Egalité et Réconciliation
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Qu’en est il du projet d’indemnisation des Juifs du Maroc par l’Allemagne ?

Un an et demi est passé depuis que la Claims Conference déclarant la décision d’indemniser les juifs du Maroc qui furent restreints dans leur droit à la libre circulation. Une requête fut adressée dernièrement au bureau israélien de cette institution de fournir des détails sur le sort de milliers de demandes faites par des sexagénaires. Toutes les tentatives de la part des intéressés d’avoir des nouvelles concernant leur revendication à l’indemnisation sont restées sans réponses. Á ce jour il semble que personne n’a été dédommagé.

Dès la publication dans la presse de ce projet d’indemnisation trois historiens israéliens, Michael Laskier de l’Université de Bar Ilan et Yaron Tsur de l’Université de Tel Aviv, spécialistes de l’histoire du Maroc contemporain et de sa communauté juive et moi-même professeur à l’Université de Paris VII, nous nous étions adressés, le 15 septembre 2011, à Hen Yurista, directeur du bureau israélien de la Claims Conference pour lui demander de réviser l’accord avec le gouvernement allemand concernant l’indemnisation des Juifs marocains persécutés pendant la guerre ou de l’annuler. Dans un courrier qui lui fut envoyé, nous développèrent les raisons précises pour lesquels cet accord était, à notre avis, incompatible avec la réalité historique et négligeait les personnes qui avaient été incontestablement discriminés sans pourtant être dans les critères d’indemnisation.

Selon les déclarations du directeur de la Claims Conference il n’existe aucun accord particulier avec le gouvernement allemand concernant « la shoah des juifs du Maroc ». Son bureau israélien a juste demandé d’inclure le Maroc dans les accords existants relatifs aux juifs d’Europe qui n’ont pas été déportés. En outre il précise que le seul critère valide pour le droit à l’indemnisation ne repose que sur celui de la "restriction au droit de circulation" pour les Juifs nés au Maroc nés jusqu’au 31/08/1943

Nous avions affirmé qu’« il est important de noter, que ce critère est incompatible avec la réalité historique des Juifs du Maroc pendant la guerre. Nous voulons en préciser les éléments essentiels :
- Le terme « Shoah des juifs du Maroc » est inexact et trompeur. En aucun cas il n’y a eu de Shoah au Maroc. Au contraire le Maroc a servi de refuge à de nombreux juifs fuyant l’Europe. En outre quelques centaines de Juifs de nationalités étrangères ont été envoyées dans les camps de travail par les Français vichystes à Bou Arfa mais de là à parler d’extermination la différence est grande. De toute façon aucun juif marocain n’a été déporté du Maroc vers les camps de la mort. L’utilisation de ce terme porte atteinte au terme de Shoah et risque d’encourager des attitudes négationnistes.

- Il y a eu des persécutions contre les juifs du Maroc pendant la guerre mais la restriction au droit de circulation n’était pas la discrimination la plus importante mais plutôt la plus marginale. Ce n’est pas l’occasion d’énumérer ici les décrets (dahir) discriminatoires dont ont souffert plusieurs juifs du Maroc, signés par le roi Mohamed Ben Youssef sous la pression du résident général Charles Noguès, représentant du gouvernement de Vichy au Maroc. Mais il est évident que de nombreux juifs du Maroc ont été discriminés et ont perdu leur emploi et leur statut professionnel, surtout dans les professions libérales : médecins, avocats, experts comptables, artistes et fonctionnaires. Cette discrimination était douloureuse et blessante mais le gouvernement allemand et la Claims Conference ont préféré totalement l’ignorer.

- Le gouvernement allemand a accepté la requête de la Claims Conference d’indemniser, après si longtemps et par des sommes dérisoires, les juifs du Maroc nés jusqu’au 31/8/1943 considérés comme discriminés dans leur droit à la circulation suite à un dahir (décret) qui n’a pratiquement pas été appliqué. Cette atteinte au droit à la circulation est bien moins cruciale par rapport aux nombreux Juifs qui ont perdus leur emploi ou de jeunes élèves juifs chassés des écoles françaises conformément au décret du numerus clausus.

- Cette décision est pour le moins surprenante et soulève plusieurs questions : Pourquoi gouvernement allemand a décidé d’adopter ce critère et non pas ceux qui reflètent la situation réelle au Maroc ? Pourquoi tant de publications de la part de la Claims Conference incitant les juifs originaires du Maroc à remplir des formulaires de requête bien qu’il soit évident que selon le critère en question n’est concernée qu’une infime quantité de juifs ? Est-ce de cette manière que l’Allemagne et ses anciens alliés pendant la guerre pensent calmer leur conscience, après si longtemps, tout en dédaignant les faits historiques ?

- Tenant compte de ces arguments, nous pensons que la décision du bureau israélien de la Claims Conference est une décision erronée et insoutenable, bien que décidée de bonne foi. Etant donné qu’à votre avis il n’est pas possible d’exiger un dédommagement collectif en faveur d’oeuvres humanitaires il est souhaitable que vous révisiez votre décision. Une indemnisation, même très tardive, pourrait être positive, mais elle nécessite de revoir ses critères et de les adapter à la réalité des faits et actes subits par les juifs du Maroc pendant la guerre ».

Les juifs marocains seront ils indemnisés ou ce ne fut qu’une fausse alerte de la part de la Claims Conference ?

 






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