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Joker de Todd Phillips : l’apothéose de la culture de la mort ?

La nouvelle mouture cinématographique du Joker est inspirante puisqu’un nombre incalculable de bimbos de la presse aux ordres semble craindre que cet opus puisse inciter certains blancs-becs laissés pour compte à passer à l’acte.

 

La démesure comme purge salvatrice

Hommage à la démesure au cœur du quotidien des « cerveaux dérangés », cette nouvelle production hollywoodienne semble mettre la table pour un procès en règle de notre société post-industrielle. Société du paraître où les plus faibles sont prestement mis en quarantaine, en attendant qu’on les euthanasie. C’est dans ce contexte que la figure, désormais, emblématique du Joker nous interpelle, comme si le « mal ordinaire » qui dort dans les eaux mortes de l’Amérique finissait par engendrer des « misfit » [mésadaptés] qui représentent un danger pour la sécurité des pharisiens aux commandes.

Un critique sur le Web parle de la nouvelle incarnation du Joker par l’acteur Joaquin Phoenix en le dépeignant comme « …un mec qui pète un plomb après en avoir pris plein la gueule… ». De fait, la nouvelle version de cette histoire épique met en scène un Joker qui personnifie tous les mésadaptés de notre société vénale plongés au plus profond de leurs insolubles contradictions. Le mal et le bien n’existent plus. Seule, la folie ordinaire causée par la souffrance au quotidien exulte au gré d’un magnifique carnaval sadique et dionysiaque. Le mal-être finit par percoler le plus naturellement du monde à travers les vaisseaux sanguins d’une société qui ressemble à s’y méprendre à un vaste camp d’internement psychiatrique.

 

L’internement et la torture comme modus operandi

De facto, l’extraordinaire attirance générée par les antihéros de la trempe d’un Joker proviendrait du fait qu’ils personnifient une hypothétique revanche prise en charge par toutes les victimes des ordres psychiatriques, paramilitaires, mafieux et pseudo-religieux aux commandes du grand œuvre qui consiste à massacrer l’innocence stricto sensu. C’est justement ce phénomène libidinal qui fascine les foules depuis plus d’un siècle déjà.

La revanche sanglante du fou qui a été castré chimiquement, qu’on a édenté et électrocuté jusqu’à plus soif, prostré dans sa camisole de force et bafoué en son âme, cet appel d’air plonge littéralement les foules cinéphiles dans un état extatique. Et, cette fois-ci, il semblerait que la presse officielle aux abois n’ait pas du tout apprécié cette sordide mise en scène, craignant qu’une part importante du public ne finisse par se transformer en émule du Joker. L’internement et la torture représentant, in fine, le modus operandi d’une société construite sur le modèle d’une machine à générer toujours plus d’aliénation.

 

Une rédemption à l’envers

La dernière version cinématographique du Joker, mise en scène par Todd Phillips et son acolyte Joaquin Phoenix, est plutôt réaliste et s’inspire du style des polars mis en scène par tous les Scorsese des années 1970. C’est avec cette idée en tête que l’on peut facilement dresser un parallèle entre le Joker de Todd Phillips et le Taxi driver de Scorsese dans un contexte où c’est l’univers des mégapoles qui génère son lot de dégénérés.

Lire la suite de l’article sur patricehansperrier.wordpress.com

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102 Commentaires

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  • #2298059

    Depuis qu’on a inventé la critique cinéma les gens se croient intelligents ; ils pensent même développer leur esprit critique. Or on sort toujours plus bête d’une salle de cinéma que lorsqu’on y rentre.
    A tous les entendre, si l’on ne va pas voir ce film on rate clairement quelque chose. Au mieux, c’est divertissant... je veux bien le croire car pendant que tu bouffes tes pop-corn tu ne penses certainement pas à fomenter un coup d’état ou à mener une révolution anti-bourgeoise. Donc le coup du film "hyper-critique" sur la société... c’est juste comique.

    Un film produit par des millionnaires, réalisé par des millionnaires, joué par des millionnaires, diffusé et promu par des millionnaires qui viennent nous pondre une critique acerbe sur le système capitaliste... Mais bien sûr ! En réalité ils ne font qu’esthétiser notre époque laide et vulgaire. cela fonctionne, certains crient au chef-d’oeuvre voire au génie.
    Dans sa démesure le joker incarne en fait subtilement tout à chacun : la frustration, le manque de reconnaissance, l’ambition etc. Le gueux s’identifie, il est enfin représenté au cinéma... par un clown sociopathe. Belle prophétie. Triste époque.

    Bref, s’il suffisait de mâcher du chewing-gum pour prétendre à la radicalité, ça se saurait.

     

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  • #2298066
    Le 15 octobre 2019 à 03:24 par robin in tha hood
    Joker de Todd Phillips : l’apothéose de la culture de la mort (...)

    Par son anarchisme le joker de Ledger est simplement meilleur, plus profond que l’autre guignol en manque de célébrité !

    T’en as un qui veut abolir l’argent en coulisses tandis que l’autre rêve de faire le clown sur le devant de la scène.
    Le premier stipule que le chaos absolu est préférable au chaos capitaliste alors que le second rêve de s’y intégrer. Qui est le révolutionnaire, qui est la fiottasse... y’a pas photo.

    Avec le premier, tu veux abolir le système, avec l’autre tu veux juste t’en venger comme une petit gamin... conscience révolutionnaire ou conscience narcissique... faut choisir.

     

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    • #2298874

      Evidemment mais le Joker de Ledger atteint de folie chaotique, qui méprise cette société sans valeurs et qui est selon lui "comme un chien qui cours après une voiture, à savoir qu’il ne sait pas ce qu’il en ferait s’il l’attraperait" n’est pas né ainsi.

      Personne ne naît haïssant le système, ça passe forcément par des désillusions des déceptions des chocs...
      Le Joker de Phoenix n’est pas fou,il lutte de toutes ses forces malgré son handicap pour ne pas se laisser écraser par la société mais les agressions, les moqueries et les déceptions le ramènent toujours à sa triste vie ou il n’a que sa mère... Jusqu’au point de non retour ou une fois de plus moqué et agressé, il réagit et tue pour la première fois.
      C’est le début progressif d’une nouvelle vie bien symbolisée par la scène ou il s’enferme dans le frigo tel un cocon ...

      Après s’être débarrassé de sa mère,son unique lien avec les vivants, Il devient ainsi ce joker symbole du chaos qu’il provoque sans même le vouloir comme cette scène dans le métro aérien ou il enlève le masque de clown d’un manifestant provoquant ainsi bagarre générale et 1 mort au passage,..
      Lui même le dit dans le film lorsque le présentateur de l’émission Murray lui demande si son déguisement de clown est lié au mouvement de révolte "anti-riche" de Gotham dans lequel les gens portent tous des masques de clowns , il répond que non, que lui ne croit en rien....( alors qu’il est lui même le créateur involontaire de ce mouvement CHAOTIQUE qui a pris forme lorsqu’il tua 3 jeunes traders de wall street en légitime défense, devenant bien malgré lui le symbole de la lutte des habitants de Gotham contre le capitalisme).

      On le voit sombrer définitivement dans la folie sur la fin du film , j’ai vraiment été bluffé par le jeu de Phoenix car j’ai rarement vu des yeux et un sourire personnifier autant le folie que dans cette dernière scène...

      Pour finir je dirais qu’à partir de cette scène il devient le Joker que l’on connait n’ayant pas les mêmes buts que les criminels classiques, donc impossible à cerner et donc mortellement dangereux...ET donc le Joker de Ledger peut pour moi parfaitement être la suite du Joker de Phoenix

       
  • #2298554
    Le 15 octobre 2019 à 17:37 par Le Malicieux
    Joker de Todd Phillips : l’apothéose de la culture de la mort (...)

    Résumons : ce que produit le système mondialiste est infect... sauf les films qui nous plaisent, j’ai bon ?

     :-)

     

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    • #2298735

      Non, vous avez encore tout faux, et ce pour la simple raison que votre énoncé de départ est unilatéral, mais c’est logique puisque vous vous servez la soupe tout en étant un piètre cuistot ! Le cinéma, et en l’occurrence ici sa locomotive mondiale à savoir le cinéma américain, est capable de produire le meilleur comme le pire. Que vous ne soyez même pas capable d’intégrer cette considération simple, de bons, et accessible même à une intelligence très moyenne, en dit plus long sur vous que sur les autres. C’est juste pathétique. Pensez à boire un verre d’eau de temps en temps, reprenez votre souffle et redescendez un peu.

       
    • #2298767

      « Que vous ne soyez même pas capable d’intégrer cette considération simple, de bon sens, et accessible ... »

       
  • #2298653

    En réalité quasiment toute la critique institutionnelle encense ce film. Aller lire les critiques Télérama, etc... 5 ou 4 étoiles partout, les bobos l’adorent et le prenne pour un film anti Trump. D’ailleurs je suis aller le voir et il y a dans les manifs insurectionnelles de clowns un panneau avec un type âgé blond qui ressemble étonnament à The Donald ! Ce film est nul à chier...je me suis emmerdé comme un rat mort. Et les fous rires incessants de l’acteur principale sont insupportables. Dire qu’il y a des gens qui comparent cet étron cinématographique à du Kubrick genre Orange Mécanique... À mourir de rire.

     

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  • #2299059

    Film vu hier, un peu long à se mettre en place mais qui fait passer tout un tas de messages intéressant. Notamment une position clairement pro-patriarcale qui montre les dégâts d’une éducation sans père.
    Le joker vit avec sa mère un peu timbrée et passe son temps à rechercher l’identité de son vrai père. C’est d’ailleurs le mensonge de sa mère qui le fera partir complètement en vrille.
    Film intéressant avec pas mal de messages qu’il faut digérer lentement.

     

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  • #2299079

    Excellent film, éminemment politique. Le personnage principal en fait des tonnes mais c’est la société qui l’a mis au monde qui est dénoncée.

     

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  • #2299525

    j’ai vu le film hier...effectivement il m’est bien en perspective ce que les mégapoles génèrent de fous et de psychopathes...ces talks show debilent qui symbolisent assez bien les médias, la société du mensonge et de la consommation à outrance mais il y a qque chose de nouveau, le bouc émissaire est dorénavant le riche ("kill the rich") qui profite sans aucune compassion du système et méprise le pauvre, il faut aussi tuer leurs supplétifs ou successeurs , comme ces 3 jeunes cons bien propres sur eux (symbolisés par les 3 meutres du début) qui équivalent à nos bobos parisiens finalement...c’est un film est très dur avec la société actuelle mais ne nous y trompons pas il est aussi le système ...

     

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  • #2300639

    Cher Patrice, je trouve votre critique intelligente, structurée et rationnelle mais au final soporifique, paralysante et mortifère.
    Les clowns sont des hommes-limites. Loin d’être de simples amuseurs, ces bouffons cérémoniels ont comme fonction de rendre manifeste le censuré, le refoulé, le censuré.
    Figures de déstabilisation, ils opposent la démesure insensée à l’ordre gouverné par la raison, et par là, introduisent la confusion dans l’ordonnance des codes et la condition des êtres.
    Par leurs actes, ils sont capables de déclencher une étincelle salvatrice dans les consciences pétrifiées par des années de domestication.
    En vérité, et au-delà des apparences ou des financements, ce sont des coups de tonnerre, des éveilleurs souvent inconscients.
    Peut-être n’ont-ils pas le recul critique nécessaire qui pourrait justifier ou motiver leurs accès de folie, mais au moins acceptez qu’ils aient le sursaut vital et intuitif qui les poussent à crier qu’ils existent.
    "Heureux soient les félés car ils laisseront passer la lumière" disait Audiard.
    Le Christ n’a-t-il pas lui aussi transgressé l’ordre corrompu ?
    Je vous le dit Patrice, le clown, c’est la culture de la vie.

     

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    • #2301323
      Le Octobre 2019 à 16:38 par Patrice-Hans Perrier
      Joker de Todd Phillips : l’apothéose de la culture de la mort (...)

      Merci pour ce commentaire qui me tance un peu ;)

      Il est difficile de pondre une analyse en quatre, trois, cinq ou six feuillets dans un contexte où le déroulé de la pensée est souvent en contradiction avec l’acte de communiquer à autrui des impressions, des ressentis ou une vision d’un épiphénomène.

      Quoi qu’il en soit, la société mortifère du spectacle (c’est elle qui est mortifère) met en scène tous les clowns de ce monde afin de nous distraire de « nous-mêmes » et pour introduire un peu de distorsion cognitive dans le « grand cirque ordinaire de l’ordo marchand ».

      Nous sommes tous un peu fêlés après tout, comme vous le dites si bien ...

      toutefois, l’explosion du refoulé n’est pas toujours une solution si libératrice qu’il n’y parait au premier coup d’oeil ...

      Une chose importante que je retiens de ce film glauque, mais dont je n’ai pas fait mention, c’est la crise sociale inéluctable causé par la PERTE symbolique de l’autorité PATERNELLE.

      Les hommes sont désorientés puisque privés de tous repères émotionnels, symboliques ou éthiques.

      Il ne subsiste que la « loi de la jungle » en bout de ligne, dans un contexte où les opérateurs des marchés financiers tentent de sauver leur mise, d’engranger un maximum de profits et d’investir dans des actifs tangibles avant que TOUT s’effondre, une fois pour toute.

       
    • #2301477

      Merci pour votre réponse :)
      Encore une fois, vous avez tout à fait "raison" dans vos analyses.
      Ce que j’ai voulu faire sentir à travers mon message, c’est la nécessité de l’acte instinctif, irréfléchi.
      J’oserais presque inné.
      Autrement dit, celui qui vient directement du coeur, sans passer par le filtre de la raison.
      Les sans-filtres de nos jours : ce sont les enfants, les "fous", les animaux.
      Lorsque l’on sait bien les écouter, ceux-ci nous montrent le bon chemin, préviennent de la présence d’un danger, d’une corruption.
      Voici une "loi de la jungle" qu’il serait bon de réapprendre.
      La plupart du temps nous les voyons comme des espèces inférieures, qu’il faut domestiquer voire interner.
      C’est la même attitude que nous avons vis à vis de la nature.
      On coupe, on taille, on débroussaille, on clôture, on désherbe, on tond, on rase, on domestique.
      Comme j’ai hâte que le prix du pétrole monte si haut que l’on ne puisse plus contenir la puissance de la forêt primordiale.
      Que bientôt percent les pissenlits et coquelicots à travers les asphaltes, ces oppressions bitumineuses qui engendrent le glauque.
      Et cette chape qui recouvre nos villes est la même qui étouffe nos âmes.
      C’est du "Francis Cousin" ce dont je vous parle :)
      C’est aussi la foi dans l’équilibre des principes qui est inscrit dans la nature.
      Alors vive la jungle !

       
  • #2308531

    Hum... Je n’avais pas vu un film aussi poignant depuis V for Vendetta en 2005.
    Cela fait longtemps que je ne vais plus au cinéma lassé par les Purges d’Halloween aussi ennuyeuses qu’inutiles ou les tentatives d’inversion du bien et du mal comme pour la Maléfique de Disney. Mais nous avons là en effet un chef-d’oeuvre, et c’est si rarement le cas pour Hollywood qu’il faudrait peut-être s’en méfier.

    Todd Phillips et son équipe arrivent à planter un décor tout à fait crédible à l’histoire à demi-branlante du Joker. Les fameuses Purges illogiques des années précédentes deviennent à tout fait crédibles s’il s’agit de se débarrasser des riches plutôt que de s’entretuer entre pauvres, la frontière entre le bien et le mal est totalement évaporée tant et si bien que le spectateur se met machinalement du côté du Joker lorsque celui-ci passe à l’acte. Ce film est d’une efficacité diabolique et sort dans un contexte mondial assez chaotique.

    A l’instar des autres Brave New World ou 1984, tous des oeuvres de membres de l’élite mondiale systématiquement étudiées dans le système scolaire sans aucun effet, on peut se demander à qui profiterait réellement le chaos !

     

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  • #2311678
    Le 1er novembre 2019 à 03:07 par Yves Mercier
    Joker de Todd Phillips : l’apothéose de la culture de la mort (...)

    La gauche bourgeoise panique quand même à propos de ce film quand elle soupçonne qu’il peut réveiller les gens a penser une lutte de classe. https://www.youtube.com/watch?v=bUf...

     

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