C’est beau, la déontologie. Estimant la condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs un peu lourde (une journée de bracelet aurait suffi), Laurence est sortie de ses gonds et de sa fonction pour commenter et dénoncer la décision de justice. C’est son droit.

C’est tout le problème de la sanction des racailles d’en haut et des racailles d’en bas : les médias nous font détester les racailles d’en bas, qui, il est vrai, ne sont pas très correctes avec leurs victimes, et adorer les racailles d’en haut, qui, il est vrai, ont les moyens de faire des victimes indirectes, comme des bombardements.

Un coup de couteau dans un Français, évidemment que c’est mal. Mais une guerre inutile, comme celle de Sarkozy en Afghanistan, avec ses dommages collatéraux, ou en Libye, avec ses immenses dommages collatéraux, c’est mille fois plus mal. Mais ça n’est pas aussi spectaculaire, grâce au filtre des médias, qui dénoncent le coup de couteau et expliquent la guerre en Afrique ou en Asie. Expliquer, c’est déjà un peu pardonner, voire aimer.

La guerre sans l’aimer, le motto de BHL, qui a été le conseiller Libye de Sarkozy et le conseiller Ukraine de Macron, même si ce n’est pas officiel. Tout le monde sait qu’il fait partie des visiteurs de la nuit, ceux qui passent par derrière, pour éviter les journalistes, qui de toute façon sont complices... Tenez, voici une séquence illustrative de l’hypocrisie gravement complice, puisqu’ils mentent effrontément aux téléspectateurs, de nos journalistes mainstream, qui plus est sur le SPA :

On entend bien Rissouli prononcer ces mots magiques, censés fortifier son poste de propagandiste du pouvoir profond :

« On ne sait pas s’il l’a écouté ou pas, en réalité. »

Donc Karim reconnaît à BHL un rôle de conseiller occulte, mais les conseilleurs n’étant pas les payeurs, il n’est pour rien dans le désastre libyen, la déstabilisation du Sahel, l’échec de l’opération de réparation Barkhane, qui nous a coûté cher en hommes, en matériels et en argent, le déferlement des migrants subsahariens par le verrou libyen (c’est dans l’ordre de l’immigrationnisme BHLien), et l’exécution, à l’israélienne, du dirigeant Kadhafi, certes pas un ange, mais la cible de l’axe américano-israélien, qui sait diaboliser ceux qui se mettent en travers de sa route. C’est la soumission ou la mort. Le sang sur les mains, il est pour les exécutants, pas pour les commanditaires.

Alors, dans ce contexte global, qu’un journaliste honnête ne doit et ne peut pas ignorer, le plaidoyer de Laurence, qui a été accusée par des journalistes forcément jaloux d’avoir été proche du président Sarkozy, sonne comme un aveuglement ou une tromperie. On en revient toujours à la même question : le journaliste mainstream est-il idiot ou malhonnête ? Car un journaliste mal informé n’est pas un journaliste : c’est soit quelqu’un qui ne travaille pas, soit quelqu’un qui travaille pour quelqu’un d’autre, ou pour autre chose que l’information du public.

Chez nous, on ne gagne pas 70 000 euros par mois comme Laurence a pu gagner sur TF1 ou 50 000 sur Canal (le salaire de la désinformation ?) pour faire l’attachée de presse d’une chaîne en plateau, mais on travaille. Heureusement, il reste des gens honnêtes qui passent à la télé, mais ils ne passent ni souvent ni longtemps. La plupart des gens intelligents et honnêtes sont sur les réseaux sociaux.

« Bienvenue sur CNews, où la justice est toujours à géométrie variable : si un délinquant étranger n’est pas condamné, c’est laxisme scandaleux. Si Sarkozy, lui, prend 5 ans ferme, c’est forcément un complot de juges gauchistes acharnés. Moralité : peu importe le verdict, l’histoire est déjà écrite. Bref, les juges devraient passer un petit coup de fil à la rédaction avant chaque verdict, histoire d’ajuster la sentence au narratif maison. » (Dmgo sur X)

Pour ce qui concerne la survie du mouvement néoconservateur français, que les militants et partisans de Nicolas se rassurent, c’est Sarah qui reprend le flambeau.

Nicolas vu et corrigé par un sociologue