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Saisie par l’armée libanaise d’armes à destination de la Syrie

La saisie par l’armée libanaise, samedi dans le port de Tripoli – plus exactement à Selaata -, sur un bateau battant pavillon (« complaisant ») sierra-léonais, de trois containers d’armes – mitrailleuses lourdes, lance-roquettes, obus et explosifs – en provenance de Libye ne constitue pas en soi un surprise et une nouveauté », le Liban étant connu pour être une, voire même la plaque tournante du trafic d’armes à destination des rebelles syriens.

Mais c’est la médiatisation donnée à l’affaire qui fait sens. Tout le monde, en Occident et ailleurs, sait, et parfois dit que l’ASL et autres bandes sont fournies en armement via la Turquie, l’opposition libanaise, la Libye CNT, le tout étant financé largement par le Qatar et l’Arabie séoudite.

Mais cette réalité, comme d’ailleurs tout ce qui contrevient aux exigences de la propagande anti-Bachar, est généralement passée sous silence en Occident, ou assorti d’un conditionnel décrédibilisant. Pourtant certains militants libanais de l’opposition Hariri ont déjà été pris la main dans le sac. Mais la nécessité de conserver le fragile équilibre politique du pays a dissuadé jusqu »à présent le gouvernement de Beyrouth, de tendance pro-syrienne, d’exploiter ce genre d’affaires.

Là, les responsables militaires libanais ont donné une certaine publicité à l’affaire, qui, pour l’heure, n’implique officiellement que le Libyens. Il s’agit évidemment d’embarrasser un maximum d’acteurs périphériques de ce genre de trafics, et nul doute qu’un Saad Hariri, soutien proclamé et actif de la rébellion syrienne, doit se sentir, au moins provisoirement, dans ses petits souliers.

Si les médias français ont rendu compte de l’incident, ils ont préféré le noyer au milieu d’autres événements relatifs à l’actualité syrienne. Cette saisie médiatisée d’armes libyennes fait en effet désordre à un moment où nos analystes, journalistes et politiques répètent obstinément que la violence et le recours aux armes est essentiellement et fondamentalement le fait du régime.

L’ASL s’essaie aux opérations navales

La violence du régime est défensive, comme viennent de le redire Russes et Chinois. Samedi, dans le secteur de Damas, dix « déserteurs » ont été tués dans des combats, dans la région d’Idleb notamment, avec l’armée. Et puis, petite nouveauté tactique dans la chronique de la guérilla, une tentative de débarquement, dans la nuit de vendredi à samedi, d’un groupe rebelle venu de Turquie a échoué près de Lattaquié. Plus précisément à Borj Islam, à une dizaine de kilomètres au nord du centre de Lattaquié, et à proximité d’un palais présidentiel.

L’opposition présente l’incident comme la répression d’une tentative de désertion de 30 soldats et officiers. Mais du côté du gouvernement, et pour l’agence Arabi-Press, c’est bien d’une tentative d’infiltration par mer qu’il s’est agi : les rebelles, arrivés à bord de canots pneumatiques, et essentiellement équipés de fusils d’assaut type Kalashnikov, ont attaqué un poste de l’armée, près d’un lotissement de chalets au lieu-dit al-Raid al-Arabi. Dans les tirs qui ont suivi, trois soldats ont été tués, et cinq autres blessés.

Le commando, repoussé, s’est en quelque sorte évaporé et samedi matin des unités de la marine syrienne ont inspecté cette parte du littoral. Est-il besoin de préciser que Borj Islam n’est qu’à une trentaine de kilomètres, à vol de mouette, de la frontière turque ? On verra si l’ASL, même équipée et soutenue par le gouvernement Erdogan, se risque à répéter ce genre d’opérations « navales ».

Mais c’est essentiellement à l’intérieur des terres que le terrorisme continue de sévir : à Alep, près du village de Tal Sahour, un accrochage entre soldats et insurgés a fait trois morts et deux blessés samedi dans les rangs des militaires, deux activistes étant tués. Dans le secteur d’Idleb, à Kafr Oud, une autre attaque a causé la mort de deux militaires, un lieutenant étant blessé.

En outre, quatre militaires sont morts accidentellement au sud d’Alep en transportant une caisse d’explosifs. Sur un plan moins strictement « militaire », le cadavre mutilé de Hanan Ismaïl, fils du président de l’ordre des vétérinaires de Syrie, a été découvert samedi, au village de Bektyan, entre Idleb et Alep, avec ceux de deux autres civils, Walid al-Ahmad, un cadre syndical paysan, et Mohammad al-Amoud, ouvrier électricien : les trois hommes avaient en commun d’avoir été enlevés par des groupes armés cette semaine.

Et ce dimanche 29 avril, 14 militaires ont été portés en terre : un lieutenant-colonel, un commandant, un sous-lieutenant, un sergent-chef, trois sergents, sept hommes du rang, tombés à Lattaquié (voir plus haut), Homs, Idleb, et dans la banlieue de Damas.

La veille, ce ne sont pas moins de 22 membres des forces de l’ordre qui étaient enterrés en plusieurs cortèges. Soit deux lieutenant et quatre hommes de la police, victimes de l’attentat-suicide d’al-Midane à Damas. Plus deux adjudants-chefs, un sergent-chef, deux sergents, deux caporaux, six conscrits, deux policiers et un employé civil, tués en service dans les secteurs d’Idleb, d’Alep, de Homs et de Damas. Soit, en 48 heures, pas loin de 40 militaires et policiers pour qui, à jamais, le cessez-le-feu du 12 avril restera une clause de style.

 






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