Cet entretien est éclairant et reposant, parce que mené par un homme contenu et maîtrisé, qui évite l’écueil de mettre en scène sa propre parole, qui n’interrompt pas le flux de pensée de son invité, et ne propose pas un énième modèle de monologue narcissique à deux : Paul Verbeke est un intervieweur classique, dont on peut saluer l’élégance.
Alors que la démonisation du fascisme occulte sa compréhension objective, Jérôme Bourbon parvient à en extraire la substantifique moelle, loin des représentations hystériques : avant d’être un modèle de gouvernance, le fascisme est une modalité d’être-au-mode anti-individualiste reposant sur un sens du devoir et une discipline du service à la nation : contrairement au régime démocratique, l’État fasciste prône le dépassement des égoïsmes de classe et des revendications partisanes au bénéfice du bien commun. L’idée que le je œuvre pour le nous et que l’être intime soit organiquement subsumé sous son appartenance à l’être collectif, sont des marqueurs fascistes que les démocraties qualifient de populisme autoritaire. Jérôme Bourbon nous explique comment Maurice Bardèche redonne ses lettres de noblesse au fascisme :
I ] Le fascisme : un populisme aristocratique
1- Défense de la justice sociale
Il me semble que le fascisme puise sa source dans la dictature égalitaire des mouvements ouvriéristes, donc dans le socialisme originel qui, las d’être mis en échec par la démocratie de marché, a développé une résilience adaptative sectaire. Le fascisme eut des ancêtres et des continuateurs :
Rosa Luxembourg et le combat contre l’accumulation du capital par la grève générale au début du XXIème siècle
le Vélasquisme péruvien de la fin des années 60
le Sandinisme nicaraguayen de la fin des années 70
le rocardisme de la fin des années 80, tué dans l’œuf par Francisque Mitterrand
le Chavisme vénézuélien de la fin années 90
2- Rejet de la falsification démocratique
Le fascisme veut abolir à la fois la démocratie et la domination monarchique de classe : la dévolution des intérêts ouvriers se fait à une aristocratie du devoir contre les spoliations de l’aristocratie d’argent. Le suffrage démocratique est l’imposture qui occupe le peuple à désigner les serviteurs du politique, au lieu de reconnaître ses représentants historiques.