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Syrie : des groupes islamistes prennent un poste frontière stratégique avec le soutien d’Ankara

Le village syrien de Kassab, adossé à la frontière turque et situé dans la province de Lattaquié, est tombé aux mains de groupes islamistes entre samedi et dimanche. Cette opération menée conjointement avec la Turquie a conduit les habitants en majorité arméniens à fuir.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (proche de l’opposition) a indiqué que le 24 mars, les « rebelles » avait pris le contrôle du point de passage de Kassab. Ce point de passage était l’un des deux derniers postes frontières avec la Turquie que contrôlait encore l’armée loyaliste. Le cousin du président syrien, Hilal al-Assad, qui commandait l’Armée de défense nationale à Lattaquié, a été tué dimanche dans les affrontements.

L’attaque, appuyée par un barrage d’artillerie de l’armée turque, a été lancée le 21 mars dernier par des milliers de combattants du Front al-Nosra et de deux autres groupes islamiques radicaux (dont l’un est composé essentiellement de Turkmènes), à partir du territoire turc et des hautes montagnes de Lattaquié. La Turquie a donc apporté un soutien militaire précieux à la « rébellion » en soutenant aussi bien logistiquement que militairement l’offensive dans le nord de la province à majorité alaouite. L’aviation turque a d’ailleurs abattu un avion de combat syrien de type Mig-23, qui pilonnait les colonnes rebelles. Pour se justifier, Ankara a annoncé que l’appareil avait violé l’espace aérien turc.

Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO), affirme :

« Les rebelles n’ont pas besoin de passer par ce poste frontière pour faire venir des armes et des munitions, ils traversent facilement par les collines boisées du Djebel turkmène plus au sud. La prise du poste frontière n’est qu’un prétexte, nous sommes face à une stratégie d’épuration ethnique à l’égard de la population arménienne de Kassab. »

Le Monde (24 octobre 2012) rapportait d’ailleurs les propos d’un combattant rebelle confirmant cette analyse :

« Je préviens nos frères arméniens à Kassab : qu’ils partent avant l’offensive de l’Armée syrienne libre, sinon ils vont avoir des pertes civiles et encore se plaindre d’un génocide perpétré par des Turcs. »

Kassab était jusqu’alors le seul village arménien de l’ancien Empire ottoman situé hors des frontières de la Turquie actuelle. En effet, sur les quelques 5 000 habitants des cinq villages du canton, deux tiers sont arméniens. Le dernier tiers est composé d’Alaouites, la communauté du président syrien Bachar Al-Assad.

 






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