L’Inde a acheté à la France 36 Rafale, dont trois seraient tombés au-dessus du Pakistan, visés par la défense anti-aérienne ou la chasse pakistanaise équipée de J-10C chinois. C’est un choc pour l’avion de combat réputé le plus efficace du monde (mais aussi un des plus chers).
Depuis la confrontation le 7 mai 2025 entre les deux grands voisins, les deux camps s’écharpent autour de l’invincibilité de l’avion français. Il en va de notre balance commerciale. Du coup, tous nos médias se sont précipités au chevet de la maison Dassault.
« C’est pas la faute du Rafale ! »
La riposte médiatique française consiste à débunker les images pakistanaises. D’accord, il y a du Xavier Tytelman dedans, mais pour une fois, c’est un bon patriote.
Et parce que tout est économie, au fond, les Chinois ont sauté sur l’occasion pour « vendre » leur J-10C. C’est en anglais mais on comprend de quoi il retourne.
Sur ce sujet, le consultant Stéphane Audrand a tenté de remettre les choses en ordre, au milieu de la désinformation généralisée.
A ce stade, on ne peut pas tirer vraiment de leçon de la séquence d'hier entre l'Inde et le Pakistan (si ce n'est à propos de nos propres biais). Trop de choses restent floues, même si la perte d'au moins un Rafale semble confirmée à ce stade (un fil pour se calmer)... 1/ pic.twitter.com/h3tWTBNu8o
— Stéphane Audrand (@AudrandS) May 8, 2025
« Première remarque : la guerre informationnelle fait rage entre le Pakistan et l’Inde. C’est normal, la guerre de l’information a toujours été un enjeu (au XVIIe siècle déjà...). Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, l’IA, le numérique, l’instantanéité, tout va très vite...
Il y a un intérêt majeur pour le Pakistan à "cibler" par de fausses informations la manoeuvre indienne (et réciproquement). D’abord pour rassurer l’opinion (tout va bien on tient face à l’Inde) et ensuite pour faire douter les Indiens (nos avions sont-ils nuls ?).
La France, Dassault (et le cours de son action) sont des victimes collatérales. Il faut raison garder, donc. Ensuite, que dire de ces pertes ? Et bien... RIEN à ce stade. Parce qu’on ne sait rien des circonstances...
S’il semble qu’un Rafale a bien été perdu (vu les morceaux de réacteur M88), on ne sait pas comment : tir ennemi (avec quoi ?) tir ami (shit happens), panne ou problème technique ? Erreur de pilotage ? Collision ? Attendons d’avoir une analyse probante des circonstances.
Ensuite, sur le fond, perdre de 1 à 5 avions, sur la centaine engagés, dans une opération d’entrée en premier contre un système aérien un peu épais, c’est relativement conforme à ce qu’on peut attendre, voire c’est plutôt "des pertes raisonnables". [...]
La perte d’un Rafale au combat... "Ça devait arriver un jour". Si elle a bien été causée par le Pakistan, il faudra voir quelle est la séquence qui a abouti à cette perte, quels systèmes, quelle doctrine, quelles unités engagées... Ce sera une longue analyse.
Une analyse qui d’ailleurs pourra permettre des changements doctrinaux ou techniques qui amélioreront la survivabilité et l’efficacité du Rafale. Le retex c’est bon, mangez-en ! »
Voir ici le thread en entier.
En réalité, au-delà de la polémique, il est question de l’utilité de la chasse dans un conflit moderne, et quand on dit moderne, c’est moderne : le ciel est aujourd’hui constellé de drones peu coûteux conduits par satellite, et la question s’est aussi posée de l’utilité des chars, qui étaient les rois du terrain depuis 110 ans.
La guerre anciennement moderne, c’était la combinaison chars-avions. Depuis la guerre en Ukraine, tout a été remis en question. À ce propos, la France, sans le faire exprès, en abandonnant en 2008 par souci d’économie et dans la croyance d’une paix éternelle la fabrication de chars Leclerc (pour son armée ou l’export), s’est presque stratégiquement modernisée sans le faire exprès. On est passés de 1 500 unités à 400, ce qui correspond à peine au minimum vital.
On ne va pas se substituer aux spécialistes de l’armement et de la doctrine stratégique, mais la Russie, avec ses bombes planantes qui mettent les chasseurs hors de danger, leur maîtrise du drone, leurs missiles hypersoniques, et leur système de défense antiaérienne ont pris un avantage certains sur l’OTAN, qui en est restée à des schémas classiques à base de blindés, ces cibles molles. Les russes se sont fait un malin plaisir à les dégommer.