Partie 1
Messan dit : « On sait aujourd’hui que les printemps arabes étaient une initiative britannique pour placer les Frères musulmans au pouvoir et ainsi affermir la domination anglo-saxonne sur le “Moyen-Orient élargi”. »
Ce projet avait également ses défenseurs parmi les Américains. Graham Fuller, ancien vice-directeur du National Intelligence Council de la CIA, a ainsi publié un article en 2002 dans la revue du CFR Foreign Affairs puis un livre en 2003, tous deux intitulés « The Future of Political Islam », dans lesquels il s’en faisait l’apôtre.
En 2003 aussi, la Rand Corporation, l’un des plus importants think tanks américains, publiait un rapport signé Cheryl Benad, « Civil Democratic Islam », dans lequel l’auteur s’opposait assez fermement aux Frères musulmans. Cela dit, il existe des points communs non négligeables entre les deux : 1. Graham Fuller lui aussi a officié de 1988 à 2000 au sein de la Rand Corporation ; 2. Le livre de Fuller comme le rapport de Benad ont tous deux été financés par la même fondation (Smith Richardson Foundation) liée au géant de l’industrie pharmaceutique Vicks ; 3. Tous deux s’accordent sur le fait qu’il faut modifier l’islam de l’intérieur pour le rendre soluble dans le mondialisme, ils divergent uniquement sur les moyens pour y parvenir : Benad pense qu’il faut favoriser les « musulmans » laïques, tandis que Fuller pense que ceux-ci manquant de soutien populaire, seuls les réformistes (façon Tariq Ramadan, Frères musulmans, Erdogan…) sont capables d’apporter un réel changement durable et profond. Pour la petite histoire, au début de son livre, Fuller remercie tous ceux qui l’ont aidé à l’écrire, et que pour beaucoup, dit-il, il considère comme des amis. Parmi les personnes citées figure Youssef al-Qaradawi.
Ce à quoi on assiste depuis le début des Printemps arabes n’est rien d’autre que la mise en œuvre de cette politique, avec des soubresauts qui reflètent les divergences qui existent au sein même des décisionnaires anglo-saxons.