Beau courrier, merci Eylau / Sofian.
Au sujet de la responsabilité individuelle des actes de son groupe d’appartenance, j’aimerais apporter ma petite pierre à l’édifice de la pensée ici. Il me semble que moins que responsables, nous sommes symboliquement liés, nous représentons, les actes de notre groupe d’appartenance. Inutile donc de culpabiliser. Par contre, dénoncer, déplorer et se battre contre ceux qui souille l’image de son groupe, c’est essentiel.
Cela dit, la culpabilité a un rôle bénéfique ici car elle permet de dénoncer les exactions de son groupe d’appartenance. Alors oui, moi aussi je me sens honteuse de la politique de la France au Moyen-Orient. Et je ne l’assume qu’à moitié (assumer dans le sens de prendre ses responsabilités) car les dirigeants à la tête de la France ne représentent pas le peuple de France auquel je fais partie. Quand ça éclatera, je sais de quel côté je serai ! Le côté négatif, c’est que la culpabilité stérile, sans sublimation, ne permet pas de construction intelligente d’identité nationale, or seule la fierté de ses racines, s’en revendiquer, les assumer, permet de bâtir un beau pays, avec un peuple sain et fort affectivement.
Je reviens à la représentation de moi-même à travers mon groupe d’appartenance : la honte que je peux ressentir envers la politique étrangère de la France, c’est le côté face de la fierté que je tire de mon pays aussi.
J’apporte ma propre contradiction, que je sens poindre à la tête de ceux qui me lisent : attention c’est un gros bémol : j’exclue les exactions de l’histoire passée de mon groupe d’appartenance. Je ne m’en sens ni coupable, ni responsable, ni même la représentante. Pourquoi ?
1 : D’abord et avant tout : par mauvaise foi. Et je l’assume. Construire une histoire commune valorisante est essentiel à la survie de la nation et de l’identité politique.
2 : les enjeux sont trop nombreux, l’Histoire n’a pas encore été tirée au clair.
Enfin et seulement en 3 : l’avant mai 68 est tellement différent qu’il est difficile de s’en revendiquer aujourd’hui.