Il faudra un jour expliquer à ceux qui veulent lire l’Ancien Testament à la lettre que l’Église catholique jusqu’à la Renaissance acceptait la science et estimait que, lorsque la Bible contredisait Aristote, Hipparque ou Ptolémée, c’était parce que sur les questions non religieuses elle reprenait seulement ce que croyaient les hommes auxquels elle s’adressait.
La Réforme reprocha donc à l’Église un manque de docilité à la lettre de l’Ancien Testament, et Luther explicitement, comme Calvin implicitement mais plus fermement, condamnèrent les théories de Copernic que la majorité de l’Église acceptait.
Une partie de l’Église commit la faute de se lancer dans la course au littéralisme ; le résultat fut la condamnation de Galilée, voulue par le parti dévot. En fait la condamnation de Galilée n’avait pas la portée qu’on prétend, mais elle fut utilisée pour ridiculiser l’Église en la faisant passer pour obscurantiste.
Après la Révolution l’Église se trouva malade : les tendances qu’en France on disait gallicanes et ultramontaines, toutes deux excessives et erronées, ne s’équilibraient plus, et l’Église, d’ailleurs infiltrée, réagit en se raporochant des positions ultramontaines, jusqu’à finir par présenter quelques traits de la caricature qu’en faisaient ses ennemis.
Les catholiques traditionalistes ou sédévacantistes, qui pour moi ont raison sur les questions spirituelles, sans le savoir tournent le dos sur les questions non spirituelles à la première quinzaine de siècles de leur histoire, par ce littéralisme vétéro-testamentaire qui ne prétend accepter la doctrine saint Thomas d’Aquin que pour en rejeter les principes. Ils adoptent en fait sur la lecture de la partie non spirituelle des Écritures la démarche qui est celle des pharisiens sur sa partie spirituelle.
À quand un catholicisme traditionnel qui acceptera aujourd’hui Poincaré, et aussi ce qu’il y a à conserver de Darwin ? Ce serait cela, êtte fidèle aux principes énoncés par saint Thomas d’Aquin.