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"Si nous devions choisir entre Daech et Assad, nous prendrions le premier" : les priorités d’Israël

ISIS « est autoproclamé génocidaire par son idéologie, et ses actes » – Secrétaire d’État, John Kerry

« Si nous devions choisir entre ISIS et Assad, nous prendrions le premier » – Ancien ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Michael Oren, maintenant membre de la Knesset

 

L’International Association of Genocide Scholars [Association internationale des chercheurs sur les génocides] a accusé Daech de génocide contre les musulmans chiites, ainsi que contre les Yazidis et les Kurdes au Moyen-Orient. Les Knights of Columbus [Chevaliers de Colomb] ont exprimé leur inquiétude concernant les tentatives de l’organisation militante sunnite d’éliminer les chrétiens de son califat en Syrie et en Irak. Le secrétaire d’État John Kerry a dénoncé Daech pour sa nature génocidaire, qui s’est exprimée, comme il dit, « par ses proclamations, son idéologie, et ses actes ». Toutefois, si on donnait à l’État d’Israël (qui pour justifier son existence invoque abondamment le génocide antijuif nazi) le choix entre Daech et Assad, il préférerait le premier. Tout au moins, c’est ce que disait l’ancien ambassadeur israélien et membre de la Knesset, Michael Oren, et son point de vue semble être partagé par le courant principal de la pensée stratégique israélienne. Shimon Peres, quand il était président d’Israël, avait anticipé Oren en disant qu’il espérait que les rebelles syriens — dominés par al-Qaïda et leurs progénitures — gagneraient.

La branche officielle d’al-Qaïda en Syrie, Jabhat al-Nusra, en coordination avec les militaires israéliens, contrôlent le plateau de Golan et le territoire situé le long de la frontière syrienne avec l’Israël. Les forces militaires israéliennes disent être arrivées « à une entente » avec ce groupe, que Washington et ses alliés officiellement condamnent comme terroriste, et a une « familiarité » avec les forces d’al-Qaïda « sur le terrain ». À en croire les déclarations d’officiels militaires israéliens, l’alliance Israël-al-Qaïda serait « extrêmement tactique ». Cela n’a pas échappé à l’attention du gouvernement de Damas. Le président syrien Bachar al-Assad a déclaré aux Affaires étrangères [Nous présumons du Canada – NdT] que les Israéliens « soutiennent les rebelles en Syrie ».

« C’est très clair, parce que chaque fois que nous faisons des avancées, ils lancent une attaque pour affaiblir l’armée. C’est évident et c’est pourquoi certains en Syrie plaisantent en disant "comment pouvez-vous dire qu’al-Qaïda n’a pas d’armée de l’air ? Ils ont l’armée de l’air israélienne" ».

« Des éléments sunnites… contrôlent entre deux-tiers et 90 % de la frontière située sur le plateau de Golan, mais n’attaquent pas Israël » dit Amos Yadlin, ancien directeur du renseignement militaire israélien, notant que les militants d’al-Qaïda « comprennent qui est leur véritable ennemi » et « ce n’est pas Israël ».

Des paramédicaux israéliens « patrouillent le long de la frontière et soignent les blessés qu’ils rencontrent. Une fois leurs blessures examinées, certains sont cousus et traités sur place, d’autres transportés à un hôpital de campagne pour une chirurgie de base et leur rétablissement, ou s’ils ont besoin de chirurgie importante, ils sont envoyés au Centre médical Ziv, dans la ville israélienne de Tsflat, à une heure de là environ ». De 2013 à 2015, 1 500 militants sunnites ont traversé la frontière d’Israël pour bénéficier de traitements médicaux. Certains, sinon l’essentiel d’entre-eux, étaient de la branche syrienne d’al-Qaïda.

Ainsi, si l’Israël n’est pas le vrai ennemi d’al-Qaïda, comme dit Yadlin, qui le serait alors ? Et pourquoi ?

 

L’axe de la résistance

«  Il n’y a aucun doute que le Hezbollah et l’Iran sont les menaces principales contre Israël, beaucoup plus que les islamistes sunnites radicaux… » – Amos Yadlin.

Le philosophe Thomas Kapitan maintien que la question du conflit israélo-palestinien peut être posée en termes occidentalo-arabes, puisque Israël a été créé et soutenu au Moyen-Orient par l’intervention occidentale. En même temps, il peut être posé en termes de conflit occidentalo-islamique, puisqu’il comporte l’implantation d’un État juif étranger au cœur du monde islamique.

J’argumenterais que l’Iran ressent le conflit comme occidentalo-islamique, la Syrie comme occidentalo-arabe et le Hezbollah les deux. Les perspectives de ces trois protagonistes qui composent « l’axe de la résistance », sont anti-impérialistes, anticolonialistes, et antisionistes, bien qu’ils soient arrivés à ces positions depuis trois points de départ différents. Le fil conducteur qui lie cette alliance est politique, pas religieuse. Comme Anne Barnard du New York Times l’explique, « alors que le Président Bachar al-Assad et beaucoup de chefs des organes de sécurité appartiennent à la secte alawite, liée au chiisme, ils se considèrent comme des alliés de l’Iran et du Hezbollah, pour des raisons stratégiques et politiques, de manière laïque et non pas religieuse »

Le fil politique conducteur qui lie l’alliance est l’opposition au sionisme, c’est à dire, l’hostilité à l’idée qu’un État juif s’implante sur un territoire volé aux Palestiniens — en grande partie musulmans — qui ont été expulsés de chez eux. Le soutien à l’autodétermination palestinienne est le thème politique central de l’Axe de la résistance.

La constitution syrienne stipule son hostilité à un État juif exclusiviste construit sur le territoire palestinien volé, et cela dans le contexte de référence à l’intervention coloniale de l’Occident dans le monde arabe. Le préambule de la constitution déclare que la Syrie est « le cœur battant de l’arabisme, la ligne de front dans la confrontation avec l’ennemi sioniste et le socle de la résistance contre l’hégémonie coloniale envers le monde arabe et ses capacités d’épanouissement ».

L’opposition iranienne au sionisme n’est pas moins déterminée, mais est mal interprétée à l’Ouest comme une menace militaire enracinée dans la xénophobie anti-juive. Mais comme Glen Kessler du Washington Post l’explique, le guide suprême Ali Khamenei d’Iran « a été cohérent, énonçant à plusieurs reprises que le but n’est pas la destruction militaire de l’État juif, mais la défaite de l’idéologie sioniste et la dissolution d’Israël par un référendum populaire »

Selon Khamenei :

« La proposition de la République islamique en vue de résoudre le problème palestinien et guérir cette vieille blessure, est une initiative claire et logique basée sur des concepts politiques admis par l’opinion publique mondiale… Nous ne proposons pas de lancer une guerre classique avec les armées des pays musulmans, où les juifs immigrés seraient jetés à la mer… Nous proposons la tenue d’un référendum par la nation palestinienne. La nation palestinienne, comme n’importe quelle autre nation, a le droit de déterminer sa propre identité et d’élire son système de gouvernance ».

Le Hezbollah a été crée en 1982 pour repousser l’invasion israélienne du Sud du Liban, récupérer le territoire libanais non encore rendu par Israël (les fermes de Shebaa) et préserver le pays de futures agressions israéliennes ; il est également engagé à promouvoir l’autodétermination palestinienne. Son but, expliqué par son secrétaire-général Sayyed Hassan Nasrallah : « est de renverser le projet sioniste », c’est à dire le démantèlement de l’appareil État sioniste établi sur le territoire volé et fondé sur le déni de l’autodétermination palestinienne. Atteindre ce but, selon le Hezbollah, signifie le retour aux propriétaires légitimes palestiniens de « toute la Palestine… de la mer (Méditerranée) au fleuve (Jourdain) ».

Le Front populaire pour la libération de la Palestine (PFLP), une organisation palestinienne de résistance, joue un rôle petit mais important dans l’Axe de la résistance. Il considère que le conflit arabo-sioniste ne peut être résolu ou mené à bout par une solution à deux États, mais seulement par la mise en place d’une démocratie laïque sur tout le territoire de la Palestine historique, où tous les citoyens seront égaux. Le but historique du FPLP est de promouvoir un seul État démocratique en Palestine. Ahmed Saadat, le secrétaire-général du FPLP emprisonné, dit que le conflit au Moyen-Orient ne peut être résolu que par la création d’un État commun des Palestiniens et des juifs. De manière significative, le FPLP, une organisation laïque et marxiste, est en grande partie financée par l’Iran, démentant la fiction que l’Axe de la résistance est fondé sur des liens religieux, plutôt que politiques antisionistes, voire anticolonialistes.

Le projet de démantèlement de l’appareil d’État sioniste en Palestine est analogue à la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Ce projet antisioniste n’est pas plus antijuif, ni ne préconise la destruction des juifs, que la lutte anti-apartheid contre les blancs ne visait la destruction de la communauté d’origine coloniale européenne en Afrique du Sud. Au cœur des deux réside le combat anticolonial et pour l’autodétermination des peuples autochtones.

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