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Stallman, inventeur du logiciel libre : "Le téléphone portable, c’est le rêve de Staline devenu réalité"

Depuis plus de trente ans, Richard Stallman fait la promotion du logiciel libre et pourfend la domination d’Apple, Microsoft, Google et les autres géants du Net, amateurs de logiciels propriétaires et d’une exploitation savante des données de leurs utilisateurs. On a profité de son dernier passage à Paris pour échanger avec lui sur la surveillance généralisée et la fin de notre monde numérique, qu’il imagine pour bientôt.

 

Dans la grande mythologie de l’informatique moderne, l’Américain Richard Stallman, 64 ans, se classe sans hésitation au rang des icônes. Pensionnaire de Harvard et du prestigieux MIT dans les années 1970, il initie dans les eighties le mouvement du logiciel libre avec sa licence GNU, puis en créant la méthode « copyleft », qui s’oppose à la notion de « copyright ». L’anecdote est connue : c’est en voulant réparer une imprimante dans son laboratoire que le jeune Richard réalise qu’il est impossible d’accéder et de modifier le pilote – le programme – de la machine, verrouillé par le fabricant Xerox. Il décide alors de partir en croisade contre ces logiciels propriétaires, fermés, qui limitent et entravent la liberté des utilisateurs.

[...]

« Bon OK, vous voulez parler de quoi ?, lance-t-il soudainement. Moi, en ce moment, je veux parler de la surveillance généralisée, du flicage, qui a naturellement un lien avec la question du logiciel libre. J’ai 45 minutes ». Dans le même élan, il pose une horloge sur la table. Et nous demande de le tutoyer. Alors on s’exécute.

 

 

Usbek & Rica : Plus de trente ans après le lancement du système d’exploitation GNU/Linux et l’émergence du logiciel libre, quel bilan dresses-tu de ce mouvement ? As-tu le sentiment d’avoir gagné la partie ?

Richard Stallman : Le projet de créer un système d’exploitation libre date de 1983. Et aujourd’hui, on a le système GNU qui fonctionne avec le noyau Linux. J’ai un ordinateur dans lequel il n’y a aucun logiciel privateur, que du logiciel libre. Donc, c’est possible ! Voilà où nous en sommes. Sur les ordinateurs portables, nous avons plus ou moins gagné la bataille. Des entreprises vendent même des machines avec des logiciels libres pré-installés pour les non-experts. Maintenant, le problème central se situe ailleurs, avec les téléphones portables, les tablettes, ce genre d’équipements où tout est privateur et injuste. Les téléphones portables vous fliquent en permanence. Je refuse de les utiliser. Ils ont des portes dérobées, des failles vouées à les transformer en dispositifs de surveillance. C’est la vérité nue.

 

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Jo, un appel pour toi...

 

Pour moi, le téléphone portable, c’est le rêve de Staline devenu réalité. C’est pire encore que sur un ordinateur : les données de conversation sont conservées. Et ici, en France, il n’y a plus de protection des utilisateurs. Avant, la France avait un système admirable de protection des données, mais c’est fini : tout a été saccagé avec l’état d’urgence. On est dans même situation qu’aux États-Unis après le 11 septembre 2001. Après des attentats, l’attaque suivante porte systématiquement contre nos libertés individuelles, et moi j’essaie d’appeler les gens à résister. Mais je n’ai pas beaucoup réussi jusqu’à présent, je dois le concéder.

[...]

Ces révélations ont-elles vraiment permis de changer quelque chose sur la question de la surveillance ?

Ah oui ! Totalement ! Ça a été un changement important. Le Congrès a même adopté un projet visant à diminuer légèrement le flicage, pas de beaucoup mais quand même... Cela démontre aussi la puissance du mouvement anti-surveillance aux États- Unis. Beaucoup d’organisations sont mobilisées sur ce sujet, comme la ACLU (Union américaine pour les libertés civiles) ou l’EFF (Electronic Frontier Foundation). Personnellement, l’affaire Snowden m’a incité à me pencher encore davantage sur la question de la surveillance.

Je dénonçais déjà depuis longtemps les logiciels privateurs qui fliquaient : Windows, MacOs, IOS, le système monstrueux des portables d’Apple, Flash Player, ou bien encore Amazon et son avidité de données. Le Kindle d’Amazon, par exemple, c’est un vrai outil de flicage. Aux États-Unis, on utilise l’expression « Amazon swindle », c’est-à-dire « l’escroquerie Amazon », parce qu’Amazon flique totalement ses utilisateurs, enregistre tout. Ce n’est pas possible ça !

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La technologie du divertissement cache l’outil de surveillance oligarchique,
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