Tareq Oubrou sur France Culture
7 août 2012 18:02, par arkhamianJe suis tombé sur l’émission en écoutant France Culture (au milieu de 15 bouses on tombe toujours sur quelque chose de pas mal, voir une pépite). J’ai été agréablement surpris par l’interview de ce monsieur, qui semblait s’amuser calmement et intelligemment des questions très mal posées par la journaliste. Je l’ai entendu dire des choses intéressantes et posées. Comme le fait qu’il n’a, en tant qu’intellectuel, théologien, et même faisant partie de différentes instances, qu’un simple rôle de conseil pour les fidèles. Que ceux qui veulent le suivre le peuvent et que les autres sont autant dans leur bon droit. Ca m’a paru sincère, honnête, impartial.
Le fait aussi qu’il parle d’une nécessité de modernisation : limiter la religion à la sphère privée, dans un monde ou bien souvent les musulmans ne sont pas majoritaires, ni en nombre, ni du point de vue des lois en vigueur, et où leur revendications entrent en conflit avec des valeurs collectives voulues plus "libérales".
Cela me paraît soulever un fait majeur de l’islam : l’inexistence de clergé organisé et hiérarchisé, mêlée, paradoxalement, à la prétention de cette religion à régler les moindres faits et gestes de la vie quotidienne. L’adhésion collective et l’observance individuelles semblent du coup relever de personne et tout le monde à la fois. D’où l’existence d’un certain nombre de "marqueurs" qui permettent l’évaluation sociale de cette observance : port du voile, prière plusieurs fois par jour à heure fixe, tabous alimentaires (pas de porc, ramadan) etc... Beaucoup de maghrébins me disent être naturellement un peu "parano", et je pense que cette organisation religieuse et sociale n’y est pas pour rien.
Secondairement, ces "marqueurs" peuvent aussi être un instrument de prosélytisme, dans le sens où celui qui ne les arbore pas n’est pas un "bon" pratiquant, et subit des pressions latentes et collectives ( je pense qu’à ce sujet, l’existence d’un clergé institutionnalisé en occident oriente les luttes libertaires vers des institutions et non des voisins de pallier, mais c’est un autre sujet). Ceci pourrait expliquer la réticence quasi instinctive des français non musulmans envers ces pratiques, ainsi que l’origine de ces pratiques. C’est juste une réflexion au passage, je ne prétends pas détenir la vérité.