Combien d’entre nous sont prêts à remettre en cause dans leur vie voire dans leur esprit la logique de la contraception et de l’avortement qui sont avant tout un mode de vie, des habitus moraux et une logique utilitariste de l’existence qui touche aussi des cathos même moralement rigoureux.
Je veux bien accabler les nouveaux Ceaucescu, mais je n’ai pas vu beaucoup de résistance à la révolution sous-culturelle et sexuelle depuis les années 60. Certes, on peut comprendre et regretter ses erreurs et se convertir à un mode de vie radicalement différent, ouvert à la vie et pas seulement après la carrière et le confort. Ceci dit, sans ces décennies de complaisance, de complicité de la grande majorité de nos contemporains parmi lesquels je me compte avec ces moeurs, le choc actuel serait moins bien passé. Et pour le quitter, c’est comme remonter le courant d’un immense fleuve déchainé, la nature humaine livrée à elle-même. Thibon disait bien "ne croyez pas aux briseurs de règle qui vous parlent au nom de l’amour. Là ou la règle est brisée l’amour avorte."
Si on peut jeter son enfant à la poubelle depuis 75, protégé par la constitution sans grande résistance populaire, tout ce qui suit n’est plus qu’anecdotique.
C’est d’un vrai mea culpa personnel et d’une réforme personnelle et sociale dont nous avons besoin. Accabler des adulescents pervers parce qu’ils sont au pouvoir ne fera rien pour y parvenir, à mon avis. C’est à chacun d’entre nous d’y contribuer, mais cela sera long et douloureux. C’est en quittant les idées et les moeurs anarchistes de ma jeunesse et en découvrant la foi catholique que j’ai compris que je quittais la majorité et le consensus pour une petite minorité, le conflit et la contradiction avec le monde. Et cela n’a jamais été simple ni acquis.
J’ai choisi, je ne regrette rien, mais je n’oublie pas qui je suis et d’où je viens. Autrement dit, j’essaie de rester humble et lucide.
Que personne ne prenne ce propos pour une leçon de morale, c’est plus un aveu.