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Le Kirghizstan ne veut plus d’activités militaires américaines sur son territoire à partir de 2014

En 2001, dans le cadre de leur intervention militaire en Afghanistan afin de chasser le mouvement taleb du pouvoir à Kaboul, les Etats-Unis ont installé une base aérienne à Manas, au Kirghizstan.

Très vite, cette base est devenue d’une importance capitale pour ravitailler les troupes de l’Otan engagées en Afghanistan., d’autant plus que les routes également empruntées au Pakistan sont loin d’être sûres.

Seulement, au cours de ces dernières années, et en fonction des soubresauts politiques à Bichkek, l’existence de cette base a été menacée à plusieurs reprises. Et à chaque fois, Washington a sorti le carnet de chèques pour convaincre les autorités kirghizes à maintenir cette facilité. Actuellement, ces dernières reçoivent une redevance annuelle de 60 millions d’euros, versée par les Etats-Unis. Etant donné sa situation économique, le Kirghizstan pouvait difficilement refuser une telle somme.

Mais, Bichkek a de nouveau fait part de son intention de ne plus permettre aux militaires américains d’utiliser cette base à partir de 2014, c’est à dire au terme du précédent accord conclu avec Washington.

Il faut dire que la Russie voit d’un très mauvais oeil la présence militaire américaine au Kirghizstan, pays où d’ailleurs elle dispose également d’une base. Et le président Kirghiz, Amazbek Atambaïev, est le partisan d’un rapprochement de son pays avec Moscou. « Nous n’avons pas d’autre choix que de resserrer nos liens, car le Kirghizstan et la Russie sont historiquement liés. Qui que soit à la tête de la Russie, nos pays continueront de renforcer leurs relations bilatérales », a-t-il déclaré, le 25 février dernier.

L’un des arguments avancés pour justifier la nécessité du départ de l’armée américaine de Manas est le risque que cette base soit utilisée dans le cadre d’une opération militaire contre les sites nucléaires iraniens. « On ne peut pas exclure que cette infrastructure puisse être utilisée dans l’éventualité d’un conflit avec l’Iran » a d’ailleurs affirmé Alexandre Loukachevitch, le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Le 13 mars, à l’occasion de la venue du secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, au Kirghizstan, Bichkek a réitéré son intention de fermer la base mise à la disposition de l’US Air Force.

« Le centre de transit de Manas, en accord avec la position des autorités du Kirghizstan, doit devenir un aéroport civil » a ainsi affirmé Boussourmankoul Tabaldiev, le secrétaire du conseil de sécurité kirghiz.

« Le Kirghizstan est prêt après 2014 à transporter des chargements non militaires vers l’Afghanistan. Mais dans l’aéroport de Manas, il ne doit y avoir aucun chargement militaire, ni de soldats » a-t-il toutefois ajouté.

Et cette position n’arrange pas les Etats-Unis, qui souhaiteraient pouvoir utiliser cette base dans le « long terme », alors que, théoriquement, la fin de la mission de l’Otan en Afghanistan doit prendre fin en 2014. Mais au-delà de ça, Washington voudrait sans doute avoir un oeil sur ce qu’il se passe dans la vallée de Ferghana, qui est une zone de non-droit où se sont installés des groupes mafieux et des organisations terroristes, comme le Mouvement islamique d’Oubekistan (MOI) et le Hizb ut-Tharir. Mais aussi sur l’Iran…

En attendant, la base de Manas va conserver son importance dans les prochains mois, avec le retrait des troupes engagées en Afghanistan. Ce sont des dizaines de milliers de soldats et des centaines de tonnes d’équipements qui y transitent chaque mois. Elle accueille également des avions ravitailleurs KC-135 de l’US Air Force. Ces derniers ont assuré, en 2011, pas moins de 4.786 missions de ravitaillement au profit des appareils de la coalition internationale à l’oeuvre en Afghanistan.