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Quand The Economist remet en cause son soutien à l’euro

par Laurent Pinsolle, porte-parole de DLR

Depuis deux ans que dure la crise de la zone euro, si l’hebdomadaire britannique a toujours été très critique à l’égard de la politique suivie par l’Union Européenne, il est toujours resté un soutien farouche à la monnaie unique. Une tribune publiée vendredi semble indiquer une vraie inflexion.

Un véritable revirement

C’est la chronique Charlemagne du 7 avril qui marque un changement de tonalité dans le discours de The Economist. Jusqu’à présent, le journal défendait mordicus l’euro en affirmant qu’il suffisait de mettre en place des euro obligations, de mutualiser les dettes ou d’augmenter les moyens du FESF pour permettre à la zone euro de sortir de la crise dans laquelle elle est enfermée depuis plus deux ans, d’où une critique sévère des dirigeants qui ne prennent pas les bonnes décisions.

Outre le fait que l’on peut fortement contester le fait que la mise en place d’euro obligations permettrait de résoudre quoique ce soit à la crise de la zone euro, The Economist fait un virage radical. Pour eux « L’histoire est remplie d’unions monétaires qui se sont rompues. Pourquoi pas l’euro ? Si ses fondateurs avaient prévu la tourmente actuelle, ils ne se seraient peut-être pas aventurés dans une telle union monétaire, ou en tout cas, pas de cette manière ».

The Economist soutient que « les Etats endettés pourraient se lasser de la dévaluation interne. Les Etats créditeurs pourraient vouloir arrêter de soutenir les autres. Et les 17 membres de la zone euro pourraient hésiter devant la perte de souveraineté impliquée par le sauvetage de l’euro ». Pour eux, « un processus concerté augmente les chances de sauver de ce démontage les autres grains de l’intégration européenne, notamment le marché unique ».

Pourquoi un tel revirement ?

La raison de cette remise en cause de la monnaie unique vient de l’examen des études présentées au Policy Exchange, un think tank britannique proche du Parti Conservateur, qui va décerner un prix au meilleur plan de sortie de l’euro. The Economist revient sur les travaux de Jonathan Tepper, dont je vous avais parlés fin février. Cet économiste a donc étudié la fin de 69 unions monétaires au 20ème siècle. Il soutient que « dans presque tous les cas, la transition a été douce ».

Il faut rappeler ici que les travaux d’autres universitaires, de Berkley, Princeton ou de l’université de Berlin démontrent exactement la même chose, à savoir que la fin d’une union monétaire est quelque chose de banal dans l’histoire économique du dernier siècle, que les processus de démontage sont parfaitement connus, qu’il est donc parfaitement possible de décrire précisément le mécanisme de sortie et, mieux, que cela relancerait la croissance des pays européens.

Bien sûr, les partisans de la monnaie unique opposeront les scénarios de la banque ING ou de l’institut Montaigne. Mais il est tout de même frappant de constater que ces scénarios ignorent totalement les expériences du passé, comme si elles gênaient leur démonstration. Les travaux remarquables de Jonathan Tepper et des autres participants au concours du Policy Exchange démontrent une rigueur analytique bien supérieure à celle des groupies de la monnaie unique.

Non seulement la sortie de l’euro est souhaitable, mais elle est possible. On sait parfaitement comment démonter une union monétaire et cela serait encore plus facile en Europe, où les monnaies nationales ont déjà existé. Et cela permettrait de relancer la croissance.

 






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5 Commentaires

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  • #134460
    Le 12 avril 2012 à 22:57 par Seth
    Quand The Economist remet en cause son soutien à l’euro

    ouai... sans vouloir etre binaire, je trouve ca suspecte de se faire donner des conseils sur la politique monnetaire par des britanniques !

     

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    • #134506
      Le Avril 2012 à 01:06 par goy pride
      Quand The Economist remet en cause son soutien à l’euro

      Justement ! C’est très probablement l’effet désiré ! Maintenant quand tu dis à quelqu’un qu’il faut sortir de l’Euro il pourra répliquer que tu fais le jeu des anglo-saxons ! La stratégie de la reverse psychology !
      N’oublions pas que le gogo lambda croit que l’UE a été conçu pour faire contre-poids aux Américains, de ce fait faire dire à des Américains et leurs alliés anglais qu’il faut sortir de l’euro va automatique se transformer en argument pour ne pas le faire !

       
    • #134731

      ce serait diablement pervers, mais interessant

       
    • #134792
      Le Avril 2012 à 00:25 par joseph
      Quand The Economist remet en cause son soutien à l’euro

      je crois que l’Empire n’est pas près de renoncer à l’Euro : tout au contraire, un Euro perpétuellement cher favorise le dollar américain et même la Livre sterling...je vois bien émerger deux ou trois euros : un pour les pays du Nord ( Allemagne, France, Hollande, Belgique...) et un euro bis pour les pays plus faibles( Espagne, Portugal, Grèce...)
      de cette façon, les banques continueront à tondre la zone euro bis sans entraver la compétitivité de la zone A...
      c’est logique car dans ce monde-ci de la finance abstraite, les pauvres financent les riches !!

       
  • #134787
    Le 14 avril 2012 à 00:03 par Atlantis
    Quand The Economist remet en cause son soutien à l’euro

    l’"euro" n’est PAS une monnaie unique. faut appeler un chat un chat. il y a DES euros. un euro français, un euro allemand, un euro grec (que ce soit en monnaie papier ou électronique) ... les banques centrales et la BCE font en sorte qu’un euro allemand aie le même pouvoir d’achat qu’un euro grec (tout est tracé) mais c’est tout. Et la dette de la gréce est libellée en euro grecs : si ils sortent de ce jeu idiot en appelant un euro grec une drachme, ils peuvent anéantir leur dette en jouant de l’inflation (et idem pour les autres pays). Ce dont sont bien conscient ceux qui ont prêtés à la Grèce et finalement acceptent qu’elle fasse défaut sur (pour l’instant) 70% de sa dette. Parce que le risque c’est que si la grèce sort de l’euro et montre le chemin, tous les autres pays vont le faire aussi et les préteurs vont se retrouver à poil.

     

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