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Le gros néocon et faux géopoliticien Alexandre Adler est mort

 

 

On savait qu’il était plus un as de la fourchette que de la géopolitique mais la relecture de son CV nous impose une expression pour qualifier son parcours : « Œuf-jambon-fromage-supplément triple sauce » ! Membre du club Le Siècle, du groupe Bilderberg, de la Commission trilatérale et de la franc-maçonnerie, ancien conseiller de Roger Cukierman lorsqu’il était à la tête du CRIF, soutien de George W.Bush en France, proche de Henry Kissinger, Bernard-Henri Lévy et David de Rothschild, le journaliste soi-disant spécialiste des relations internationales Alexandre Adler, décédé le 18 juillet à l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, ne se refusait décidément rien...

 

Découvrez ci-dessous son portrait
issu du tome II de l’Encyclopédie politique française d’Emmanuel Ratier

 

ADLER Alexandre. Journaliste, né le 23 septembre 1950 à Paris VIIIe. Alexandre Gérard Salomon Adler est le fils d’Emeric Adler, gérant d’une société de bois, et d’Eva Bauer. Issu d’une famille de l’Est européen, il est un cousin de Petre Roman, fils de Walter Roman (Weiländer), membre éminent du Komintern à partir des années trente, qui participa à la guerre d’Espagne avant d’être interné en France en 1941, puis rapatrié en U.R.S.S. sous passeport soviétique. Premier ministre roumain, de 1989 à 1991 (après la chute du Conducator), Petre Roman fut lui-même un familier de la Securitate.

Passé par les lycées Paul Valéry et Louis le Grand de Paris, puis l’Ecole normale supérieure, Alexandre Adler est agrégé d’histoire. Professeur à l’Ecole normale d’instituteurs de Douai (1976-1978), il rejoint le département des études slaves de la faculté de Vincennes en 1978, y enseignant jusqu’en 1990 l’histoire de la Russie. Détaché auprès des écoles de guerre, cet ancien auditeur de l’Institut des hautes études de défense nationale y professe dans diverses écoles d’enseignement supérieur avant d’être nommé, en 1996, par Charles Million, à la chaire de relations internationale du nouveau Collège Interarmées de Défense. En parallèle, il sera conseiller pour l’Union soviétique de Libération, de 1982 à 1988, puis responsable de sa page « Idées » jusqu’en 1992, avant de prendre en main la direction de Courrier international, en octobre 1992, contrôlé par Pierre Bergé. Conjointement, il collabore au Point depuis 1994, anime depuis 1995 les Mercredis de l’histoire sur Arte, tient diverses chroniques (notamment au magazine Histoire). Bref, il est devenu l’homme incontournable de la politique internationale, certains n’hésitant pas à le parer, ce qu’il n’est pas (il n’est pas géographe), du terme de géopoliticien. Consécration, lorsque la Commission trilatérale tient sa session européenne à Paris, du 27 au 29 octobre 1995, il figure parmi les trois journalistes français (avec Alain Frachon du Monde et Yves Messarovitch du Figaro). Ce polygraphe ne soufflera évidemment jamais mot de cette rencontre avec les grands de ce monde.

Une bonne partie de son influence et de son étonnant entregent, il le tire de son mariage, le 8 décembre 1984, avec Blandine Kriegel, fille d’une figure de la résistance communiste, Maurice Kriegel, dit Kriegel-Valrimont (Valrimont a été trouvé dans les Contes de Perrault), et nièce du Dr Arthur Kriegel et de la politologue ex-communiste Annie Kriegel. Il y a donc un certain paradoxe, alors que sa femme est issue du milieu gauchiste, de voir qu’Adler a exclusivement milité au Parti communiste, dans sa période anti-gauchiste. En 1977, ce conseiller pour la politique étrangère de Georges Marchais cosigne L’U.R.S.S. et nous (Editions sociales), véritable morceau de propagande révisionniste où il dresse un « essai de bilan » du stalinisme. On y apprend, en substance que Lénine était un grand démocrate, que le stalinisme a fait beaucoup moins de victimes qu’on ne le dit, que l’essentiel des victimes étaient communistes et que c’est donc contre le parti qu’a agi Staline... Y figurent des phrases du type : « En somme, jusqu’à la fin des années 20, on peut vivre en Russie soviétique en ne cachant pas des idées sensiblement différentes de celles professées par le pouvoir. » À cette époque, le communisme a déjà 10,5 millions de victimes à son actif (pour une analyse détaillée, voir Présent, 14 mai 1993). Professeur à l’Ecole centrale du parti, il collaborera aux Cahiers de l’Institut Maurice Thorez. N’ayant pas renouvelé sa cotisation en 1980, il signe, en 1981, l’appel, avec soixante et onze autres communistes critiques, à voter pour le candidat de gauche au second tour contre le « repli ouvriériste et sectaire » du PCF. Par la suite, il signera L’Internationale et le genre humain, ouvrage de réflexion sur le conflit afghan et l’eurocommunisme. Aux élections européennes de 1984, il soutient encore la liste des communistes dissidents d’Henri Fiszbin. Depuis lors (citer ses centaines de textes seraient fastidieux), ses analyses demeurent para-marxistes, lui-même s’étant transformé en professeur, et souvent en donneur de leçons, sur les questions est-européennes et pas seulement sur celles-ci (c’est ainsi que dans L’Express, il assimile finement, en juin 1997, le vote des ouvriers alsaciens favorables au Front national à un « vote germanophile nostalgique acquis à Stalingrad, si ce n’est à Oradour »). Comme le résume Thierry Wolton dans L’Histoire interdite : « Alexandre Adler cache mal sous des allures critiques, sa nostalgie du communisme, version démocratisée. Il est un admirateur d’Andropov, le “père” de la perestroïka gorbatchévienne, mais dont d’aucun se souvient surtout comme de l’ancien patron du KGB, l’inventeur de la psychiatrisation des dissidents, un grand démocrate pour sûr. [...] Fort d’une assurance à toute épreuve, d’une culture encyclopédique et d’un formidable entregent, il parvient à faire passer son intime conviction pour parole d’évangile. »

Il respecte les grandes fêtes juives. « Kippour, c’est le moment le plus intense de mon année, explique-t-il à Tribune juive, 10 juin 1993, j’aime beaucoup Pessah et aussi Chavouoth. » Il est administrateur de l’Union libérale israélite de France, membre du comité d’honneur de l’Association des abonnés et des amis de L’Arche, membre du comité éditorial de l’Observatoire du monde juif, conférencier de nombreuses associations communautaires (convention annuelle de l’Union des étudiants juifs de France à Nice en novembre 1993, Appel juif unifié de France, en novembre 1997, Association des amis de l’aliah des jeunes de Bernard Attali, Centre communautaire de Paris en novembre 2001, etc.). Il a signé un texte étonnant dans Shofar (n° 221, septembre 2000, p. 37) où on lit : « La disparition du nombre de Juifs par rapport à la population mondiale est largement compensée par un second phénomène de sens inverse : la concentration de cette population au centre du système de l’économie du monde et l’abandon presque total des périphéries [...] Aujourd’hui [...] par exemple, le judaïsme rural est un souvenir même en Israël [...] Ce mouvement s’accompagne d’un glissement vers le haut de cette population vers des fonctions de cadres supérieurs et vers une participation de plus en plus importante à la vie économique et à la prise de décision. New York, Los Angeles, Londres et Paris symbolisent parfaitement cette période de l’histoire juive. Mais il faut réserver une place particulière à la science moderne [...] Les Juifs sont passés à un rôle de plus en plus central dans l’élaboration et la diffusion des savoirs. L’attribution du Prix Nobel, chaque année, renforce cette tendance. Au rythme actuel, c’est plus de 50 % des Prix Nobel et Médailles Fields (équivalent pour les mathématiques) qui seront juifs vers 2015. » Il a signé, avec Bernard Cohen, Juif et juif (Autrement, 1986).

Alexandre Adler, avec son épouse, a été un habitué, dans les années 80, des fastueux week-ends de Denis de Kergorlay à Canisy (Manche), filiale française de l’Aspen-Institute et lieu de rendez-vous du « gratin » socialisant. Tous deux se retrouvent dans les meilleurs cénacles : Grand Orient de France, Manifeste contre le Front national, club Phares et Balises, etc. En général sillonnant les eaux du socialisme mondain, ils rejoindront un temps, toujours en quête d’un homme providentiel, Philippe Séguin, devenant rédacteurs de nombre de ses discours, comme le raconte Philippe Cohen dans Le Bluff républicain : « Cette diplomatie pro-européenne, instillée par Alexandre Adler, est approuvée et “vendue” par Manuella Isnard. » Après avoir milité, sans succès, au sein du PS, pour le rapprochement entre socialistes et républicains du RPR, après avoir tenté de vendre la même idée à Jean-Pierre Chevènement et à Laurent Fabius, Alexandre Adler se rapproche de Philippe Séguin en 1990. « J’ai trouvé en lui l’homme de la situation. » Au départ, Séguin lui demande quelques éclairages sur l’armée ou la Russie, qui créent une amitié entre les deux hommes. Mais contrairement au reste de l’équipe séguiniste, Adler estime que le non à Maastricht ne doit pas être un non à l’Allemagne. Lui-même s’est prononcé en faveur du traité même s’il estime la campagne référendaire de Séguin positive dans la mesure où elle a affaibli Le Pen. On le verra dans le public invité de L’Heure de vérité de Jacques Chirac, en 1995. Ce dernier le sélectionnera pour l’interroger, en décembre 1996, sur TF1. Il touchera 30 000 F brut pour sa prestation. En novembre 1997, il participe au Salon du livre antifasciste de Gardanne. Au sujet de Jörg Haïder, il nous livre son point de vue dans Courrier international du 3 février 2000 : « Juif germano-danubien, toute l’activité réflexe de mon cerveau inférieur, reptilien, est concentré sur les moyens d’identifier, de cerner, d’éliminer physiquement si possible le type humain que représente ce monsieur. » L’isolement politique de l’Autriche ne suffisant pas, il signera également l’appel Ajouter l’isolement artistique en compagnie d’intellectuels, cinéastes, producteurs, écrivains et artistes français.

En septembre 2001, il rejoint l’équipe rédactionnelle de Tribune Juive et signe Le Communisme dans la collection « Que Sais-je ? » Il est membre-invité du club d’influence Le Siècle depuis 2001. Dans un article du Nouvel observateur du 1er juin 2000 sur la franc-maçonnerie, on lit : « Dans la presse écrite, on cite Alexandre Adler, initié de fraîche date. » Il appartient à la loge La Lyre de Salomon de la Grande loge nationale française, où l’on retrouve d’autres géopoliticiens. Il a été entendu le 19 mai 2005 sur le thème L’Europe, la laïcité et l’islam devant un parterre de loges du Grand Orient de France. Depuis janvier 2003, il appartient au comité éditorial du Figaro et a donc renoncé à participer à l’émission La Rumeur du monde de France Culture (qu’il co- animait avec Jean-Marie Colombani du Monde depuis 1999). Extrêmement prolifique, il a encore signé Pour l’amour du peuple, un officier de la Stasi parle (Albin Michel, 1999), J’ai vu finir le monde ancien (Grasset, 2002, sur le 11 septembre 2001), Au fil des jours cruels : chroniques 1999- 2002 (Grasset, 2003), L’Odyssée américaine (Grasset, 2004), Rendez-vous avec l’islam (Grasset, 2005), etc.

 

Bonus : les « hommages » commencent...

 

« Je perds un ami cher avec qui j’avais tant de bonheur à converser. C’était un esprit libre, un journaliste exigeant, un érudit curieux de tout et des autres. » (Anne Hidalgo,)

« Alexandre Adler était un puits de science et de générosité, le détenteur unique d’un savoir infini et désintéressé. Aucun sujet n’échappait à son oeil d’aigle... ou à son imagination. » (Raphaël Enthoven)

Les dernières grosses sorties d’Adler, sur E&R :

 






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