Ce qui me frappe dans ce psychodrame c’est qu’il marque un tournant brutal.
Fini le temps ou Nouréev en pleine gloire et fuyant l’URSS, choisissait Paris et le Général de Gaulle pour obtenir la nationalité française.
Finies les années 1920 où toute une génération de russes patriotes se réfugiait à Paris ou ailleurs en France dans l’attente de regagner un jour leur patrie.
Depardieu accomplit l’exacte symétrie, son départ marque le début d’un exode, l’histoire marche désormais vers l’EST.
Il fuit un pays asservi par une caste cosanguine dégénérée, rongé par des doryphores, trahi par de fausses élites qui bradent ses reliques.
Il part se régénérer auprès de cette ame slave qui a résisté à 72 ans de communisme. Peut-être reviendra t-il un jour quand la France renaitra ?
Un poeme déchirant d’Aragon me monte au cœur, il rappelle une autre France humiliée :
Ma patrie est comme une barque
Qu’abandonnèrent ses haleurs
Et je ressemble à ce monarque
Plus malheureux que le malheur
Qui restait roi de ses douleurs
Vivre n’est plus qu’un stratagème
Le vent sait mal sécher les pleurs
Il faut haïr tout ce que j’aime
Ce que je n’ai plus donnez-leur
Je reste roi de mes douleurs
Le coeur peut s’arrêter de battre
Le sang peut couler sans chaleur
Deux et deux ne fassent plus quatre
Au Pigeon-Vole des voleurs
Je reste roi de mes douleurs
Que le soleil meure ou renaisse
Le ciel a perdu ses couleurs
Tendre Paris de ma jeunesse
Adieu printemps du Quai-aux-Fleurs
Je reste roi de mes douleurs
Fuyez les bois et les fontaines
Taisez-vous oiseaux querelleurs
Vos chants sont mis en quarantaine
C’est le règne de l’oiseleur
Je reste roi de mes douleurs
Il est un temps pour la souffrance
Quand Jeanne vint à Vaucouleurs
Ah coupez en morceaux la France
Le jour avait cette pâleur
Je reste roi de mes douleurs.
Richard II Quarante extrait du Creve Cœur.