d’en face car à trois on est bien trop sur une moitié de terrain. Il se pourrait bien que la Turquie, qui aura 100 ans l’année prochaine, ne finisse comme sa cadette, l’Ukraine. Quand on dit qu’on est à tout l’monde, tout l’monde se sert...

     

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  • #2984910
    Le 30 juin 2022 à 13:39 par géopolix
    Erdoğan gâche la fête européenne anti-Poutine

    on pourrait trés bien avoir la France membre de l’ OTAN, mais avec un president plus neutre dans l’actuel conflit ukrainien . Un visionnaire qui aurait été dire à ZelinskIi , il faut négocier avec Poutine, car sinon votre pays sera en ruine, surtout si l’ensemble des pays de l’ Otan vous approvisionnent en armes, çà ne fera que prolonger la guerre et au final vous serez obligatoirement perdant .
    Car normalement l’ Otan est un traité de défense récicroque et il n’oblige pas à faire la guerre à l’extérieur pour aider un pays non membre .

     

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  • #2984980
    Le 30 juin 2022 à 16:18 par Ed
    Erdoğan gâche la fête européenne anti-Poutine

    C’est certainement sous l’influence des américains que l’Europe chrétienne a colonisé les Amériques et qu’elle mène des guerres saintes depuis 2000 ans.. aussi certainement sous l’influence d’un seul nazaréen mdr

    Bref, qu’est-ce qu’on invente pas pour justifier sa lâcheté et sa fourberie ;)

     

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  • #2985156
    Le 30 juin 2022 à 22:25 par Autre vue
    Erdoğan gâche la fête européenne anti-Poutine

    Peut-être que l’armée turque a repris le contrôle du pays et exposé Erdogan en vue des prochaines élections : la fin du simulacre islamiste. Voir la visite de MBS venant soutenir l’économie turque.

     

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  • #2989142
    Le 8 juillet 2022 à 16:08 par Merlin
    Erdoğan gâche la fête européenne anti-Poutine

    La bouffonnerie de Macron est réellement sans limites.
    Je commence presque à être content qu’il ait été réélu, ça nous donne l’occasion de le voir tomber chaque jour un peu plus profond dans les abîmes du ridicule...

     

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