Maurice Bardèche et l’autopsie des démocraties libérales
4 septembre 2023 19:45, par Le Corbeau et le Renardintéressant point-de-vue, mais que je ne partage pas (mais le libre-débat intégral est essentiel aux hommes virils). Je pense que l’Europe post-1945 n’est, précisément, plus démocratique. Elle est objectivement passée sous domination impériale (soviétique à l’est et américaine à l’ouest). S’il y a eu un moment de "démocratie bourgeoise" en France, c’est typiquement la Belle Epoque (1871-1914) et c’est une apogée de notre nation, et de l’Occident en général, à tous points-de-vue.
Evidemment que la démocratie est le paravent des forces de l’argent. Mais toute formation sociale est la cristalisation d’un rapport de production. L’Ancien Régime était la cristalisation du rapport de production féodal puis absolutiste classique. Ca n’avait rien d’un âge "héroïque". Les propriétaires du capital (foncier) y jouissaient au contraire d’une tyrannie institutionnalisée sur la société, et d’une puissance bien plus étendue sur les gens et les esprits. Les masses productives étaient totalement aliénées, y compris au plan civique, et ne pouvaient transmettre leur héritage. Le fisc, les droits banaux, les corvées et la mainmorte écrasaient 95% de la population, le reste se distribuant entre clergé et noblesse (et parmi eux, seule la très mince élite bénéficiait d’une vie confortable et chevaleresque).
Curieusement, Bardèche préfigure un peu les thèses de Fukuyama et Kojève, qui reprennent la théorie nietzschéenne du "dernier homme", une sorte de larve oclocratique vouée à ses bas instincts et à la consommation la plus médiocre, et que seule une élite virilo-scientifique pourrait régir. Mais c’est la pensée des fachos de Davos (qui se prend pour cette élite darwinienne).
Pour ma part, sur ce point, je reste ferme catholique roman et totalement opposé aux fascismes (de droite ou de gauche). L’erreur fondamentale provient de la pureté déçue : déçu par le monde, l’esprit fasciste veut le "purifier", le "régir" ou le "régénérer". Or, le monde est tel qu’il est, imparfait dans le bien comme dans le mal. Il n’y a pas de déception à avoir (ni à venger) car le salut est dans l’au-delà. Ici-bas, c’est on peut aspirer à la vertu classique (individuelle et civique) pour ne pas être trop aliéné. Et éventuellement la Foi, l’Espérance et la Charité. Quant au régime politique, un national-libéralisme (en brisant les cartels boursiers), imparfait mais réaliste, obtient ma préférence. Mais je m’illusionne peut-être...