Il l’avait dit, il l’a fait. Si Trump avait écrit Mein Kampf, ou son Petit Livre rouge, tout aurait été dedans, et tout (ou presque) aurait été réalisé. Pas toujours en temps et en heure, ni d’une manière académique, mais en politique comme en foot, seul le résultat compte. Même quand le match est acheté.
Hâtivement qualifiée, à tort, d’isolationniste, la diplomatie trumpiste est active, brouillonne, interventionniste, y compris là où on ne l’attend pas. Son concept de « paix par la force », dans la pratique, est une diplomatie du « deal » menée par quelques hommes de confiance du président, dans laquelle les objectifs économiques jouent un rôle important, et qui n’exclut pas l’usage de la force, comme on l’a vu avec les frappes contre l’Iran. Une diplomatie du cessez-le-feu beaucoup plus que de l’accord de paix juste et durable. (Sylvie, le 2 juillet 2025)
On s’amuse, devant la technique Trump, à voir Sylvie (Kauffmann) du Monde perdre ses repères et son sang-froid, à chercher si Trump est un isolationniste ou un interventionniste, selon la bonne vieille doctrine Monroe. Il faudrait ajouter une troisième doctrine, plus adaptée aux temps présents : l’opportunisme. Dans Les Sopranos (neuvième épisode de la sixième saison), une scène nous a marqués. Tony et son neveu Chris, pendant une virée en bagnole, découvrent en pleine nuit une camionnette de livraison ouverte...
Eh bien Trump fonctionne comme Tony Soprano : il a une idée en tête, et, selon les circonstances, la fait avancer, ou il la met de côté. Mais il garde toujours son cap. Si Tony est un voleur, Donald est un dealer, au sens noble du terme. Il utilise la force ou la douceur selon l’efficacité de l’outil à un moment donné. Cela donne la diplomatie, avec des pressions terribles, voire des menaces, et la force militaire, mais mesurée.
In caudam venenum
Au moment où le monde entier a les yeux rivés sur la rivalité entre l’Iran et Israël, avec Trump en arbitre, soudain il annonce renvoyer les systèmes de défense antiaériens américains à la maison, laissant les Ukrainiens à poil dans le ciel face aux Russes. On peut déjà imaginer un deal entre Poutine et Trump, et pas seulement sur l’Ukraine, peut-être sur l’Iran, qui veut justement se doter d’un système de défense antiaérien (russe). Mais ce ne sont que supputation, encore une fois, il faudra attendre la fin du coup à deux ou trois bandes, car avec Trump, on ne peut pas en rester au premier coup de billard, qui a souvent l’air débile, ou contre-productif.
Cette décision, soutenue par le sous-secrétaire à la défense, Elbridge Colby, fervent défenseur du pivot américain vers l’Asie et très influent au Pentagone, a été avalisée, mercredi, par le secrétaire à la défense, Pete Hegseth. Elle prévoit une suspension de la livraison à l’Ukraine de missiles antimissiles Patriot, mais aussi d’obus d’artillerie de 155 mm, de missiles sol-sol GMLRS, de missiles antichars Hellfire, de missiles sol-air Stinger et de missiles air-air pour les avions F-16. (Le Monde du 3 juillet 2025)
La réponse russe, par l’intermédiaire du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, n’étonnera personne, même s’il suppose que c’est parce que les cales US sont vides !
« D’après ce que nous comprenons, cette décision a été motivée par […] un manque d’armes dans les entrepôts. Mais, quoi qu’il en soit, moins il y a d’armes fournies à l’Ukraine, plus la fin de l’“opération militaire spéciale” est proche. »
Ce faisant, Trump, qui n’a jamais caché son aversion pour l’OTAN et les européistes, leur met une pression énorme. Les deux entités n’ont pas encore les moyens de sécuriser le ciel ukrainien, et ont encore moins de produire suffisamment d’obus pour que l’Ukraine tienne. Ce sont les populations de l’UE qui vont trinquer puisque leurs dirigeants veulent appliquer le principe des 5 % du PIB consacrés aux dépenses militaires... Comme si la crise économique et sociale n’était pas assez dure ! Un demi-milliard d’Européens se font racketter pour une guerre perdue d’avance qu’ils n’ont pas choisie, tout ça pour affaiblir une Russie qui ne s’affaiblit pas ! Et puis, ce soutien – ou le manque de condamnation – du pouvoir génocidaire israélien... On est vraiment sur le continent perdu !
FLASH | « 18 paquets de sanctions ont été imposés contre la Russie pour son occupation de l’Ukraine par l’UE et 0 paquet de sanctions contre un État reconnu par le monde entier en train de violer gravement et de perpétrer les crimes les plus atroces contre le peuple… pic.twitter.com/2mEoGHzLwt
— Citizen Média (@CitizenMediaFR) July 2, 2025
Justement, à propos d’Israël, et ça ne va pas faire plaisir à Sylvie, pro-Israël (mais pas celui de Netanyahou) et très anti-Russie (pour elle, les Européens ont été « aveuglés » par Poutine, qui est l’agressivité incarnée), le soutien américain à Israël est en train de s’effondrer, dans la société civile.
La propagande s’effondre , les consciences s’éveillent aux !
2017, les Démocrates (+13 pts)
2024, soutien à la (+43 pts) !Chez les - de 50 ans c’est encore + !
2017 : + 14 pts pour →
2025 : +57 pts pour la !
Historique ! pic.twitter.com/Zo5vIXYuix— moonbee (@BMoon_bee) July 2, 2025
Le prochain coup d’échecs de Trump devrait avoir lieu en Asie. On sent que l’effort de guerre US a quitté le Proche-Orient et l’est européen pour la Chine.