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Une femme voilée met le feu à l’Assemblée

Les députés UMP sont très remontés contre le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, à qui ils reprochent d’avoir laissé une jeune femme voilée assister aux débats parlementaires.

Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a le don, ces temps-ci, d’agacer les députés UMP. Après avoir validé la demande socialiste d’une commission d’enquête sur les sondages élyséens, Accoyer a été vivement critiqué ce mardi par ses collègues pour avoir laissé une jeune femme voilée assister aux débats de l’hémicycle.

Le 12 novembre dernier, un groupe de jeunes s’installe dans les tribunes de l’Assemblée. Parmi eux, une jeune fille arbore "un voile encadrant strictement le visage et descendant jusqu’au genou", précise la députée du Nord, Françoise Hostalier. "Elle était très remuante, on ne pouvait pas l’ignorer", ajoute l’ancienne secrétaire d’Etat aux affaires scolaires.

"Assis et découvert" ?

Deux orateurs, le Nouveau Centre François Rochebloine et Philippe Goujon, interviennent en séance pour exprimer leur surprise. L’article 8 de l’Instruction générale du Bureau, sorte de règlement applicable aux visiteurs, ne stipule-t-il pas que "le public admis en séance se tient assis et découvert" ? "Je suis donc allée voir les huissiers pour savoir si la jeune femme était entrée ainsi vêtue à l’Assemblée, raconte Françoise Hostalier. Ils m’ont répondu avoir respecté les consignes de la présidence de l’Assemblée. Mais comment une chose pareille peut-elle intervenir dans le temple des valeurs républicaines, dont l’un des piliers est la laïcité et l’autre l’égalité entre hommes et femmes ?" Très critiqué, Bernard Accoyer s’est d’abord défendu par écrit. Dans une lettre adressée à ses collègues, il précise : "La prescription de se tenir ’découvert’ n’a pas été écrite pour le contexte actuel : elle remonte à une époque où la déférence due à la représentation nationale voulait que l’on retire son couvre-chef dès lors que l’on assistait à la séance publique."

Voile contre coiffe bretonne ?

Et le président de l’Assemblée d’ajouter : "Opposer cette disposition au port de tenues ayant la signification d’une appartenance religieuse lui donnerait une portée qu’elle n’avait pas à l’origine, dans un domaine où nous nous devons d’agir avec la plus grande circonspection, précisément dans ces lieux qui sont au coeur de la démocratie."

Le message n’a guère convaincu les députés UMP, qui étaient encore très remontés ce mardi matin. Il est vrai qu’en pleine mission parlementaire sur la burqa, l’affaire fait désordre. Le député de l’Ain Michel Voisin a assuré qu’en 2000 une religieuse catholique avait été contrainte d’enlever son voile pour monter en tribune, tandis que l’aumônier militaire qui l’accompagnait se délestait de sa grosse croix en bois.

Françoise Hostalier, elle, n’en démord pas : elle réclame que l’article 8 soit modifié pour que hommes et femmes ne puissent porter de couvre-chef. "La France est très attendue sur cette question des signes religieux ostentatoires, il faut poser des jalons. Sinon, quel message enverra l’Assemblée nationale à ces femmes qui dans le monde osent braver les autorités de leur pays au prix de leur liberté, voire de leur vie ?"

En l’absence de réponse claire de Bernard Accoyer, la députée se dit prête à manifester avec ses collègues féminines. Elles ont déjà prévu de venir dans l’hémicycle avec les couvre-chefs de leurs terres d’élection...