C’est avec un enthousiasme mêlé de joie que j’ai découvert l’interview de Rouillan sur E&R. Joie de courte durée, car presque immédiatement suivie de cette mise au point virulente et haineuse de l’intéressé qui, je l’avoue, m’a beaucoup déçu. Comme beaucoup, j’aurais souhaité voir se concilier mon respect pour le travail de E&R et pour l’action et l’engagement passés de Rouillan. Raté. Cette déception digérée, j’ai relativisé et tenté de comprendre. A qui avons-nous affaire ? A un homme de 60 ans qui a passé la moitié de sa vie en prison, dans des conditions souvent très dures. Sa liberté (très) conditionnelle n’a que 3 mois. Il porte un bracelet électronique, n’a pas le droit de sortir du département. Ses moindres gestes et paroles sont surveillés par des gens qui n’attendent qu’une occasion de le renvoyer en taule. Essayez juste de vous imaginer un instant dans de telles conditions. Posez-vous aussi la question de savoir si vous seriez prêts à payer un tel prix pour vos convictions politiques. Son discours, je le reconnais, comporte des analyses un peu datées, mais aussi d’autres très pertinentes. Sur E&R, il est indéniable qu’il est à côté de la plaque. Le jeune combattant anti-franquiste, profondément marqué par l’exécution au garrot de son compagnon Puig Antich, a parlé. Voilà. On peut le déplorer, et même s’en trouver blessé. Mais de là à vous livrer à ce véritable lynchage... "Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct." Ce sont les modérateurs qui le disent. Eh bien, on est servis ! Les insultes, aucun mal à les trouver. Les affirmations péremptoires, rumeurs et autres associations d’idées sans fondement non plus. Les arguments et le débat, on attend toujours. Je songe aux visiteurs "étrangers" qui vont venir sur le site et faire la comparaison entre ce qui est annoncé et ce qu’on lit dans les commentaires... Bonjour l’image. Au fond, ils se diront qu’il n’ y a pas une grande différence entre les sites des médias gouvernementaux et celui-ci. Et ce sera difficile de les contredire. Je regrette vivement et profondément, en lisant avec attention tous les commentaires, d’y avoir souvent croisé l’empire. Il y a encore du boulot.