Le mythe fondateur du sionisme commence par une négation radicale du peuple palestinien en tant que réalité physique, culturelle et politique : " une terre sans peuple pour un peuple sans terre ". Plus qu’une expression destinée à vendre le projet sioniste à la communauté internationale, ce slogan-programme annonce déjà le sort que réserve le mouvement sioniste aux Palestiniens. Le 11 octobre 1961, devant la Knesset, Ben Gourion déclare : " Les Arabes ont quitté les régions assignées à l’État juif… immédiatement après le vote de la résolution de l’ONU [le plan de partage de 1947] Et nous possédons des documents explicites témoignant qu’ils sont partis de Palestine en suivant les instructions des leaders arabes, mufti en tête, qui affirmaient qu’à la fin du mandat [le 15 mai 1948], les armées arabes d’invasion détruiraient l’État juif et jetteraient les Juifs à la mer, morts ou vifs. "
Cet argument a récemment été repris par Arnaud Klarsfeld dans un article au Monde en y ajoutant le petit détail qui fait les grands mensonges, à savoir que les dites " instructions " ont été données sur les ondes de la radio.
Ce mensonge d’État intervient en réponse à un article retentissant de Erskine Childers, publié dans le Spectator du 21 mai 1961, sous le titre " L’autre Exodus ", où l’auteur fait états de ses recherches dans les archives radios de la BBC au British Museum de Londres et qui infirment catégoriquement l’existence de tels appels.
Childers, ainsi que Walid Khalidi qui mena un travail parallèle et plus approfondi sur le sujet, concluent tous deux que les raisons de cet exode massif de toute une nation sont à chercher ailleurs. Ben Gourion avait toutes les raisons politiques et personnelles pour étouffer cette affaire puisqu’il était à la tête de l’Agence Juive qui a élaboré et suivi l’exécution du " Plan D. "