Egalité et Réconciliation
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On se suicide plus dans la police qu’à France Télécom

Les chiffres montrent que la pression tue plus chez les forces de l’ordre que chez l’opérateur.

Les projecteurs mis sur France Télécom ont mis dans l’ombre un drame pourtant constant : celui des suicides dans la police. Selon le Syndicat national des officiers de police, il s’agit du milieu professionnel le plus touché de France. Le taux de suicide y est deux fois plus important qu’à France Télécom : on atteint 35 pour 100 000 salariés parmi les forces de l’ordre contre 16 pour 100 000 employés de la téléphonie. Avec de plus en plus de policiers qui se donnent la mort sur leur lieu de travail.

"Bien sûr, l’arme de service rend plus facile le passage à l’acte, témoigne Marcel Maunier, 57 ans, retraité de la police ayant terminé sa carrière à la Bac à Marseille et président de l’association Défense Police. Comme dit un collègue avec de l’humour noir, nous, on ne se manque pas. Mais cela ne doit pas masquer la pression que nous subissons."

Une manière de dénoncer un autre "management de la terreur" que celui à France Télécom. "Je disais souvent avec les collègues que nous vivions dans la peur. Mais pas celle des voyous. Celle de la hiérarchie." La "culture du résultat" et la religion du chiffre ferait des ravages chez les policiers. "J’avais un ami, même s’il avait des problèmes de santé, il se mettait la pression tout seul avec les consignes des commissaires, détaille Marcel Maunier. À la fin, il a craqué et il s’est flingué." Et, comme les syndicalistes, il met en avant les exigences "sans contrepartie" de la hiérarchie. Et sans véritables moyens. "On nous demande de lutter avec efficacité contre la délinquance mais nous en avons pas les moyens. Alors, nous, à la base, nous sommes confrontés à la colère de la population. Cela c’est dur à vivre."

"On encaisse trop"

Comme ces heures supplémentaires qui ne sont plus payées et ces longues heures en mission loin du domicile familial. "Avant, quand on savait qu’il y aurait des compensations, c’était plus facile à faire admettre à son épouse ou son conjoint. Maintenant, c’est une source de conflits dans les foyers." Il se souvient des promesses non suivies d’effets quand il a pris son service à pied lors des chutes de neige le 7 janvier. Au total, cela crée un cocktail tragique pour ceux qui ne peuvent plus encaisser. "En plus, un policier c’est plutôt quelqu’un de docile, qui respecte la hiérarchie, obéit aux ordres et ne se rebiffe pas. Alors, il encaisse, il encaisse et quand l’injustice est trop grande, il choisit une terrible "porte de sortie".

Du côté du ministère de l’Intérieur, on affirme que le nombre de suicides est plutôt en baisse cette année. 35 contre 44 à la même époque l’année dernière et 47 en 2007.