Pas de bol, les gars, on appelle ça un violent retour du réel, comme un passing d’Alcaraz. Après des années d’émissions de merde qui fascinent les jeunes sans cervelle, les pires influenceurs de France ont été confrontés à un gang de députés, parfois goguenards, parfois dominateurs.
Une configuration spéciale : les produits d’un Système cassé face aux juges d’un Système cassé, un système cassé produisant des cassures. L’usine France produit de la daube, en haut comme en bas.
Rappelons les faits : Macron veut interdire les réseaux sociaux aux jeunes de moins de 15 ans, ce qui semble difficile à réaliser puisque depuis les années 2000, tous les mineurs savent qu’il faut changer sa date de naissance pour entrer là où ils n’ont pas le droit.
Pour vous donner une idée du niveau des cinq tocards convoqués par la police de la pensée démocratique, Bakafuz a envoyé un thread édifiant :
THREAD
Les MEILLEURS moments de la commission d’enquête !
Alex Hitchens, Nasdas, AD Laurent, Julien Tanti #AssembleeNationale pic.twitter.com/Vujl0sApbE
— Bakafuz (@Bakafuz) June 10, 2025
Ne vous leurrez pas, si vous découvrez ces abrutis, la plupart des 10-15 les connaissent, et en ont même fait des stars. Un troupeau d’abrutis en admiration devant des abrutis plus malins qu’eux, des têtes creuses qui enrichissent par leurs clics des superabrutis, c’est la loi du genre. On est des pros, donc on n’a pas jugé avant de regarder, et on a passé des heures devant les vidéos de Nasdas, le maître du genre, plus la floraison de commentateurs des hauts faits d’arme de Nasdas, c’est-à-dire rien, le néant, le vide : le quotidien de la Team Nasdas, c’est fabriquer de l’embrouille et rendre les petits addicts à ça.
Une vie de merde par procuration
Pour des millions de pré-ados, le quotidien consiste à suivre les embrouilles de Nasdas avec ses proches et ses copines, qui donnent tous l’air de sortir d’un centre d’attardés mentaux, ce qui est plutôt drôle. À côté, Loft Story, en 2001, c’est l’Académie française. Il y a même du vrai consanguin à l’intérieur, on ne dira pas qui.
On a un aperçu de cette chaîne de fabrication, avec les embrouilleurs, les commentateurs des embrouilleurs et les commentateurs de commentateurs. Vous allez nous dire, c’est le même schéma avec le foot à la télé, ou même la politique. Oui, mais là, il y a un objet. Ici, on tourne en rond dans un vide mental intersidéral. Ce qui ne nous dérange pas, au fond : ça rappelle les assassinats entre dealers, tout le monde s’en fout.
Les abrutis parlent aux abrutis, ce qui permet de déterminer le niveau réel de la population. En ce sens, Nasdas et ses confrères sont d’excellents indicateurs de la santé mentale de la population, des 10-15 dirons-nous, si cette tranche existe. Comprenez bien qu’on ne se sent pas supérieurs en écrivant cela, mais sociologues. Il n’y a qu’une approche possible de cette réalité, c’est la connaissance. Sinon, on se suicide ou on passe à l’acte, et Dieu merci, on a les armes conceptuelles pour ne pas tomber dans le piège de la dépression ou de la décompensation. Ce qui n’est pas le cas des jeunes.
Voilà comment on est tombés sur Nasdas, qu’on ne connaissait pas, et dont on apprendra dans la soirée qu’il fait partie des condamnés à mort de la commission. Merci à ces deux futures polytechniciennes de surface de nous ouvrir les yeux sur l’univers mental d’une partie de la jeunesse française.
La culture du néant ça fait vraiment peur et dire que l'école c'est gratuit ptdrrrrrrrrrr pic.twitter.com/NmEx5w392z
— Antoony (@ANTOONY_68) June 10, 2025
Après ce choc visuel, on a écouté Nasdas, interrogé sur ses revenus par une entité maquillée et photoshopée au français délicat : il avouait au minimum 90 000 euros par mois, malgré ses propres difficultés de langage. Devant la commission, il avouera « des centaines de milliers ».
Ces très inconsistants rois des abrutis se sont heurtés au sérieux parlementaire, un autre niveau, même si les députés sont critiquables par ailleurs. On trouve toujours plus con que soi, disait le grand philosophe Choron, professeur de son état. Trouver plus con que soi satisfait la vanité, mais peut inquiéter aussi.
C’est un peu long, mais les passages les plus croustillants tournent sur les RS, un véritable bain de sang politico-intellectuel. Le masculiniste Hitchens, lui, n’a pas supporté d’être mis sur le gril, il a quitté la scène, comme un prince. Pour répondre en duplex à ses juges, il a mis ses lunettes d’intello et pris sa plus belle langue.
Il y a un autre gars, quasi demeuré, qui baise plusieurs filles dans ses vidéos soi-disant interdites aux jeunes, qui trouvent évidemment les moyens de les regarder. Dur d’entrer dans le monde de l’amour adolescent avec du X partouzard en Thaïlande ! Après, on s’étonne que des fragiles pètent les plombs, en n’étant pas au niveau de leurs idoles... Imaginez un môme de 12 ans qui demande une « double » à son premier amour, alors qu’il est tout seul...
Cependant, on ne peut pas mettre sur la tête de ces cinq hommes d’affaires la faillite du système éducatif et la perte des valeurs, plus les fautes d’orthographe : ils sont là justement parce que la décadence sociétale a ouvert un espace. Ce sont des symptômes, et comme disait Béa Bach, s’attaquer au symptôme, c’est le job de la médecine officielle qui évite ainsi de s’attaquer aux racines profondes des maladies chroniques. L’addiction aux stars de TikTok montre tout simplement la perte de modèles, et la recherche désespérée de modèles chez les jeunes. En l’occurrence, il ne reste qu’une valeur : le fric. C’est du macronisme, du bankstérisme, du néolibéralisme, point barre.
On termine cette étude pas franchement poussée sur les commentateurs de la Team Nasdas, car là, on entre dans une autre dimension. Accrochez vos ceintures, protégez vos neurones, activez vos T4, ça va bouger...
Cette créature assez inimaginable vit sur les restes abandonnés par la Team Nasdas. C’est un nettoyeur, le bossu qui ramasse les miettes et suce les os en fin de banquet des seigneurs. Il alimente la story principale, s’interroge, analyse avec son QI inconnu, c’est l’espèce de sociologue produite par le genre. Dans cette vidéo, il est question de Mouna, qui a endossé à son corps défendant le rôle de méchante du groupe, un appel au harcèlement et à la résolution de ses contradictions sous-corticales par la violence et le rejet de l’autre. On ne dira jamais assez l’importance de ce modèle de haine collective sur les esprits fragiles, et ses répercussions sur l’école, avec des suicides au bout qui ne sont que des meurtres homéopathiques.
Mouna est persécutée, et elle se défend. On apprend qu’elle a fait « escort » à 14 ans, le mot joli pour pute. C’est sur Foufa TV, une chaîne encore plus inimaginable que Safir TV.
Au fond, tous ces jeunes accros à ces papiers tue-mouche, c’est de la chair à prédateur, qu’ils soient influenceurs ou politiques, et au bout du compte, de la chair à canon. C’est triste, mais est-ce que c’est nouveau ? Non. La commission d’enquête est éberluée par une chose : que les superabrutis qui leur font crânement face soient plus populaires (et riches, ne pas louper Nasdas qui demande son salaire à un député) qu’eux. Il y a une question de modèle à se poser, là. Les politiques ne font plus rêver, et les jeunes fabriquent leurs propres modèles, qui leur ressemblent, avec leurs valeurs cassées et bricolées.
On ne va pas jouer les moralistes ou les vieux cons mais ce procès, plutôt légitime, met aux prises une bande d’accusés et des juges qui ont perdu leur autorité et leur légitimité. Ce sont les mêmes députés qui ont voté la saloperie du pass et des injections. Et comme disait Nasdas pour se défendre, il n’a pas financé des armes au Tchad...
On aimerait voir passer devant cette commission les responsables de la faillite française, Macron et toute sa clique, avec le pouvoir profond derrière, ce vautour géant qu’est la Banque, plutôt que du menu fretin. Les jeunes ont toujours été cons, ou insouciants, ils apprendront le sérieux plus tard.
L’ordure Reynolds ou comment faire de la vue à tout prix, même le plus bas
Natalie Reynolds pleure et crie devant le siège de TikTok parce qu'elle veut récupérer son compte pic.twitter.com/TXyXdmM1yd
— 75 Secondes (@75secondes) June 10, 2025