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Libye : « désastre humain » lié au bombardement de la « Grande rivière artificielle »

Kadhafi aurait-il dit juste en mettant en garde en avril dernier contre « un désastre humain » si son projet pharaonique de « Grande rivière artificielle » était touché par les bombardements aériens de l’Otan.

Les faits semblent malheureusement lui donner raison ... même si l’ONU tente de modérer l’ampleur des conséquences, politiquement correct oblige ... car si les « prédictions » de Kadhafi se concrétisaient ... population et opinion internationale pourraient se retourner contre les membres de la coalition, leurs frappes pouvant être considérées comme étant à l’origine du désastre ...

« Les pénuries d’eau dans Tripoli sont graves mais ne sont pas critiques », a ainsi tenu à rassurer le coordinateur humanitaire de l’ONU en Libye, Panos Moumtzis, estimant que les craintes d’un désastre humanitaire imminent n’étaient pas fondées.

Quant aux craintes d’un désastre à moyen terme .... « Fournir de l’eau à quatre millions de personnes à Tripoli et dans diverses régions du pays reste la priorité la plus importante et la plus urgente pour les agences humanitaires, mais la situation est sous contrôle », a-t-il par ailleurs précisé.

Rappelons qu’une grande partie des deux millions d’habitants de Tripoli n’ont plus d’eau courante depuis près d’une semaine, le conflit ayant perturbé le système qui alimente la capitale avec de l’eau puisée sous le désert à des centaines de kilomètres au sud.

L’ONU et d’autres organismes ont entrepris d’importer 11 millions de litres d’eau potable pour faire face à l’urgence, tandis que les services techniques tentent de remettre le système en marche le plus rapidement possible.

Précisons que ce projet de Great Manmade River (GMR) extrait de l’eau de la nappe phréatique enfouie sous le Sahara en vue de l’acheminer à travers le désert vers les villes côtières dans laquelle se concentre l’essentiel de la population. Défini sur 25 ans, de 1985 à 2010, il devra à terme permettre le transfert de 6,5 millions de m3 d’eau par jour, soit 2 milliards par an, pour un investissement global de 33 milliards de dollars.

En avril dernier, le chef du projet, Abdelmajid Gahoud, avait mis en garde contre un « désastre humain et environnemental » si l’infrastructure était touchée par les raids aériens. Des propos prononcés dans la salle de contrôle ultra-moderne du site implanté dans la banlieue sud de Tripoli, devant une cinquantaine de correspondants de la presse étrangère conviés par les autorités.

Selon M. Gahoud, trois conduites de gaz, de pétrole et d’eau, sont enfouies tout au long de 400 km de route menant de Benghazi à Syrte, territoire où se déroulaient alors l’essentiel des combats, les forces de Kadhafi essuyant les tirs des raids aériens de l’Otan.

Or si l’on en croit le chef du projet, en cas de dommage survenant sur un des pipelines, les autres conduites pourraient être impactées, mettant en péril l’approvisionnement en eau potable de 4,5 millions de Libyens et l’irrigation nécessaire pour aller vers la voie de l’auto-suffisance alimentaire du pays.

L’eau provient de nappes aquifères situées à grande profondeur (500 à 800 m) sous le désert, qui sont ensuite pompées sur le parcours d’une rivière artificielle constituée d’une canalisation souterraine géante qui traverse le pays de part en part du Nord au Sud sur plus de 3000 km.

Ce projet, programmé sur 25 ans est le fruit de la volonté de Mouammar Kadhafi, mené avec l’aide de technologies importées de la Corée du Sud (via la société Dong Ah), il absorbe la moitié du budget de la Libye. Il est considéré comme le second chantier au niveau mondial par son importance et son coût.

La première phase représente 85 millions de m³ d’excavation et a été mis en eau le 28 août 1991. La seconde phase est intervenue en septembre 1996.

À noter que les premières études de faisabilité du projet GMR ont été confiées à une société anglo-américaine, Brown & Root Overseas Limited, filiale de Halliburton, que dirigera à partir de 1995 Dick Cheney, ancien vice-président américain.

Mais la Libye puise également dans des nappes souterraines fossiles situées à certaines de ses frontières, s’approvisionnant ainsi dans les réserves aquifères des pays voisins (Algérie, Niger, Tchad et Égypte). D’où un risque important d’abaissement du Fezzan et du Nil ainsi que de leurs nappes aquifères que pourrait engendrer des pompages excessifs.

 






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