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La bombe sociale du projet de loi "France Travail" : contrôler et punir

Le rapport de préfiguration sur la création de « France Travail » et ce qu’il annonce, 15 à 20h d’activité forcée pour les allocataires du RSA, est effrayant. Voici ce qu’on peut en retenir.

 

Le projet de loi prévoit l’inscription de tous les allocataires du RSA à Pôle Emploi, devenu France Travail, et surtout l’obligation d’effectuer 15 à 20 heures d’insertion par semaine, sous forme de formation, d’atelier CV ou de stage en entreprise.

 

 

Le rapport ne précise pas en quoi consisteront précisément les tâches au sein de ce « parcours intensif » destiné aux personnes « qui en ont besoin ». Ni les critères d’inscription dans ce parcours, ni sa nature ne sont réellement dévoilés.

Une chose est sûre : cela semble complètement discrétionnaire, et aucune règle uniforme ne semble posée, comme le confirmait en avril à France Info le haut-commissaire à l’emploi, Thibaut Guilluy, auteur du rapport de préfiguration.

On ne sait pas encore où ces activités devront se dérouler. Le rapport évoque « les besoins du territoire » ainsi que l’implication des « agences de placement et d’intérim ». Peut-on imaginer que ce travail – non indemnisé – pourra s’effectuer pour le compte d’une agence d’intérim ?

C’est lorsque l’on arrive au registre des sanctions que l’on comprend la nature ultra répressive et profondément anti-pauvre de cette loi. Le rapport de préfiguration propose la création d’un nouveau type de sanction nommée « suspension remobilisation » plus souple, activable par France Travail ou par les conseils départements sans procédure disciplinaire préalable, ce coup de fouet financier pourrait avoir lieu, préconise le rapport :

« avant la signature du contrat d’engagement, si la personne ne se présente pas à ses deux rendez-vous de diagnostic initial sans motif légitime et tout au long du parcours, en cas de détection de la non-tenue des engagements dans le cadre d’un contrôle ».

Auditionné à l’Assemblée nationale, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a repris le projet de « sanctions remobilisations ».

 

 

Le rapport propose, pour rendre ces sanctions possibles, un contrat d’engagement unique pour tous les allocataires mentionnés précédemment, qu’ils soient chômeurs et donc bénéficiaires de l’Assurance-chômage, ou en Contrat Engagement Jeune, financé par l’État : les pauvres sont désormais tous les mêmes et ils doivent être traités aussi durement. Derrière cette notion de « sanction remobilisation », il y a l’idée que les allocataires sont des gens qui ne fonctionnent qu’à la contrainte et qu’ainsi on les aide, on les « accompagne ».

C’est ne rien comprendre à la très grande pluralité et diversité de situations des allocataires du RSA : maladie d’un proche, envie de changer de vie, incapacité de travail... Une multiplicité de situations dont nous avons recueilli des témoignages.

En regroupant tous les allocataires de prestations sociales dans le même sac, le gouvernement valide l’idée dégueulasse selon laquelle les pauvres sont tous les mêmes. « France Travail » met au même endroit des gens dont les prestations proviennent de problèmes différents.

« France Travail » change la logique de notre protection sociale : nos droits sociaux ne sont plus une assurance collective que nous avons assurée ensemble, par notre travail, pour nous et nos concitoyens, mais des minima fournis par l’État et fortement conditionnés.

Cette aumône qu’on nous distribue et sur laquelle nous perdons collectivement toute maîtrise n’est plus de la solidarité, c’est de la charité venue d’en haut. Cette vision charitable de l’aide sociale imprègne ce projet de loi : pour recevoir de l’aide, nous devons la mériter.

C’est pourquoi le projet de loi « France Travail » comporte un « accompagnement » totalement infantilisant et déresponsabilisant où des organismes vont s’occuper de vous, jusqu’à vous faire travailler gratuitement.

La langue macroniste en la matière est effrayante : le haut commissaire à l’emploi pense que l’activité obligatoire va « rapprocher la personne de l’autonomie par le travail » : qu’est-ce que cela veut dire, au juste ? Que sans travail, on n’est pas autonome ?

Et attention, si vous n’êtes pas sages, « sanction remobilisation » jusqu’à ce que vous courbiez l’échine. Ce projet détruit la solidarité au sein de la société. Il entérine l’idée selon laquelle les pauvres ne veulent pas s’en sortir et qu’il faut forcer à agir.

Ce projet de loi vise à fournir au patronat français une main-d’œuvre docile, « insérée », « adaptée au marché de l’emploi ». Comme la réforme du lycée pro, elle fait des besoins en main-d’œuvre des entreprises l’alpha et l’oméga de l’action publique d’insertion et de formation.

 

 

Le boom du sous-emploi non salarié

 

Comme prévu, sur E&R

 






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89 Commentaires

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  • #3179034

    Nous avons maintenant la police du travail ; la police de la sante ; la police de la pensee ; la police de la route ; la police ecologique ; la police politique ect....ect....
    A part ca la France n est pas un etat policier.

     

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    • attend , quand S. Rousseau va accéder au pouvoir , tu auras aussi la police du sexe , de la conjugalité , de la parentalité et des rapports sociaux entre genres.. sois patient , tout vient à point à qui sait attendre :)

       
    • La police du travail existe depuis 1892 : ça s’appelle l’inspection du travail...

      Vous avez quelques métros de retard @ Daktari.

      Ps : Bise à Judy.

       
    • @ladko
      C est vrai ; je proposerai bien l ouverture d un musee de la police mais il existe deja. J ai egalement pense a la police des polices mais c est aussi le cas.
      Ils installent aussi la police financiere avec la monnaie numerique et le controle de nos comptes bancaires ; la police du Web et je vais desormais faire attention a ce que j ecris voir ne plus le faire.et passer plus de temps au stand de tir ou nous sommes aussi -flicques-.

      Sans oublier la gendarmerie qui est aussi une force de police.
      Il semblerai que nous soyons bien dans un etat policier

       
  • #3179129
    Le 18 mai 2023 à 12:46 par Palm Beach Post : "Cult !"
    La bombe sociale du projet de loi "France Travail" : contrôler et (...)

    ’tain, il a vraiment la tronche de l’emploi :

    lui, c’est open space

     

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  • "France travail", rien que le nom pue la mort. Inutile d’en dire plus. Tous ces gouvernements successifs doivent assumer et payer littéralement la ruine de ce pays, pour aller crever les plus faibles, là il y a du monde et à ceux qui vont rétorquer qu’i y a des fainéants qui profitent du système, qu’ils regardent le fossé gargantuesque entre la fraude sociale et les cadeaux multi dimensionnels octroyés aux plus riches, au vrai pouvoir. Trop obscène certainement ...

     

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  • #3179304

    Heureusement que LREM c’était un barrage contre la haineeee , qu’est-ce que ça aurait été un barrage contre l’amour ?

     

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  • Nous avons toujours la bonté, la naïveté, de penser "qu’évidemment" un archi-minoritaire dans la société comme peut l’être un pédé serait bienveillant envers les autres minoritaires. En oubliant que les ultra-riches sont minoritaires aussi...

     

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  • #3179674
    Le 19 mai 2023 à 12:34 par ESCLAVE MODERNE
    La bombe sociale du projet de loi "France Travail" : contrôler et (...)

    Un ami au RSA avait trouvé du boulot en CDI à temps plein, ils ont refusé de lui financer le billet de transport pour y aller et par ailleurs lui avait déjà mis des bâtons dans les roues pour l’empêcher d’ouvrir sa propre boîte. On ne veut pas voir travailler les gens, on veut pouvoir les placer sur les postes où on peut les exploiter au maximum pour pas un sou, aucun avantage social et plus aucun droit.

     

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  • #3179752

    Alors qu’il suffirait de relancer l’économie, au lieu de la détruire, pour résorber le taux de chômage.

     

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  • #3179963
    Le 20 mai 2023 à 05:30 par Idriss en békane
    La bombe sociale du projet de loi "France Travail" : contrôler et (...)

    Je crois que le déficit de la France n’est pas les RSAistes, mais plus le renflouement des banques après la crise des $ubprimes (2008), le CICE 20 milliards pour les multinationales, la fuites des capitaux, les multiples politiques de privatisation
    Cresson, Balladur, Fillon, Ayrault, Valls, Jospin,etc..(privatisations = « délocalisations »), les Accord de libre-échange
    (CETA, TAFTA, JEFTA, MERCOSUR..), la défiscalisation aux profits des ultrariches, évasion fiscale, les magouilles Balkany, Sarkozy, Crédit Agricole, Macron, Bolloré, Arnault, Drahi, Niel,Bouygues, Daniel Kretinsky, Lagardère,Sanofi, Vinci, Engie, Schneider Electric, Pernod Ricard, Saint Gobain, Veolia, Valeo, McKinsey, Bain and co, Rothschild Blackrock Vandgard Group Street State Corp, CFR, etc...
    Le RSA et ça c’est comme comparer une twingo d’occasion et une Aston Martin Valkyrie
    Ou Brigitte Trogneux et Kagney Linn Karter au niveau intellectuel, bien évidemment, n’allez pas imaginer autre chose de salace et tordu, loin de moi cette pensée sexiste et misogyne

     

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  • #3180002

    Si ça peut vous soulager, 90% des chomeurs achètent sur Amazon et à Leclerc.

     

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  • Pour le moment les régles de ce projet injuste et sadique ne sont pas connues.

    A terme le contrôle systématique sera informatisé/automatisé et les personnes géolocalisables = prison + esclavage à ciel ouvert = fin du libre arbitre phase 2.

    Ajoutez qu’Attali avait annoncé que nous allions tous finir avec 400 euros par mois... si quelqu’un retrouve la source qu’il n’hésite pas.

    ...si ce n’est pas nous c’est nos enfants...l’heure est grave.

     

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