RN parti de l’étranger. LFI parti des étrangers
Tu n’as plus rien à dire. Voilà le verdict. Tu es un meuble ancien dans une pièce repeinte à la hâte : décalé, grinçant, décoratif au mieux. Tes mots suintent la fatigue, ton regard trahit l’abandon. Tu croyais être en avance, tu es déjà en ruine. L’âge ne pardonne pas, surtout quand il frappe sans rides : c’est ton âme qui décrépit, pas ton visage.
Quant à la comédie politique, elle se joue sans toi, mais sur ton dos. Le parti du sang — celui qui prétend défendre le sol — n’a plus que les gènes pour slogan. Sa haine est importée, ses délires achetés en solde dans les bazars d’une vision rance. Il ne parle pas ta langue, il l’imite avec l’accent de ceux qui veulent se faire passer pour d’ici alors qu’ils rêvent d’ailleurs — ce monde merveilleux où l’identité se résume à ce qu’on ne te coupe pas.
En face, les pleureuses professionnelles jouent du violon sur les charniers de Gaza tout en laissant pourrir leurs propres vieillards dans les couloirs de l’hôpital. Leur cœur saigne à l’international, mais leur main ne se tend jamais vers la vieille dame qui crève seule dans un HLM de Seine-Saint-Denis. Ce n’est pas qu’ils détestent leur peuple — c’est qu’ils n’en ont pas. Ils lui préfèrent des ombres, des récits, des mythes de substitution. Leur patrie est de papier, leur compassion, sous-traitée.
Tu t’étais levé un jour ? Tu avais mis un gilet jaune. Tu avais crié. Et on t’a rangé. Droite extrême, beauf, complotiste, tout y est passé. Chaque rugissement de la plèbe est devenu, à leurs yeux, un grognement fasciste. Ils t’ont volé ta colère. Ils l’ont repeinte en brun pour mieux la faire taire.
Alors oui, tu es déjà vieux. Pas parce que le temps passe, mais parce que tu as abandonné le feu. Tu regardes le monde avec l’indifférence de celui qui s’est résigné à mourir sans bruit. Tu parles encore, peut-être, mais on n’écoute plus. Tu t’adresses à des spectres. Tu es l’écho d’une époque dissoute dans le ricanement des chroniqueurs.
Tu n’as plus rien d’intéressant à dire. Tu n’as plus rien du tout. Pas même la honte.