Ce gaspillage est absurde, mais ce n’est pas parce que cette nourriture est jetée qu’il y a de la famine dans le monde. On produit visiblement plus que ce que la planète peut manger, le problème c’est que pour accéder à cette nourriture abondante, il faut de l’argent. Alors que nos ancêtres cultivaient pour manger (les cultivateurs étaient les consommateurs de leurs produits), nous cultivons pour vendre (les cultivateurs ne sont plus les consommateurs de leurs produits). Pour manger, il fallait autrefois produire de la nourriture. Aujourd’hui il faut produire de l’argent pour acheter de la nourriture. Il n’est pas étonnant alors de voir l’urbanisation se poursuivre partout sur Terre (75% de la population mondiale vivra en ville dans quelques années, selon le film "Home"). La productivité élevée fait qu’il n’y a plus besoin que de très peu de producteurs de nourriture, alors il ne reste plus au reste du monde qu’à essayer de produire de l’argent en ville pour pouvoir acheter cette nourriture. Cela est valable même pour les gens qui vivent sur des terres fertiles et sous un climat idéal. Les gens ne savent plus et ne peuvent plus produire de la nourriture pour eux-mêmes, ils doivent entrer dans l’économie. Laquelle n’a jamais bien fonctionné partout et de manière durable. Pas même pendant ne serait qu’un demi-siècle. Croire qu’un jour nous aurons une économie qui fonctionnera bien, partout, et pour toujours, alors que ça n’est jamais arrivé, c’est sacrément audacieux. Cette croyance est un plus grave problème que ce gaspillage. Bien sûr éviter ce gaspillage permettrait de mettre en place des béquilles contre la misère ici et là, mais le problème principal serait toujours là. Une situation où une partie de la population mangerait grâce aux poubelles des supermarchés serait évidemment loin d’être idéale.