Le président a déclaré avoir l’intention de saisir le conseil constitutionnel de la question de la conformité à la "constitution" de la loi sur le renseignement.
Cette annonce est apparemment extravagante si l’on s’en tient à la tradition juridique française (qui n’aime pas le clowneries l’américaine). C’est le premier cas d’un président de la république usant de cette faculté. Personne n’a réagi mais au point ou nous en sommes de dégénérescence cérébrale, après quarante ans de cinquième république...
Mais cette déclaration dévoile l’art actuel de gouverner (de "gouvernance") à la française . Le président déclare ouvertement sans être contredit le Parlement, la "représentation nationale", élu traditionnellement par les citoyens, peut se tromper et que ses textes de lois sont suspects. C’en est donc archi fin de la suprématie législative, si certains pouvaient encore en douter. Les "lois" sont faites pour emmerder les citoyens, mais pas pour contraindre les grands apparatchiks au pouvoir. Il s’en remet donc à des caciques non élus et à une institution sécrétée par la nomenklatura régimiste dans la plus absolue indifférence. Toute les "conquêtes de 1789" et de l’histoire française moderne anéanties en une phrase. Bravo.
Il faut donc en tirer la conclusions suivante : le président qui reflète de manière ultra fine le système qu’il a pour mission de sauver du naufrage, n’est nullement désorienté et en perdition. Il a une direction. Ce mode de navigation est le suivant : gouverner délibérément et résolument contre le peuple et tout ce qui s’y rattache. Connaître ce que veut le peuple et aller contre. Aller contre tout ce qui a un rapport juridique ou politique avec le peuple, ses différentes hypostases, ses représentants, ses mouvement de foule, ses opinions, ses partis, tout. L’anti-france qu’il représente est aussi anti-populaire par essence et nécessité.
On peut résumer le hollandisme à cela : "le peuple ; c’est le diable".