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La défense aérienne israélienne à la loupe

Début mai, Tel-Aviv a accueilli pour la première fois une conférence internationale sur les défenses antimissiles (Israel Multinational Ballistic Missile Defense Conference).

A l’ordre du jour, l’examen des armes de défense clés de l’Etat hébreu : Arrow 3, Iron Dome ou David Sling... Pour certains, ils garantissent une sécurité dans les airs quasi-parfaite ; pour d’autres il s’agit d’un gouffre financier. Deux diagnostics.

Reouven Pedatzour, analyste militaire de haut-vol et professeur à l’université de Tel-Aviv, veut rétablir la vérité : non, le système national de défense n’est pas en mesure de protéger Israël des attaques de missiles ou de roquettes. Les critiques les plus virulentes du professeur se concentrent sur le système Arrow, qui sera, selon lui, toujours perdant face à un missile balistique iranien. Avec deux arguments : la technologie est faillible et le système Arrow ne peut prétendre fonctionner à chaque fois. Pour Pedatzour, affirmer qu’il a un taux de réussite avoisinant les 99 % est "absurde et ridicule".

Par ailleurs, une seule bombe atomique réduirait à néant tout le système Arrow. Pilote durant des dizaines d’années sur les avions de chasse de Tsahal, le professeur de Tel-Aviv connaît bien le dossier : "Il y a tellement de contre-mesures qui peuvent être prises pour rendre l’efficacité d’Arrow proche de 0."

Alors pourquoi toute cette communication autour des systèmes de défense antimissiles ? Selon Pedatzour, les industries de défense et d’aéronautique (Rafael, Elisra) sont motivées par les profits exorbitants. Et pour les politiques ? "Cela leur permet de dire aux gens qu’ils font quelque chose, qu’ils essaient de trouver des réponses aux menaces qui nous font face."

L’ancien pilote n’est pas tendre non plus avec les systèmes de défense antiroquettes, comme Iron Dome ou David Sling : "Iron Dome est une escroquerie.

Le temps pour qu’une roquette Kassam atteigne Sderot est estimé à 14 secondes, alors que le système nécessite un temps de réaction d’au moins de 15 secondes pour analyser la menace et répliquer. Cela signifie que nous ne pouvons rien faire contre une roquette tirée à moins de 5 kilomètres, et probablement rien non plus face à une autre tirée à plus de 15 km." Reouven Pedatzour pointe également du doigt le rapport coût/efficacité : "Chaque missile Iron Dome coûte près de 100 000 dollars tandis qu’un Kassam n’excède pas les 5 dollars.

Tout ce que les Palestiniens ont à faire, c’est de construire et de lancer des centaines de roquettes tandis que nous vidons nos caisses." Selon lui, le rapport est encore plus disproportionné avec le système David Sling "puisque chaque missile s’élève à 1 million de dollars et le Hezbollah possède plus de 40 000 roquettes. Cela n’a aucune logique." Des sujets qu’il devrait développer dans une contre-conférence fin mai à Netanya.

Une femme tient la sécurité d’Israël entre les mains : Inbal Kreis, directrice du programme de développement "Arrow 3". En fonction depuis 2007 dans les laboratoires de Malam, une filiale d’IAI (Industries aéronautiques israéliennes), cette femme de 44 ans, mère de 3 enfants, a su s’entourer des meilleurs ingénieurs de l’Etat hébreu. "Notre défense est excellente et nous consacrons chaque heure de notre temps à tenter de l’améliorer et de la rendre plus efficace."

Comme son nom l’indique, Arrow 3 est la troisième génération du système de défense antimissile Arrow, dont le premier modèle a été testé au début des années 1990, avant d’être remplacé par Arrow 2 en 2000. Il a été conçu pour pouvoir intercepter des missiles balistiques en haute atmosphère.

Arrow 3 va encore plus loin : fabriqué actuellement par les équipes de Kreis, il doit être capable d’intercepter les missiles balistiques au niveau exo-atmosphérique. Lors de la conférence internationale de Tel-Aviv, Kreis a insisté sur les défis d’un système de défense "actif" et le rôle d’une "sécurité à plusieurs couches" pour défendre Israël contre les menaces régionales. La chef du projet "Arrow 3" a, par ailleurs, voulu insister sur les coopérations technologiques entre Israël et les Etats-Unis : "L’administration Obama n’y a rien changé. Notre coopération englobe des séances d’essais et des budgets communs et nous avons des relations très étroites en ce qui concerne les missiles."

Concentrée, cette directrice à poigne ne compte pas jouer sur la carte féministe : "Il est faux de croire que l’industrie aéronautique est un club fermé réservé aux hommes. Ce n’est pas difficile d’être une femme dans ce secteur. Rien d’autre qu’un faux problème pour moi."