Les prénoms désuets reviennent en force, et la télé, avec un plateau 100 % féminin – l’homme déconstruit qui fait des blagues sur les Léon compte pour une femme –, nous le confirme : le Léon est à la mode.
Par goût de l’authenticité, de la France, de la tradition, mais aussi pour se singulariser par rapport aux beaufs qui font dans le Kévin et la Kimberley, suite aux effets secondaires des séries US des années 80, les bobos, qui ont les moyens de faire des enfants – rois, mais c’est un autre problème – ont récupéré Léon.
Il y a trente ans, Luc sortait son Léon qui le fera connaître internationalement, et Jean Reno avec, plus la petite Natalie Portman, dont les parents feront retirer certaines scènes, Besson allant trop loin dans l’amourette entre le tueur et l’orpheline. Mais c’est un autre sujet.
Il y avait dans Léon le germe des films EuropaCorp : de l’action, des bons acteurs, mais un scénar maigre comme un survivant d’Auschwitz.
Léon, c’est surtout, et depuis longtemps, une chanson. D’abord à Bayonne depuis 1932, ensuite dans les Vosges en 1965. On commence par le vieux Léon avec les taulards de Robert Enrico, et on passe aux Fêtes. En passant, que les deux clowns de RMC aient piqué ce titre pour en faire leur émission est un crime contre la culture.
Chaque année, les Basques, tous habillés de blanc et de rouge, font une tawa d’enfer pendant cinq jours. C’est joli, mais il y a des débordements grâce à l’alcool et parfois des dérapages. La chanson s’appelle justement Léon, mais Roi de Bayonne en plus. Plus tradi, tu meurs dans les bras de Patrick Sébastien !
On termine sur une touche un peu plus culturelle, avec la chapelle Saint-Léon. On en profite pour rappeler que le nouveau pape est comme par hasard un Léon, mais numéro 14, comme Louis.
Voilà, en ces temps incertains, génocide ici, guerre là-bas, élites déconnectées, ados désorientés, un peu de fête et de tranquillité, pardon, de party et de chill, ça ne fait pas de mal.
On aurait pu parler de Trotski et du communisme, de Tolstoï et de son arrière-petit-fils, de Blum et son front de gauche, tous d’ailleurs très à la mode actuellement, mais c’est pour la partie sérieuse du site.