Les USA derrière la révolution tunisienne ?
20 janvier 2011 22:34, par SouriyâmEn-dehors de cet aveu par Alliot-Marie des ratés de la realpolitik française, un autre fait semble indiquer que l’interprétation de Soral - qui voit une révolte spontanée devenir une révolution grâce une politique de laisser-faire de l’armée sous influence américaine, est la bonne Ce fait c’est le nom que l’on donne à cette révolution. "Révolution de jasmin". Ce nom recèle une double connotation.
1 - D’une part ce nom fait explicitement référence aux révolutions colorées, appelées aussi révolutions des fleurs, qui ont déferlé sur l’Europe de l’est, puis sur le Moyen-orient (révolution orange en Ukraine, des roses en Géorgie, des Tulipes au Kirghizistan, du Cèdre au liban, verte en Iran, ...) : cf article wikipedia
Ces révolutions qui s’inspirent de la Révolution des œillets de 1974 au Portugal ont toutes été pilotées directement des USA (Fondation Soros, National Endowment for Democracy, ...).
Divers leaders de ces révolutions des fleurs à l’est admettent d’ailleurs avoir été formé par les Américains, avoir reçu des fonds américains et avoir tous lu le manuel des ces révolutions qu’est l’ouvrage de Gene Sharp.
A ce sujet on regardera avec profit le reportage de Manon Loizeau (Canal +) de 2005 "les USA à la conquête de l’est" :
Vidéo du documentaire
2 - D’autre part la "révolution au jasmin" est le nom fleuri qu’a donné Ben Ali à son coup d’Etat "médical" contre Bourguiba de 1987. Etrange ironie. Est-ce la même que celle des Finlandais combattant les Soviètiques et qui appelèrent leurs bombes incendiaires artisanales des cocktails "Molotov" ? Mais l’on peut aussi se demander si cette ironie un peu sinistre nous vient bien de Tunisie, et non pas plutôt de la bêtise sans bornes de journalistes occidentaux, voire de quelque esprit un peu mieux armé mais encore plus mal tourné...
Un journaliste tunisien a revendiqué dans une dépêche Afp la paternité du nom mais sans expliquer pourquoi il avait repris le nom que Ben Ali avait donné à son coup d’Etat :
article Monde
Mais cela ne plaît manifestement pas à la plupart des Tunisiens, dont certains ont même constitué des comptes facebookpour s’opposer à la propagation médiatique de ce nom pour désigner leur révolution.
Un journaliste de Mediapart avait dès le 15 janvier, dans un court article, soulevé le problème du nom rejeté par les Tunisiens mais adopté par la plupart des rédactions françaises et occidentales.
Nommer ce qui est en train d’avoir lieu, c’est implicitement essayer d’y imposer une direction.
La violence des évènements récents de Tunisie ne semblent pas correspondre à ceux des révolutions colorées, où l’effondrement du régime se voulait pacifique du côté des manifestants - encore que les manifestants de la révolution verte iranienne aient déployé une certaine violence.
Par ailleurs, dans ces néo-révolutions, les foules plus ou moins grandes mises en jeu acceptaient de reproduire tous les gimmicks des révolutions colorées (T-shirts frappés d’un logo préparé avant les évènements, fleurs à la main, scènes hippies d’opposition pacifique, ...), ce qui n’est manifestement pas le cas de la Tunisie.
Il existe cependant un contre-exemple : celui des émeutes algériennes de 88 qui permirent notoirement aux généraux d’affaiblir Chadli Bendjedid avant de prétexter en 1992 de la victoire électorale probable du FIS pour s’emparer, avec l’assentiment tacite de certains politiciens français et américains, de la totalité du pouvoir et des bénéfices de la corruption et de la manne pétrolière qui les alimente.
Dans un pays qui, comme les autres pays du Maghreb (lire F. Burgat), connaît une très forte opposition islamiste et où un des enjeu principaux pour les révolutionnaires tunisiens sera d’intégrer cet islamisme (parti En-Nahda) dans le champ politique pour éviter ce scénario à l’algérienne et maintenir la cohésion nationale, condition nécessaire à la SOUVERAINETÉ NATIONALE et donc à une réelle démocratie, les USA sont probablement en train de se positionner pour remplacer la tutelle française sur la dictature de Ben Ali, par une tutelle américaine sur un néo-régime démocratique affaibli par des tensions internes du type Iraq. Ici l’affaiblissement interne ne pouvant venir de tensions ethniques (pas de berbères en Tunisie) ou religieuse (pas de minorités chrétiennes ou chiites notables), cet affaiblissement ne pourra venir que d’une menace extérieure (Algérie ou Libye) ou de la question de l’islamisme (hostile au sionisme et donc honni par USraël) et de la laïcité (qui est désormais le nom européen du "conflit des civilisations")...
Souhaitons que le courageux peuple tunisien sache éviter ces écueils !
Allah ou 3alm