Le 11 septembre 2001, la face du globe changea de façon permanente. En quelques heures, après la destruction du World Trade Center (WTC), le monde bascula dans un nouveau paradigme. La parenthèse de la « fin de l’histoire » de Francis Fukuyama venait de se refermer. L’Oncle Sam repartait en guerre, cette fois contre le terrorisme et les États qui lui étaient associés, à tort ou à raison.
Il s’agit d’un événement historique majeur. Pourtant, l’interprétation des faits survenus ce jour-là est encore loin de faire consensus. Lors de sa propre campagne présidentielle, Robert F. Kennedy Jr., aujourd’hui secrétaire à la San- té et aux Services sociaux des États-Unis, publiait sur X : « En tant que président,je ne prendrai pas parti sur le 11 Septembre ni sur les autres débats. Mais ce que je peux promettre, c’est que j’ouvrirai les dossiers et inaugurerai une nouvelle ère de transparence. » (5 juillet 2024)
C’est que la thèse officielle voulant que l’attentat ait été entièrement orchestré par Al-Qaïda comporte tellement d’incohérences qu’il faut une certaine dose de foi – ou de désintérêt – pour l’accepter en bloc.
Malheureusement, chez les sceptiques, c’est souvent le capharnaüm. Ils sont nombreux à défendre des thèses parfois mutuellement exclusives, sans réaliser que leur position en devient intenable. À cela s’ajoutent les hurluberlus qui mêlent mille et un dossiers et en viennent à impliquer aussi bien les reptiliens que les Illuminati, et Dieu sait qui d’autre encore. Tout cela nuit évidemment à la crédibilité des approches alternatives.
Laurent Guyénot, auteur du récent Comprendre le 11-Septembre, ne tombe pas dans ces travers. Il commence par exposer la thèse officielle, en soulignant son impossibilité – ou, à tout le moins, sa profonde improbabilité – avant de présenter les théories alternatives, en en exposant les forces et les faiblesses. Il rappelle qu’il ne s’agit que de théories et qu’il est impossible de trancher définitivement en l’absence de toutes les pièces du puzzle. Cette retenue est probablement l’un des aspects les plus convaincants de son livre. Avec Guyénot, on n’a pas l’impression de lire un mystique conspirationniste, enfermé dans son sous-sol, persuadé de détenir toute la vérité.
La version officielle a sérieusement du plomb dans l’aile. Il est difficile d’imaginer que le gouvernement américain s’entête à la marteler s’il n’était pas impliqué, d’une manière ou d’une autre. Les incohérences sont trop nombreuses, et même Oussama ben Laden a toujours nié toute responsabilité dans ces événements. Il y a aussi tous ces détails techniques, comme l’impossibilité de l’effondrement d’un édifice de cette taille uniquement à cause d’un incendie.
Alors, que s’est-il réellement passé ce matin-là ? Pour l’essayiste, il s’agirait d’un attentat sous faux drapeau (loin d’être le premier, comme il le rappelle à l’aide d’exemples historiques connus et reconnus), résultant de la combinaison de deux forces : les Américains, qui auraient orchestré l’attaque contre le Pentagone, et les Israéliens, qui, ayant eu vent du complot américain, auraient pris tout le monde de court en parasitant le premier attentat et en s’en prenant au WTC. Les Israéliens et leurs complices au sein de l’administration Bush auraient ainsi évité toute rétorsion, n’étant pas les seuls à avoir été mouillés dans l’affaire.
Pourquoi des acteurs du Deep State auraient-ils agi contre leur propre pays ? Pour justifier une guerre en Afghanistan, qui était déjà envisagée depuis un certain temps. Quant au réseau israélien, son objectif était d’entraîner les États-Unis dans un conflit contre les ennemis d’Israël, en jouant sur le patriotisme américain – ce qui fut accompli avec l’invasion de l’Irak en 2003.
Bien que généralement convaincante, la thèse de Guyénot demeure une hypothèse. On ne saura probablement jamais la vérité, d’autant qu’une partie de l’opposition à la version officielle semble avoir été délibérément dévoyée afin d’en saboter la crédibilité.