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Lettre de soutien d’un "apprenti quenellier" de Sciences Po

Cher Alain Soral,

Je tenais à vous remercier personnellement du rôle salvateur que vous tenez dans ma vie intellectuelle. Je suis vos interventions depuis quelques années, mais c’est votre dernier brillant ouvrage « Comprendre l’Empire » ainsi que vos récentes vidéos dont je ne perds pas une goutte qui m’ont extrait de ce monde de mensonge et d’immoralité profonde dans lequel nous sommes plongés. Un monde de police de la pensée, de corruption idéologique et de travestissement des valeurs républicaines. Je dis « sauvé », car c’est bien de cela qu’il s’agit : récent diplômé de l’une des 9 écoles Sciences Po, je me suis rendu compte grâce à vous du matraquage et de la désinformation dont nous sommes les cibles, et plus particulièrement dans ces écoles du pouvoir. Au cours de mes 5 années d’études, j’ai progressivement vu mes camarades issus de milieux populaires se laisser bercer par les chants de sirènes de l’opportunisme et du carriérisme pour aller se prostituer dans la haute fonction publique et le milieu bancaire et financier. Si d’instinct, je sentais la déviance malsaine de ces comportements, votre grille d’analyse et de lecture m’ont permis de caractériser cette situation.

La supercherie consiste à nous faire passer pour des élites intellectuelles de part le pseudo prestige (et la pseudo difficulté) de notre institution, alors même que toute la formation que nous avons reçu consiste en une aliénation systématique de tout esprit critique. Sciences Po est l’école du système et de l’empire par excellence et ce pour plusieurs raisons, que je me permets de vous exprimer le plus brièvement possible, connaissant votre attachement pour la concision :

- Nous étudions le système dans sa globalité : par l’histoire, l’économie, l’étude des institutions européennes, le droit, une certaine sociologie, la finance, le marketing et j’en passe … le tout de manière insidieusement cohérente pour nous montrer la logique et le bien fondé de ce système que nous « avalons » d’un bloc dans ce qui s’apparente à une indigestion débilitante.

- A aucun moment de notre formation la question de « remise en cause » du système n’est évoquée. Les cours d’économies sont de véritables messes. On y oublie les justifications (une évidence, car il n’en existe pas) et les implications scandaleuses du système monétaire, bancaire, économique et financier, en étudiant uniquement leurs mécanismes, des mécanismes sciemment alambiqués qui nous donnent l’illusion de l’intelligence et par là même un certain mépris du peuple « incapable de saisir les subtilités », afin de mieux les baiser plus tard.

- En 5 ans d’études, la seule période historique couverte dans les cours magistraux de Sciences Po est l’après seconde guerre mondiale, soit le triomphe de l’atlantisme et de l’ONU (dont on se garde d’évoquer les échecs), la flagellation idéologique de la décolonisation et de l’après Shoah, la construction européenne et ses prétendus bienfaits, bref, le déclin de notre pays. Dans ce contexte, seul un désamour de la France à laquelle on nous substitue comme patrie originelle l’UE peut éclore. On tire un trait sur l’histoire de la France comme si elle appartenait déjà au passé pour encenser le gouvernement mondialiste.

- L’étude des Institutions Européennes est dénuée de toute critique. Pas un mot sur les inefficacités de ce système kafkaïen (que même nous, formés à cette discipline, peinons à comprendre, mais acceptons malgré tout) et de ses ramifications purement antidémocratiques. L’UE comme enseigné chez nous est un idéal comme le définit la propagande, que nous devons vénérer, et critiquer l’Union Européenne à Sciences Po est considéré comme un acte rétrograde à la limite du fascisme.

- Nous sommes tous obligés de passer une année à l’étranger, sous un prétexte d’ouverture, mais encore une fois pour favoriser la vénération des institutions européennes via le programme Erasmus (ou d’autres pays de l’empire dans la plupart des cas). Placé au milieu du cursus, c’est également le moyen de nous amollir et de nous abrutir afin de nous rendre plus coopératif après ces « vacances ». Il s’agit d’après moi des prémisses d’un futur élitisme apatride déconnecté des réalités de notre patrie (de nombreuses connaissances quittent ainsi le pays une fois diplômés, une nouvelle fuite insupportable des cerveaux).

- Nos spécialisations sont systématiquement des soumissions à l’un des avatars du système : Qu’il s’agisse de servir de pion administratif pour la haute fonction publique, d’œuvrer pour des lobbys anti-démocratiques, de collaborer avec les institutions européennes, ou, enfin, d’être les complices du monde économique et financier.

Je suis conforté dans cette analyse par le fait qu’un de mes anciens professeur, spécialiste de la corruption (sic) n’ait pas jugé utile de me répondre sur les questions économiques que je lui posais sur les sujets de la Loi de 1973 sur la Banque de France, l’inévitable spirale de la dette, et la félonie de l’OMC et du FMI.

Comme vous pouvez vous en douter, je suis avide de discuter de ce sujet majeur de l’éducation et de l’éducation des élites, un élément qui, me semble-t-il, échappe pour l’heure à votre œuvre. Par soucis de concision et par respect de votre précieux temps, je m’arrêterai cependant ici, en vous délivrant encore une fois mes remerciements sincères pour le travail que vous produisez, et pour le temps que vous m’accordez en me lisant.

Puissent les quenelles être glissées jusqu’à effondrement total de ce système oligarchique,

Amicalement,

Une « élite » reconvertie apprenti quenellier.

 






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91 Commentaires

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  • #28030

    Je suis d’accord avec cet article

    Le pire c’est que ces diplomes ménent parfois voire souvent au chomage
    J’ai un double master et je n’arrive même pas a décrocher un entretien pour un emploi

    Vive les stages.....dans lesquelles on cotoie des quadra inamovibles tournant a 3000/4000 euros si ce n’est + pendant qu’on est exploité a 400 euros voire + pour les plus chanceux d’entre nous

    Courage

     

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  • #28056
    Le 29 juin 2011 à 19:58 par rachisdou
    Lettre de soutien d’un "apprenti quenellier" de Sciences Po

    J’ajouterai que bien souvent ces fabuleux diplomes conduisent au chômage
    J’en suis la preuve avec une double compétence en droit et management
    Je n’arrive même pas a obtenir un entretien pour un job

    Alors vive les stages....dans lesquels on cotoie des quadra inamovibles, bien rémunérés pendant qu’on "donne" tout et qu’on touche 400 euros voire + pour les + chanceux

    bref, courage

     

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    • #28087

      En France ce n’est pas le diplôme qui fait le salaire, la qualification. C’est la mention "grande école" qui t’ouvre la porte des réseaux. Pour réussir il faut du piston, du réseau et une "solidarité" entre anciens et nouveaux, la qualification passe après malheureusement.

       
  • #28118
    Le 30 juin 2011 à 00:34 par risitosdeoro
    Lettre de soutien d’un "apprenti quenellier" de Sciences Po

    Je crois que nous sommes nombreux dans ce cas, se trouvant acteurs du système dans le monde bancaire, du commerce international etc tout en étant "éveillés". J’ai également eu le droit à un cursus où critiquer l’UE, l’euro, ou la sécularisation des sociétés modernes relevait du blasphème. Après des "vacances" aux Etats Unis (en échange universitaire), et une fois les études terminées je me sens maintenant prisonnier du système. Il faut bien manger donc on a beau être "éveillé" ou non, il faudra servir le système pour continuer à vivre.
    Certains ont évoqué l’agriculture bio comme échappatoire, ça fait rêver, mais encore faut il avoir ses propres terres, le savoir faire, et la motivation, car pour les citadins c’est vraiment un autre monde.
    Cela fait maintenant plus d’un an que je suis E&R et je n’ai rencontré aucun sympathisant dans la vraie vie mais je vois qu’il y a des gens motivés ici. J’espère juste que l’on pourra s’organiser un jour et changer les choses, car débattre entre nous c’est bien mais ça serait mieux d’agir dans la réalité, c’est ce qui manque à E&R.

     

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  • #28129
    Le 30 juin 2011 à 01:30 par Ratatak
    Lettre de soutien d’un "apprenti quenellier" de Sciences Po

    Hum...

    Y at-il moyen de récupérer l’intégralité des cours de Sciences Po, histoire d’en faire une analyse (j’ose à peine dire une exégèse) ?

    Merci.

     

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  • #28329
    Le 30 juin 2011 à 21:37 par IronMaiden
    Lettre de soutien d’un "apprenti quenellier" de Sciences Po

    Salut à tous,
    Perso je suis en Gestion D’entreprises et d’Administrations (on nous forme pour devenir cadre sup) et je me remet souvent en question quant à ma carrière future... ça me déprime de voir la mentalité de tous mes amis et collègues... des fois j’ai envie de tout laisser tomber, de quitter ce milieu pourri... et encore je suis bien conscient que c’est loin d’être le pire !
    Je tiens moi aussi a vous (te.. ?) remercier mon cher Alain pour les lueurs d’espoirs que tu nous offre !

     

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    • #28361

      Soit "aware" lol, joue le canard avec ta hyerarchie quand il faut, preserve toi, fait du sport (boxe/salle de sport/etc..)++, cultive toi, mefie toi des amities trop rapide (surtout au taff), reste fidele a tes valeurs et principes,resiste a la consommation, evite la television,et tiens toi en au "feeling" et a ton instinct ;-) je suis dans le meme cas que toi et bosser des ds groupes internationaux ou evoluer a certain postes ca fait froid dans le dos,

       
  • #28459
    Le 1er juillet 2011 à 12:38 par Eisbär
    Lettre de soutien d’un "apprenti quenellier" de Sciences Po

    Alain,

    Comme je suis fier d’avoir dit "m...." (il y a bien longtemps) à mes examinateurs du BAC sensés sanctifier avec honneur mon passage dans cette affreuse machine à cultiver la soumission et la mort qu’est l’Education nationale. Comme je suis fier d’avoir fait, comme vous il me semble, ma culture classique en autodidacte.

    Sortir du système c’est refuser l’éducation et la soumission orchestrée par l’oligarchie via l’Ecole. Sortir de l’Ecole c’est un acte fondamentalement révolutionnaire.

    Parmi les nombreuses choses à brûler lors du grand soir, tous ces lieux de propagation de l’esclavage mental que sont les universités devront avoir la priorité pour toute avant garde qui se respecte.

     

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  • #28866
    Le 2 juillet 2011 à 18:37 par yassine Ali
    Lettre de soutien d’un "apprenti quenellier" de Sciences Po

    and

    Bonjour,

    avec le recul, l’IEP de Paris reste une occasion d’échanger des idées et de construire une conscience politique mais il faudrait pouvoir compléter avec une littérature dite subversive qui par principe, ne peut totalement être admise dans cette enceinte. Les étudiants y sont encore animés d’un certain sens du service public (promo 1999). Mais cela s’accompagne aussi d’un sentiment d’appartenance à un système, lequel est aujourd’hui affaibli par la crise identitaire et la critique croissante qu’il subit. En particulier, l’IEP n’est plus au service de la France, mais bien d’institutions (sociétés multinationales, organisations internationales, etc) qui trahissent sa philosophie fondatrice (le renouveau après la défaite de Sedan).

    Je retiendrais deux critiques principales envers cette institution :
    - on y forme des techniciens plutôt que des "chefs". or le chef est un humain meneur d’hommes au sens noble du terme alors que le technicien n’est que le spécialiste consciencieux d’un processus qui le dépasse. Conclusion, les gens formés à sciences-po ne sont pas la vraie élite puisqu’ils ne sont pas supposés capables de régénérer les processus. Ils sont au mieux officiers, pas chef de tribu. Le chef peut changer le totem, déplacer le camp ou le champ de bataille, inaugurer de nouveaux mécanismes, etc...Or, ce n’est pas la vocation de sciences-po en dépit de l’image qu’il cherche à projeter. Les chefs sortent des épreuves de la vie, pas des bancs d’écoles.
    - les enseignements sont quand même relativement superficiels et courts (d’où l’intérêt d’une formation complémentaire en université), les prérequis y sont considérés acquis (d’où l’avantage de départ des gens de bonne famille), un certain nombre d’outils dialectiques (comme la logique ou l’épistémologie, la méthode de recherche, etc) n’y figuraient pas (à l’époque en tout cas). Or ce sont là des outils indispensables à toute réflexion indépendante. Ce n’est donc pas l’objectif principal du cursus dispensé.

    Mais à tout prendre, l’IEP reste une formation intéressante (surtout si elle est précédée d’une formation scientifique et complétée par une formation universitaire ce qui peut paraître exigeant !!!).

    En tout cas, conquérir l’IEP (surtout Paris) est un défi à relever et il passera par la production d’une littérature adéquate et la mise au pas intellectuelle de certaines escroqueries qui y ont pris racine. Aux armes citoyens ! Formez vos bataillons !

    Bien à vous

     

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  • #30204
    Le 7 juillet 2011 à 18:34 par clement
    Lettre de soutien d’un "apprenti quenellier" de Sciences Po

    excellente lettre, ca me fait dire que d’en haut ou d’en bas, les ecoles ne sont plus la pour eveiller notre sens critique, le bon sens, et la verité... courage
    merci E etR

     

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  • #33447
    Le 25 juillet 2011 à 19:59 par Thibaud
    Lettre de soutien d’un "apprenti quenellier" de Sciences Po

    Euh je suis aussi à Sciences Po, j’avais lu Soral quand j’étais en Première, Terminale et j’ai largement dépassé une fois que j’ai fait de la philo... comme de plus en plus d’élèves de Sciences Po maintenant j’ai un passé scolaire qui n’est pas du tout celui de cette "élite". Lycée très mauvais dans le 94, trois ans de prépa lettres-histoire, ça a bien marché, je titille l’ENS deux fois, je rentre à Sciences Po en recherche, en tant que boursier... Bon après je ne dis pas le contraire, des gros cons riches de droite idiots et parisiano-centrés à Sciences Po, il y en a quelques-uns, mais il me semble qu’ils forment une proportion qui décroit. En tout cas dans mes camarades il y avait plus d’élèves ayant déjà eu une formation universitaire avant l’IEP.
    La plupart des élèves intelligents, de recherche ou d’ailleurs, ont lu Chomsky, connaissent un peu l’œuvre de Bourdieu, Foucault, Fanon, Rancière, Jorion... Ils connaissent l’histoire sur le moyen terme, les belles idéologies de la Troisième République, et sur un plus long terme, embrassant l’ensemble de l’histoire humaine. Et ils n’ignorent pas les philosophes plus classiques. La mobilisation existe aussi chez nous, les galères aussi (hé oui, mais peut-être Rafael est-il gosse de riche ?), et la sociabilisation des luttes sociales aussi. Le FN et les complotistes souvent actifs ici servant les intérêts des très riches (regardez ce qui choque Rafael : pas les inégalités et la violence d’État et des États pour les masquer ou empêcher leurs réparations, mais "l’inévitable (sic) spirale de la dette" !), de la répression, de l’écran de fumée sécuritaire,

    Ce qui m’a frappé à l’IEP c’est de m’y être engueulé avec un gros con d’ambassadeur et d’y avoir vu parader des politiciens qui se donnaient des airs, et qui refusaient tout dialogue. C’est de m’être frotté à des abrutis de droite sûrs d’eux car sûrs d’être à l’abri, refusant également un dialogue poussé et affirmé par des chiffres (sur les retraites par exemple) ou, quand ils étaient insultants, une confrontation physique pour aller au bout de leur démarche...
    Rafael, si tu es à l’IEP l’an prochain, fais signe, on se croise et on discute, j’espère te faire voire en quoi tu es dans le faux et milites (si tu milites) dans le mauvais sens.

     

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    • #59700
      Le Octobre 2011 à 12:30 par Holodomor
      Lettre de soutien d’un "apprenti quenellier" de Sciences Po

      C’est marrant, j’ai commencé par la philo, bien avant la terminale, puis ensuite naïvement à la fac (avant de me rendre compte qu’on y faisait tout sauf de la philosophie, mais ça c’est une autre histoire ...) et j’ai découvert Soral bien plus tard. Bizarrement j’ai plutôt l’impression que ce sont beaucoup d’auteurs pompeux et verbiants qui sont largement dépassés par l’accessibilité, malgré l’importance et l’étonnamment singulière teneur, du discours d’un Alain Soral ...

       
  • #43772
    Le 7 septembre 2011 à 16:02 par Microme
    Lettre de soutien d’un "apprenti quenellier" de Sciences Po

    A l’attention des étudiants en IEP (ou ex),

    Cette demande pourrait paraître étrange, insensée, mais vos réponses m’aideront (probablement) à faire face à l’empire et à grossir les rangs de la Résistance.

    Je suis actuellement lycéen, en classe de Terminale littéraire. Mon dessein a toujours été de rejoindre les "prestigieux" I.E.P. (j’entends par là, de passer le concours commun afin d’intégrer un IEP de province) Seulement, est-il possible de réussir tout en restant insoumis à l’idéologie dominante ?

    Depuis toujours, l’Education Nationale me dégoûte au plus haut point. Malheureusement, il est impossible de réussir (sauf cas de génies) sans elle.

    Il me reste donc une année pour me préparer et assurer mon avenir. Je ne saurais me lancer dans la vie sans la moindre sécurité.

    Ma demande est donc la suivante : J’appelle chacun à entretenir un contact avec moi, dans le but de me rassurer, pourquoi pas de m’aider sur le chemin de la Résistance. Comment réussir, tout en refusant la soumission ? L’avez-vous seulement vécu ? Comment avez-vous préparé l’épreuve tout en étant "conscient" ? Ce sont ces questions que j’aimerais vous poser, quenelliers de Sciences Po.

    A tous, merci.

     

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