Egalité et Réconciliation
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Le Piège de l’Europe. Fin de la démocratie et de la prospérité

L’UE devient de plus en plus un Etat colossal, un Etat difficile à classer au point de vue du droit public. Elle ressemble davantage à un Etat féodal du bas Moyen Age ou à l’Arabie saoudite qu’à une démocratie. Il revient aux spécialistes en droit public de dire ce qui relève du loup autocratique et du mouton démocratique, tâche à laquelle ils doivent s’atteler. Hans-Peter Martin y fait brièvement allusion dans l’introduction de son ouvrage « Die Europafalle ». Que cette tromperie soit dissimulée par des offensives de propagande est bien dans la nature de cette structure de pouvoir.

Face à la structure européenne et à ses Etats membres, tous les pères fondateurs d’une démocratie occidentale doivent se sentir trahis. Et à Bruxelles, comme à Strasbourg, le malaise grandit. Mais au lieu de relever le défi des défauts de construction de l’Union européenne, on préfère les camoufler.

La devise est : La propagande plutôt qu’une réforme fondamentale. C’est l’option prise par la Suédoise Margot Wallström, commissaire chargée de la communication. Lors des élections au Parlement européen de juin 2009, elle a, dans une lettre personnelle, adressé une mise en garde à Hans-Gert Pöttering, président du Parlement européen : « La légitimité de votre

Parlement et de toute l’Union européenne est en jeu. » La recette : une offensive médiatique comme on n’en a jamais vu. « Grâce à nos contacts, nous demanderons aux radios et aux télévisions de diffuser davantage d’émissions sur l’Union européenne et les questions européennes », écrit-elle.1 Les représentations de la Commission européenne dans les Etats membres mettront au point leurs « opérations de communication en conséquence ». Le budget prévu à cette fin est de 17 millions d’euros. A la fin de sa lettre, la vice-présidente de la Commission européenne rassure le Président : « Comme vous pouvez le constater, les opérations prévues sont importantes. »

La procédure à suivre figure dans un appel d’offres concernant les émissions consacrées à l’UE. Il y est notamment demandé que les chaînes candidates indiquent non seulement « les noms, fonctions et connaissances linguistiques de leur personnel, en particulier de leurs journalistes » mais aussi leur philosophie rédactionnelle et s’engagent « à diffuser les programmes européens régulièrement et à des heures de grande écoute. »2 Lorsque ce projet a été révélé, à l’automne 2008, la « Frankfurter Allgemeine Zeitung » a publié dans ses pages culturelles un article intitulé : « L’UE achète des reportages ». Le sous-titre était : « A peine croyable : L’UE paie pour qu’on parle d’elle de manière favorable ».3

Pourtant, on n’est guère sensible à ce genre de critique à Bruxelles. Bien au contraire. Le Parlement européen avait voté, dans son budget officiel, en plus du montant de la proposition de Wallström, 11,3 millions d’euros pour une « campagne d’information et de communication » relative aux élections de 2009. Mais dès la fin 2008, le montant s’élevait à plus du double, soit 23,3 millions d’euros.4 La réalisation de ces opérations et leur financement sont de toute façon l’affaire des Etats membres. De même, les budgets des groupes parlementaires « pour le travail d’information relatif aux élections européennes ont-ils été augmentées de plus de 11 % pour atteindre 56,7 millions. »5

L’astuce était la suivante : Ces augmentations reposaient sur des transferts budgétaires décidés au sein de la Commission du budget à la demande du Président et non pas en séance plénière. Ainsi, quasiment personne ne s’en est aperçu. Tout cela fait partie d’une nouvelle stratégie de propagande subtile censée donner de l’Union européenne une idée plus favorable que celle offerte par la réalité politique. Ainsi, selon un ambassadeur de longue date auprès de l’UE « certains médias, notamment le Financial Times, jouissent d’un accès privilégié à la Commission et sont favorisés pour le lancement d’informations exclusives à diffuser avant la publication de rapports », procédure tout à fait naturelle à Bruxelles.6

On atteint des sommes considérables lorsqu’on additionne tout l’argent dépensé pour la propagande européenne. A cela s’ajoute le parrainage de manifestations culturelles visant à promouvoir un esprit européen, ou encore les innombrables cérémonies auxquelles participent les politiciens de l’UE. Pour 2008, on arrive à un montant de 2,4 milliards d’euros d’argent des contribuables dépensés pour soigner l’image de l’UE – davantage que ce que dépense annuellement le groupe Coca-Cola pour sa publicité à l’échelle mondiale !

Notes :

1 Lettre de Margot Wallström à Hans-Gert Pöttering, 1/12/08. 2 Focus, 29/9/08. 3 Frankfurter Allgemeine Zeitung, 30/9/08, p. 42. 4 Hans-Gert Pöttering, Request for transfer of appropriations C30, to Reimer Böge, Chairman of the Committee on Budgets, 27/11/08, no 320219. 5 Hans-Gert Pöttering, Request for transfer of appropriations C31, to Reimer Böge, Chairman of the Committee on Budgets, 24/11/08. 6 Gregor Woschnagg, in : Hinter den Kulissen der EU, Vienne, 2007, p. 69. 7 Berechnungen von Open Europe, dépêche de DPA du 26/12/08.